Les directeurs techniques quittent le bateau

Association de soccer Montis

Rien ne va plus avec l’Association de soccer Montis, qui a perdu de grosses pointures la semaine dernière. Les démissions parmi le personnel de l’équipe technique se sont accumulées au cours des derniers jours.  

La directrice technique du soccer féminin, Maroua Chebbi, a remis sa démission le 9 juin. Le directeur technique du soccer masculin, Claude-Arthur Diesse, a mis fin à son association avec l’AS Montis mercredi dernier. Puis deux autres départs ont été annoncés, jeudi. D’abord le responsable de niveau MU9 / MU10, Marc-Elie André. Puis Guillaume Adam, le directeur technique du soccer récréatif, « qui était au Club depuis longtemps ».

Rappelons que l’Association de soccer Montis (AS Montis) est née de la fusion réalisée il y plus d’une année entre le Club de soccer de Sainte-Julie et le FC Mont-Bruno. Avec la fusion, l’AS Montis est devenue le deuxième plus gros club de soccer au Québec, tout juste après le Club de soccer le Mistral de Sherbrooke, qui s’est fusionné en 2016. L’AS Montis compte près de 4200 membres.

« J’ai vécu beaucoup de choses négatives dans un court laps de temps », raconte Maroua Chebbi, en entrevue avec Les Versants. Elle parle, notamment, d’harcèlement psychologique et de discrimination de la part de membres de l’administration. « J’ai subi de l’injustice, du sexisme, du harcèlement et du racisme. À la base, je ne suis pas Canadienne. Je suis une femme immigrée. On m’a rabaissée », évoque Maroua Chebbi, qui note aussi des problèmes d’ingérence au sein de l’administration.

Elle soutient aussi que l’AS Montis n’en fait pas assez pour promouvoir le soccer féminin. En tant que directrice technique du volet féminin, Mme Chebbi se sentait les pieds et les poings liés dans son rôle auprès des filles. « J’ai senti comme directrice technique qu’on devait m’écarter de certaines décisions techniques, de quelques projets qui sont directement liés à la promotion du soccer féminin. J’ai travaillé sur plusieurs projets qui n’ont jamais vu le jour car nous sommes mal représentés. L’équité, c’est tout ce que je demandais », insiste Maroua Chebbi.

Avec le recul, celle qui a joué au soccer pour la formation nationale de Tunisie se demande comment elle a pu tenir aussi longtemps. Plus tôt cet hiver, elle s’est retrouvée en arrêt de travail pour une dépression. « Tout ce stress accumulé… », laisse-t-elle tomber.

De son côté, le directeur technique masculin, Claude-Arthur Diesse, mentionne qu’il y a de l’ingérence dans le Club. M. Diesse estime qu’il y a des magouilles et de l’hypocrisie à l’encontre du personnel technique de la part des membres du conseil d’administration et de la direction générale. « Il y a, au sein de l’AS Montis, des problèmes de discrimination, d’injustice, ainsi qu’un gros manque de considération et de reconnaissance des membres du CA et du directeur général. C’est ce qui m’a motivé dans ma prise de décision pour quitter », répond Claude-Arthur Diesse.

« J’ai subi de l’injustice, du sexisme, du harcèlement et du racisme.» – Maroua Chebbi

Quand on lui demande s’il y a une possibilité qu’il revienne sur sa décision, l’ancien directeur technique masculin de l’AS Montis souligne que « seul un changement drastique » dans le personnel administratif le ferait peut-être changer d’avis. « Le sport communautaire est trop terni par l’égo de certaines personnes. La vision de la direction et de l’administration doit concorder avec la vision du personnel technique; or, ce n’est pas le cas. D’un côté on veut monter une concession en santé financièrement, de l’autre, on souhaite former des équipes championnes AAA et des joueurs à leur plein potentiel », ajoute Claude-Arthur Diesse.

Pour le responsable de niveau Marc-Élie André, en entrevue avec Les Versants, c’est « essentiellement une écoeurantite qui dure depuis la fusion » qui l’a poussé à remettre sa démission. D’après lui, la fusion n’a pas été bénéfique. « Le plus gros problème qu’il y a, c’est que la fusion existait déjà avant même de fusionner l’année dernière », soutient-il. C’est bien le cas, puisque le FC Mont-Bruno est né en 2010 de la fusion entre les associations de soccer de Saint-Bruno et de Saint-Basile. « Lors de la deuxième fusion, il y a avait déjà des amitiés et des partenariats. Le Club de Sainte-Julie s’est senti étouffé. Le conseil d’administration doit être refait équitablement entre les trois municipalités. »

Mais ce n’est pas tout. Marc-Élie André avance aussi des histoires de racisme. « Maroua Chebbi, Claude-Arthur Diesse et moi, nous sommes tous des immigrants. »

Lorsqu’il a remis sa démission, Guillaume Adam a écrit un message publié sur les réseaux sociaux : « Je voulais travailler en équipe et prendre les meilleures décisions pour les membres du Club. J’ai toujours travaillé dans le respect des lois, des règlements et des codes qui régissent nos structures sportives. Une multitude de raisons peuvent influencer ce choix, mais la raison principale est le respect. »

D’autre part, le journal a aussi rejoint celui qui était président du conseil d’administration de l’AS Montis en février dernier, peu de temps avant la tenue de l’assemblée générale annuelle. Stéphane Malouin a aussi claqué la porte. Il explique son départ : « Il y a des problèmes à l’interne au niveau des ressources humaines entre les patrons et les employés. J’avais alors sonné le signal d’alarme. Mon message était clair, c’était à eux de le prendre et de gérer. » Il déclare aussi qu’une autre situation l’a amené à quitter le bateau, soit une hausse de quelque 23 % d’augmentation du prix d’inscription dans certaines catégories. « Ça ne respectait pas mes valeurs. »

L’AS Montis n’a pas répondu à la demande d’entrevue du journal Les Versants. Cependant, le Club a été actif sur son site Internet et sa page Facebook. Le 11 juin, il annonçait « avec beaucoup de fierté » la sélection d’un conseiller stratégique pour le volet sportif de l’Association. Dans la foulée, un communiqué a été publié ainsi qu’un avis de convocation pour une assemblée spéciale en vidéoconférence s’adressant aux membres. Celle-ci a lieu ce lundi 15 juin.

Il faut savoir qu’en raison de la COVID-19, tous les employés de l’AS Montis ont été mis à pied temporairement par l’organisation. Or, malgré l’annonce de la reprise des activités extérieures pour les sports collectifs, dont le soccer qui vise le 22 juin dans la région, les membres du volet technique n’avaient toujours pas été ré-embaucher au moment de leurs démissions. Puisque l’entreprise n’existait pas l’année dernière, elle n’était pas éligible à la subvention salariale de 75 % du gouvernement fédéral. Ce qui fait dire à quelques-uns que l’AS Montis serait en difficultés financières.

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