Le français dans la mire

Il y a un an, Adalberto Palacio atterrissait à Chambly, directement de Colombie, avec sa famille, dont les trois enfants fréquentent l’école secondaire du Mont-Bruno. La langue française est maintenant celle qu’ils assimilent et avec laquelle ils doivent s’exprimer en communauté.

Carlos, 12 ans, Carolina, 14 ans, et Danna, 16 ans, sont les enfants de Leady et Adalberto Palacio. En février 2022, à leur arrivée au Québec, nul ne parlait français. Le couple a été accueilli par l’organisme Intégration compétences. Dirigé par l’entité communautaire, le tandem a suivi des cours de francisation. Pour lui, à temps partiel, alors que pour elle, c’était à temps plein.

Initialement, leurs trois enfants ont été parachutés à l’école secondaire de Chambly, avec une seule journée de francisation. « Je ne parlais pas français. C’était difficile pour moi de parler avec les autres », mentionne la cadette de la famille, Carolina. « Je ne faisais pas les activités parce que je ne comprenais rien », ajoute à son tour l’aînée, Danna.

Depuis septembre dernier, ils fréquentent l’école secondaire du Mont-Bruno. En raison du besoin grandissant, il y a de la nouveauté au sein du pôle d’accueil à cette école. Les élèves qui arrivent de l’étranger et qui ne parlent aucunement français y reçoivent un soutien linguistique particulier. Des périodes de francisation, en sous-groupes, sont offertes quotidiennement à ceux-ci. « Quand l’école commence, on s’assoit et on place les téléphones quelque part. Après, on fait les cours, on fait un plan de travail, on voit une histoire et des fois, on utilise des livres pour faire un article », décrit Carlos en guise de quotidien scolaire.

Les trois, frère et sœurs, sont dans la même classe. Ils sont une trentaine venant d’un peu partout sur le globe. Parmi ceux-ci, il y a des Iraniens, des Ukrainiens, des Cubains, des Nicaraguayens, etc.

C’est là que la socialisation a débuté pour le trio colombien. « On a commencé à faire toutes les activités pour pratiquer. Pour nous, c’est plus facile pour parler avec les autres », expriment ensemble Carlos, Carolina et Danna. Ceux-ci sont aussi jumelés avec des francophones afin de s’exercer à travers des échanges et des discussions.

Dans le quartier, le trio ne se fond pas encore tellement aux jeunes qui l’habitent.

« Si tu fais toutes les activités et que tu pratiques beaucoup, tu vas avoir des
résultats. » – Danna

Difficile, le français

Pour des Québécois, la langue française en est une complexe. Il en va de même pour de nouveaux arrivants devant assimiler en pleine immersion. « Ça ressemble un peu à l’espagnol, mais c’est difficile. Mais si tu fais toutes les activités et que tu pratiques beaucoup, tu vas avoir des résultats », convient Danna.

« Comment faire une phrase dans un texte », est ce que Carlos considère ardu. » L’accent québécois » ajoute au défi. « Les enfants parlent très rapidement », disent en riant les trois jeunes nouveaux citoyens chamblyens en tentant de reproduire un débit hâtivement déversé.

À l’école, les enseignants ne leur parlent pas en espagnol. Seuls les élèves ukrainiens se font parfois parler en anglais.

Des mots d’ici

À savoir quels mots ils ont découverts, les trois adolescents se tournent vers leur papa avec un regard espiègle. Les jurons locaux, ça s’apprend bien. « Les gros mots! », gloussent-ils à l’unisson. « C’est correct, vous êtes grands », acquiesce le père de famille. « Il y a des mots qui sont différents avec la France. Vous dites l’expression »là! là! » », ajoutent d’un rire collectif les enfants.

Maintenant Québécois

Bien que le Québec, « c’est froid! », la famille y construit peu à peu son nid. « C’est beau », dit Carlos. Les jeunes ont découvert de nouveaux sports. Carlos et Carolina jouaient tous deux au basket-ball. Ici, ils ont découvert le patinage et la glissade. « J’aime la diversité des sports, ici. En Colombie, c’était le soccer ou le volley-ball », compare Carolina.

M. Palacio se dit « très reconnaissant de l’accueil » qu’il a reçu avec sa famille à Chambly. La mère de famille, Leady, n’était pas présente lors de la rencontre avec le journal. Elle travaille à l’Aubainerie des Promenades St-Bruno.

Ayant suivi les cours de francisation à temps plein, elle a terminé avant son mari. Elle a ensuite gagné le marché du travail. « Je suis très fier d’elle. Elle ne parlait pas anglais ni français. Elle est le modèle que l’on peut apprendre », avance son mari. Il ajoute l’importance des « programmes gouvernementaux »

aidant le couple, toujours dans son processus d’intégration. Quant à lui, Adalberto Palacio est administrateur de réseau, en technologie. Le soir, trois fois par semaine, il complète sa journée à l’aide de cours de trois heures de francisation. Après l’entrevue, il se dirigeait à l’un de ses cours, qui se déroulent à Saint-Bruno-de-Montarville.

Dans un an, le journal se promet de retrouver la famille et d’être témoin de cette évolution en continu. « Dans une année, on pourra parler mieux, mais pas avec l’accent », termine Danna.