Roger Racicot : une vie sur le monticule

Le 2 juillet dernier, sur l’un des terrains du parc Rabastalière, les membres de la Ligue amicale de balle molle Saint-Bruno 45 ont souligné le 81e anniversaire de l’un des leurs, Roger Racicot, lanceur pour la formation des Condors (blancs). À cette même date, monsieur Racicot célébrait aussi 55 ans de mariage.

« Ils m’ont offert une bouteille de champagne et une carte. Ça m’a gêné, mais j’ai été touché de cette attention, j’ai aimé le geste. Je me sens apprécié de chacun et moi, j’aime tout le monde, alors c’est réciproque. D’ailleurs, si un jour j’arrête, c’est ce qui va me manquer le plus : l’esprit d’équipe. C’est un gros point. Je m’amuse à côtoyer les gars », mentionne Roger Racicot, en entrevue au Journal de Saint-Bruno.

Roger Racicot évolue dans la Ligue amicale de balle molle Saint-Bruno 45 depuis maintenant 10 ans. Auparavant, il s’est posté au monticule du parc Albert-Schweitzer pendant près de 20 ans au sein de la Ligue de balle molle Montarville (35 ans et +). Lorsqu’il parle de son sport préféré, c’est avec enthousiasme qu’il s’exprime : « C’est une passion pour moi, la balle! J’ai commencé à lancer alors que j’avais 12 ou 13 ans, et j’y ai rapidement pris goût! Il y avait de fameux lanceurs et j’allais voir régulièrement des parties de balle molle ».  

C’était à Montréal, dans les années 40, 50 et 60. Mais vers 1965, le slow-pitch a fait son apparition dans la grande ville. « C’était un peu comme la balle donnée; lors du lancer, la balle devait monter à une hauteur de 12 pi avant d’arriver au frappeur », explique monsieur Racicot.

À son arrivée à Saint-Bruno-de-Montarville, en 1971, c’est la balle rapide qui est pratiquée sur les terrains. Malgré quelques réticences, l’homme s’inscrit à l’organisme qui en chapeaute les matchs et joue pendant quelques années. Mais au début des années 80, la chance sourit à Roger Racicot lorsque Guy Bernard et Julien Hivon forment la Ligue de balle molle Montarville (35 ans et +). Il retrouve alors le goût de lancer. « C’est une satisfaction pour moi de jouer à la balle. Je n’ai pas peur des frappeurs. Je ne lance peut-être pas comme il y a 20 ans, mais je tiens mon bout lorsque j’affronte de bons cogneurs ou lorsque les buts sont remplis. Je leur fais la vie dure! » soutient le lanceur qui, de temps en temps, durant une partie, passe du monticule au 1er ou au 2e but. 

Selon le responsable du site Internet www.SB35.com, Jean-Guy Fontaine, monsieur Racicot, lors de son séjour dans la Ligue de balle-molle Montarville (35 ans et +), aurait remporté sept championnats avec ses équipes. De beaux souvenirs pour l’homme de 81 ans.   

Deux fausses balles

Seule la maladie a eu raison de Roger Racicot. En effet, rares sont les rencontres que ce Montarvillois a manquées au cours des 40 dernières années, mais en 1978 et 2004, il doit déposer son gant pour un arrêt complet. Il subit alors des triples pontages. Ses artères se bloquent, mais les médecins n’arrivent pas à comprendre pourquoi. Normalement, le choléstérol serait en cause, mais pas pour l’intéressé. Son fils a eu un problème semblable à 43 ans. Monsieur Racicot en a 44 lors de sa première opération. « Un accident de parcours. J’ai été forcé d’arrêter, sinon j’aurais joué tout le temps. En convalescence, je regardais mon gant et je me disais qu’un jour, je reviendrais sur le terrain. »

Le coup de circuit

Mais le premier véritable amour de Roger Racicot, c’est sa femme Anita, avec laquelle il partage son quotidien depuis plus de 55 ans. Ensemble, ils ont eu deux enfants, Benoit et Christiane, ainsi que quatre petits-enfants âgés de 9 à 18 ans. Des petits qui font leur bonheur et les aident à rester jeunes. « Ma femme est une épouse formidable, une très bonne mère de famille et une excellente cuisinière. Nous venons du même coin, dans l’est de Montréal. Nous étions voisins ou presque. Même après 55 ans, nous sommes toujours en amour. »

C’est d’ailleurs le père de sa conjointe qui lui a permis de mettre les pieds dans l’industrie du sucre Lantic, à Montréal. Roger Racicot y a passé plusieurs années de sa vie : il s’est occupé de l’expédition et l’emballage de 1950 à 1967, et ensuite jusqu’en 1999 en tant que ferblantier dans l’atelier de mécanique. Dans les années 80, il a contribué au journal interne de l’entreprise, En vrac, dans laquelle il rédigeait une petite chronique intitulée « En potinant ». Sa fille, qui est devenue enseignante, corrigeait ses fautes avant l’impression.

La 9e manche… ou le mot de la fin   

« J’ai toujours été sportif, j’ai toujours aimé les sports : le ballon-balai, le golf, les quilles, le hockey et évidemment, la balle. P’tit gars, je me souviens que quand je mangeais, mes amis arrivaient chez moi et me demandaient : “Veux-tu jouer?” Je laissais alors mon assiette et je courais jouer à la balle. On se réunissait dans un parc, une ruelle et on formait des équipes. J’ai toujours aimé ça, les jeux. C’est une bonne façon de passer le temps et d’apprendre à connaître les gens, raconte Roger Racicot. Je remercie le Bon Dieu de m’avoir permis d’être encore capable, aujourd’hui, de m’adonner à la balle molle, malgré mon âge. J’ai encore la passion. Je ne crois pas poursuivre jusqu’à 90 ans, je prends ça une année à la fois. Ma femme n’est pas toujours d’accord, elle me demande souvent quand je vais arrêter. Je fermerai les livres lorsque je ne serai plus capable de lancer, quand mon bras ne me le permettra plus, mais en attendant, je prends ça comme un défi. Pas question que le frappeur se rende au 1er but! »