Bruno Harvey : la maladie du golf

« J’avais toujours un peu regretté d’avoir vendu la première fois. Mes deux fils, qui étaient alors plus jeunes, ne m’avaient encore jamais vraiment pardonné. Cette fois, l’entente s’est conclue très rapidement avec le Groupe Beaudet et nous souhaitons faire de ce terrain un petit paradis pour golfeurs. Là-bas, de l’autre côté du ruisseau Massé, tu n’as pas l’impression d’être dans une ville. Il y a le cours d’eau, la zone verte, plein d’animaux; c’est de toute beauté! » mentionne l’acheteur du Club de golf Le Riviera, Bruno Harvey.

Le Club de golf Le Riviera, à Saint-Bruno-de-Montarville, a rouvert ses portes le 22 mai dernier. C’est que l’ancien propriétaire, le Groupe Beaudet, qui a pris possession du terrain de golf de la famille Harvey en 2003, avait choisi de le fermer pour un certain temps. « Je suis un maniaque de golf! C’est une véritable passion. Plus jeune, j’ai grandi à Alma. Il y avait un beau terrain de neuf trous, le Club de golf Birchdale, qui permettait aux cadres de la papetière Abitibi Price Brothers de s’y adonner. Grâce à mon père, j’ai développé la passion du golf parce que je passais mes étés à cet endroit. Alors, le rachat du Riviera est pour moi un rêve devenu réalité », explique Bruno Harvey.

En 1997, Bruno Harvey est avocat à Alma. Il entend parler d’une vente de terrain de golf sur la Rive-Sud (Montréal) et décide, en compagnie de sa femme Louisa et de leurs deux fils, Renaud et Benjamin, de quitter la région pour venir s’installer dans un condo en location à Saint-Basile-le-Grand. « C’était après la crise du verglas. Nous avions une roulotte Dickie Moore sur le terrain et étions en mode démarrage. À l’époque du verglas, quand nous venions ici, les arbres cassaient sous nos yeux. Nous n’avions pas d’eau, pas d’employés, pas d’électricité. C’est finalement le 31 mai 1998 que nous avons ouvert le 18 trous la première fois. Nous donnions des balles aux joueurs sans savoir si nous aurions du succès! Mais c’est ça, être entrepreneur : il y a un taux de risque et d’aveuglement que tu dois prendre », poursuit Bruno Harvey, également directeur général du Club de golf de Beloeil. « C’est le club privé avec le plus beau rapport qualité-prix de la Rive-Sud (Montréal). »

Démocratiser le golf

Monsieur Harvey condamne les règles de son sport préféré, qu’il trouve trop sévères et qui poussent certains participants, les jeunes en particulier, à s’adonner à une autre discipline « Nous voulons démocratiser le golf, viser une clientèle plus jeune. C’est ma vision. Ici, au Riviera, tout d’abord, c’est ouvert à tous, mais il n’y aura pas de code vestimentaire. Le seul mot important, c’est “respect”. Respecte le terrain, respecte l’équipement, respecte tes coéquipiers, respecte la clientète. Pour le reste, amuse-toi! »  

Franchisée d’un restaurant Pacini à Brossard depuis deux ans, la famille Harvey file le parfait bonheur. C’est Louisa qui passe le plus clair de son temps au restaurant, alors que les garçons et leur père sont au golf. « Tous les quatre, nous nous entendons bien, même si parfois, il y a des frictions en affaires. J’ai l’impression que la vie m’accorde un bonheur supplémentaire de me permettre de travailler avec eux. Je les vois chaque jour et j’apprends à les connaître davantage. Mon père me disait : “Ça prend 40 ans pour faire un homme.” Aujourd’hui, j’ai 53 ans, et je commence à comprendre ce qu’il voulait dire. Quand tu sais ça, quand tu le saisis, tu peux juste t’améliorer en tant qu’être humain », raconte Bruno Harvey.  

La retraite…

Maintenant, Bruno Harvey promet de ne jamais revendre son acquisition. D’ailleurs, il envisage même sa retraite, dans une quinzaine d’années : « Le bonheur est le but commun de notre famille. Et c’est effectivement un bonheur de posséder une entreprise avec ses fils. Ma retraite, je la vois paisible, alors que je vais tondre la pelouse de mon terrain de golf. Je veux juste être sur le terrain, humer l’odeur du gazon et réaliser que ça m’appartient. »