À cheval aux JO de Londres

La Montarvilloise Sylvie Surprenant est revenue dernièrement des Jeux olympiques (JO) de Londres. Elle y est allée non pas en tant qu’athlète, mais comme vétérinaire équine pour l’équipe canadienne d’équitation en saut d’obstacles. Une expérience inoubliable qu’elle vivait pour une deuxième fois en 33 ans de carrière.

« Nous sommes très contents des résultats obtenus aux Jeux. Nous avons rencontré nos objectifs avec une 5e place par équipe et un top 10 en individuel, dont une 9e place pour Ian Millar et son cheval Star Power, de rapporter Mme Surprenant, quelques jours après son retour au pays. Malheureusement, nous avons dû compétitionner à trois chevaux car celui de Tiffany Foster, ayant subi une petite coupure au niveau de la couronne sur son membre antérieur gauche, a été disqualifié, car cette blessure mineure a rendue la peau autour de la coupure sensible au toucher. Ce règlement est appliqué par la Fédération Equestre Internationale pour le bien être du cheval. »

Avant d’occuper le poste de vétérinaire en chef de l’équipe en saut d’obstacles, Sylvie Surprenant travaillait auprès de l’équipe canadienne d’équitation depuis les années 1990. Elle a d’ailleurs été vétérinaire substitut lors des Jeux d’Atlanta et de Sydney. C’est en 2008, lors des Jeux de Pékin, qu’elle a obtenu son poste actuel.

« Ça a été une surprise totale quand on m’a appelée. Jamais je n’aurais pensé me retrouver à ce niveau dans mon métier, qui est le plus haut qu’un vétérinaire équin puisse espérer, d’exprimer Sylvie Surprenant. Je n’ai jamais vraiment eu de rêve ou d’aspiration dans mon métier, si ce n’est qu’être la meilleure vétérinaire possible. Être la vétérinaire de l’équipe canadienne, je n’y ai même jamais rêvé, parce que je pensais que cela me serait impossible. »

La première vétérinaire équine au Québec

Mme Surprenant, ancienne présidente de l’Association des vétérinaires équins du Québec, fait partie des rares vétérinaires équins au Québec. Selon elle, ils sont tout au plus une quarantaine en province à travailler exclusivement avec les chevaux. Elle a été de plus la première femme à exercer ce métier et a travaillé fort toutes ces années pour y prendre sa place : à l’origine, il était plutôt « réservé » aux hommes.

« Quand j’ai eu mon entrevue d’admission à la Faculté de médecine vétérinaire en 1975, un des intervieweurs m’a interrogé sur ce que je ferais après ma graduation et j’ai répondu que j’irais certainement en pratique équine, raconte Mme Surprenant. Il m’a demandé si je croyais vraiment qu’un propriétaire de chevaux « dispendieux » aurait recours à une jeune femme pour les soigner. J’ai répondu « oui » avec confiance. Et aujourd’hui, je peux vous confirmer que je n’avais pas menti! Un cheval de niveau olympique vaut facilement plus d’un million de dollars. »

Après plus de 30 ans de métier derrière la cravate, Sylvie Surprenant avoue comprendre pourquoi les femmes ont mis autant de temps avant de s’orienter dans ce domaine. « Choisir d’être vétérinaire équine demande énormément de temps. Nous sommes un peu comme les anciens médecins de famille, de garde sept jours sur sept, 24 heures sur 24. C’est un métier très exigeant, souligne celle dont la passion pour les cheveux lui vient de son père et de son arrière-grand-père maternel, qui était vétérinaire. Toutefois, je suis heureuse de constater qu’au fil des années, de plus en plus de femmes se dirigent dans ce domaine. »

Aux petits soins

Pour avoir fait elle-même de l’équitation de compétition plus jeune, Mme Surprenant connaît parfaitement les chevaux de ce calibre. Elle sait aussi que tout « bobo » sur cette bête peut être perçu comme potentiellement grave et affecter sa performance. Ce qui est doublement plus inquiétant lors de compétitions telles que les JO.

« Ma responsabilité est de m’assurer que les chevaux soient en santé et de veiller à ce que leurs blessures soient soignées. Ce qui est plus compliqué, c’est qu’ils n’ont droit à aucun médicament parce que le traitement peut s’avérer dopant, comme chez les athlètes, explique-t-elle. Les blessures les plus courantes que je dois traiter sont au niveau des pattes : entorses, tendinites et sensibilité aux sabots. Alors que les maladies sont souvent des coliques, de la fatigue, de l’épuisement et de la déshydratation. »

En fusion avec les chevaux

« Le cheval est l’animal avec lequel je me sens le plus à l’aise! J’ai un naturel avec les chevaux, puisque j’ai été en leur compagnie toute ma vie. Je les comprends et ils me permettent de faire ce que j’aime : pratiquer la médecine sportive. Garder les chevaux que je traite dans l’arène de la compétition représente pour moi tout un défi! », a conclu Sylvie Surprenant.