Serge Savard se souvient

Décès d’Henri Richard

Depuis les États-Unis, Serge Savard a commenté le décès d’Henri Richard, son ancien coéquipier chez le Canadien de Montréal. Le n° 16, surnommé le « Pocket Rocket », est décédé vendredi dernier à l’âge de 84 ans des suites d’une longue maladie.

Depuis la fin de leurs carrières respectives, Serge Savard et Henri Richard se croisaient rarement. « On ne se rencontrait pas sur les terrains de golf. Il était à Laval, je suis à Saint-Bruno; ce sont deux pays différents. On se voyait parfois aux matchs du Tricolore, au Salon des Anciens, au Tournoi de golf du Canadien, raconte Serge Savard. Mais depuis trois ou quatre ans… C’est triste. Il était atteint d’alzheimer. Son état avait avancé, la situation s’était empirée. Il ne reconnaissait plus ses enfants. »

Serge Savard se souvient d’Henri Richard

Depuis sa mort, ils ont été plusieurs à demander à M. Savard de décrire le gagnant de 11 coupes Stanley, un « record qui ne sera jamais battu ». Au journal Les Versants, le Montarvillois répond qu’Henri Richard a connu une carrière incroyable. « Malgré sa taille, que plusieurs trouvaient trop petite, personne ne l’intimidait dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Henri Richard, c’est un joueur qui roulait à une seule vitesse; il jouait toujours à 100 %. Il était un athlète très rapide, un joueur d’équipe extraordinaire qui prêchait par l’exemple, un coéquipier idéal », de mentionner Serge Savard.

À la suite du départ d’Henri Richard, l’entraîneur-chef du CH, Claude Julien, a comparé Brendan Gallagher, l’un des attaquants actuels du club, à Henri Richard. Est-ce que Serge Savard partage cette comparaison? « Mais pas sur la production; Brendan Gallagher ne gagnera pas 11 coupes, n’accumulera pas 1000 points, et ne jouera peut-être pas 1000 matchs. Mais de par la taille, la fougue, le gars de caractère, oui, c’est une ressemblance qui a du sens », admet-il. En 20 saisons avec Montréal, M. Richard a enregistré 1046 points en 1259 duels.

Pour sa part, Serge Savard compare plutôt Dave Keon à Henri Richard. Keon, un ancien des Maple Leafs de Toronto, a évolué avec cette concession de 1960 à 1975. Il a terminé sa carrière dans la LNH au sein des Whhalers de Hartford. Au cours de son séjour dans la grande ligue, Keon a enregistré 986 points en 1296 parties. « C’était un joueur semblable à Henri. »

« Henri Richard, c’est un joueur qui roulait à une seule vitesse; il jouait toujours à 100 %. » -Serge Savard

Quand on lui demande quel souvenir précieux il conserve de son ancien coéquipier sur la glace, Serge Savard n’hésite pas à rappeler les deux buts d’Henri Richard lors de la finale de la Coupe Stanley contre Chicago, en 1971. « C’était le septième affrontement de la finale. On tirait de l’arrière en troisième période. Puis le but d’Henri nous a permis d’égaler la marque 2 à 2 et d’aller en temps supplémentaire. C’est aussi Henri qui a inscrit le but gagnant lors de cette période de prolongation, nous procurant ainsi la coupe Stanley. »

Dans sa chronique Henri et le printemps, parue samedi dans La Presse, Stéphane Laporte relate également cet épisode inoubliable de l’histoire du Canadien de Montréal.

Dans ce même texte, Stéphane Laporte écrit : « Ce sera celui qu’on oublie trop souvent. Si le hockey était du cinéma, Henri Richard serait le meilleur rôle secondaire de tous les temps. Le Joe Pesci de la rondelle. C’est génétique. Il est le frère de la légende. […] Le frère de Maurice Richard. […] Le surnom de Maurice Richard est le Rocket. La fusée. Celui d’Henri Richard est le Pocket Rocket. La fusée de poche. Un peu réducteur. Car Henri n’a rien de poche. C’est un joueur extraordinaire. »

En entrevue avec Les Versants, Serge Savard évoque aussi cet aspect de deuxième, soulignant qu’Henri Richard « n’a pas été reconnu à sa juste valeur ». Il s’explique : « C’est malheureux, mais Henri a toujours été considéré le meilleur deuxième. Il est arrivé dans l’ombre de son frère Maurice, et ensuite, il y a eu Jean Béliveau. Jean lançait la première vague du jeu de puissance, Henri la deuxième. Après la retraite de Béliveau, Jacques Lemaire était au sommet de sa forme, et c’est lui qui entamait l’avantage numérique. Henri était un joueur élite, parmi des joueurs élites; il était talentueux, mais il y avait des joueurs trop talentueux devant lui. Il a fait partie de très grandes équipes. »

QUESTION AUX LECTEURS :

Quels souvenirs conservez-vous d’Henri Richard?