Les chiots de la COVID

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les Québécois ont adopté des animaux de compagnie en grande quantité, sans forcément songer à l’impact que peut avoir l’adoption sur les compagnons de fourrure.  

À Saint-Basile-le-Grand, le centre canin Laka, situé sur le chemin Bella-Vista, accueille quotidiennement plusieurs chiens, qui y sont laissés en pension. La propriétaire de l’endroit, Lucie Blanchette, estime que les chiots qui ont été adoptés durant la période actuelle sont plus à risque d’être atteints de troubles d’anxiété. Elle les appelle les chiots COVID. «  Les chiots de la COVID n’ont pas beaucoup été en contact avec d’autres chiens. Lorsque le contact survient, ça les fait paniquer. Ces chiens auront de la difficulté à passer du temps avec les autres animaux parce qu’ils risquent de préférer la présence humaine », dit Mme Blanchette.  

«  Les chiots de la COVID sont ceux qui n’ont pas beaucoup été en contact avec d’autres chiens. » – Lucie Blanchette

Marion Desmarcheliers, professeure adjointe à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal spécialisée entre autres en comportement animal, abonde dans le même sens que Lucie Blanchette. « Tous mes patients qui font de l’anxiété de séparation n’ont plus besoin de médicaments, ils vont très bien parce qu’ils ne sont jamais tous seuls. Eux, ça va être beaucoup plus difficile quand les gens vont retourner au travail.» Ainsi, ces animaux « pourraient avoir de la difficulté à s’adapter à de futurs changements. » La médecin indique que quatre animaux sur cinq devraient ressortir de la pandémie sans réellement être affectés. Cependant, parmi les 5 à 20 pourcents restants, il est possible que certains animaux subissent des impacts mentaux qui perdureront à travers le temps.  

Des solutions

Comme piste de solution à cette problématique,  la docteure Desmarcheliers propose de procéder à une éducation canine, lorsque cela est possible, ou encore d’y aller par adaptation graduelle, soit en laissant les animaux seuls un quart d’heure, puis une demi-heure et ainsi de suite jusqu’à ce que l’animal soit à l’aise sans présence humaine.

Lucie Blanchette, de son côté, croit qu’il est crucial de mentionner que les chiens doivent sociabiliser en bas âge. « De zéro à quatre mois, c’est la période de sociabilisation. Ne pas y procéder en bas âge va faire en sorte que ce sera beaucoup plus difficile à faire par la suite. » Elle recommande également que les gens agissent comme en temps normal avec leurs chiens pour qu’ils retrouvent peu à peu un semblant de vie normale et ne vivent pas un trop gros choc lorsque les maîtres vont retrouver leur emploi du temps habituel. « Il faut sortir les animaux, les sensibiliser aux bruits, à la présence d’humains de toutes formes et toutes tailles. Plus on le fait tôt, plus ce sera facile pour le chiot d’entrer dans le monde. »

Quels changements avez-vous remarqué dans le comportement de vos animaux de compagnie depuis le début de la pandémie?