Les Barons sous l’effet des commotions?

Football mineur québécois

En septembre dernier, Football Québec annonçait une diminution importante du nombre d’inscriptions, et tout indique que les commotions cérébrales seraient les premières responsables. La corrélation directe et les statistiques précises sont difficiles à définir, mais le football mineur québécois connaîtrait présentement une diminution de 10 à 15 %.

Pour l’organisation des Barons de Saint-Bruno, on parle d’une baisse de 25 % des inscriptions. Par contre, le club serait passé de neuf formations l’an dernier à sept cette année. « C’est certain que les documentaires diffusés à PBS et ICI Radio-Canada ont eu un impact », explique en entrevue avec le journal le VP football U14 des Barons de Saint-Bruno, Jean-Marc Schanzenbach. Il avoue par contre que beaucoup d’enfants ont été en protocole de commotions cérébrales (le protocole de retour des Barons consiste en une semaine de congé à la suite d’une commotion), mais toutes n’étaient pas liées au football. Certaines étaient attribuables à des chutes à la maison, d’autres à des chutes à l’école. « Dans une certaine mesure, je trouve questionnable que des parents empêchent leurs enfants de jouer au football, mais qu’ils les laissent faire du trampoline sans filet. »

Les reportages League Of Denial sur PBS, qui exposait les conséquences des commotions chez les joueurs retraités et le silence entretenu par la NFL depuis des années, ainsi que Commotions : jeunes cerveaux en péril, diffusé à l’émission Enquête de ICI Radio-Canada, un dossier qui mettait l’accent sur la fréquence et la gravité des commotions cérébrales chez les enfants et les adolescents, ont semé l’émoi dans la communauté football. 

« Mais est-ce la seule raison de cette baisse d’inscriptions? D’une année à l’autre, il y a des facteurs qui viennent jouer dans le nombre de jeunes inscrits au programme des Barons, par exemple le facteur scolaire, qui fait compétition au sport civil », de poursuivre Jean-Marc Schanzenbach. 

De nos jours, les collèges et les écoles secondaires offrent de plus en plus le programme de football en concentration sportive. Chez les parents, cette solution est souvent avantageuse. Ils y voient non seulement une nécessité, mais aussi un besoin. « Leurs jeunes sont en entraînement après les cours, directement sur place, ce qui dégage les parents sur le plan du transport. C’est plus facilitant pour eux », indique monsieur Schanzenbach, qui annonce qu’une dizaine de joueurs ont quitté le programme des Barons cette année; la majorité pour une école de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Les Barons de Saint-Bruno ne conservent pas de statistiques sur les commotions cérébrales qui surviennent durant leurs entraînements et leurs parties. Par contre, ils surveillent l’évolution des blessures de chaque joueur. « Est-ce qu’on en fait des stats? Non, mais on suit l’évolution du dossier de chacun. Cette année, il y a eu un plus grand nombre de cas répertoriés. Par contre, la façon de les évaluer a changé. C’est plus sévère et on détecte la commotion plus rapidement. Chaque cas est unique. Une blessure au cerveau, on ne la voit pas. C’est la raison pour laquelle il faut la prendre au sérieux; ce n’est pas comme un doigt ou un bras cassé », d’ajouter le VP football. 

Les Barons de Saint-Bruno travaillent en collaboration avec les spécialistes de Action Sport Physio, présents cinq soirs par semaine sur le terrain du parc Rabastalière.

Changement de mentalité

Des mesures ont été mises de l’avant par Football Québec pour mieux gérer le phénomène des commotions cérébrales et pour améliorer la sécurité des joueurs. Par exemple, le contact tête à tête est maintenant interdit. « Ça fait plusieurs années qu’on l’enseigne déjà. En fait, avant même les reportages, tout était en place chez les Barons pour enseigner les nouvelles techniques. Techniques que nous montrons aussi à nos nouveaux entraîneurs. »

Enfin, les dirigeants des Barons déclarent qu’il ne faut pas généraliser les commotions cérébrales uniquement au football. « On met beaucoup d’accent sur les commotions au football, et ce, avec raison, mais il ne faut pas négliger qu’il en existe aussi dans d’autres sports : le hockey, le ski, l’équitation, le patinage artistique. Toute discipline peut être à risque. Je crois que l’important pour éviter ces blessures, ce sont la vigilance, la prévention, l’éducation », complète la directrice des finances, Christine Lafleur.