La longue marche de Lima Bourhis

Pour Lima Bourhis, il n’a suffi que d’un regard avec un moine bouddhiste mendiant pour qu’elle décide, moins d’un an plus tard, de s’embarquer dans un long pèlerinage à Shikoku, l’une des îles du Japon. Rencontre avec une voyageuse.  
Il y a moins d’un an, la Grandbasiloise Lima Bourhis sirotait un café glacé, accompagnée de son jeune fils, sur une terrasse du vieux Chiang Mai, en Thaïlande. Elle a alors croisé le regard d’un bhikkhu, soit un moine bouddhiste mendiant. Lima Bourhis décrit la scène : « Le regard de cet homme était tellement pur, tellement beau, comme celui d’un enfant. Nous nous sommes souri, et j’ai été émue. » La jeune femme, à ce moment précis, souhaite faire la même chose. « Je l’ai trouvé privilégié de pouvoir traverser le pays tout entier à pied. »

« Il est conscient que je pars parce qu’il a l’âge pour comprendre et s’ennuyer. Mais je préfère qu’il reste ici parce qu’il est en 1re année, en train d’apprendre à lire et à écrire à l’école. En attendant, il sera avec le meilleur papa du monde. » – Lima Bourhis

À son retour à l’hôtel le soir même, Lima écrit à sa grande sœur Taïk, avec qui elle a déjà participé au Trophée Roses des sables, en 2011. Pour une aventure semblable, un tel projet, c’est à sa sœur qu’elle pense en tant que personne idéale pour l’accompagner. « Et franchement, c’est aussi la seule qui peut m’endurer! » Taïk propose alors Shikoku, un pèlerinage bouddhiste de 88 temples autour d’une île du Japon, sorte de Compostelle japonais.
Vêtues de kimonos, munies de chapelets et de passeports du pèlerin, équipées de bâtons de marche, Lima et sa sœur sont maintenant au Japon pour un périple de trois semaines afin de traverser un circuit de 1 100 et 1 400 km (selon le chemin emprunté). Les pèlerins qui le font entièrement à pied peuvent mettre de 30 à 60 jours pour le compléter. Le but est de suivre les pas du moine Kûkai (774-835), fondateur de l’école Shingon. Shikoku était son île natale. En la parcourant de temple en temple, il y a pratiqué le sadhana, une voie spirituelle. « Nous sommes libres, mais il y a tout de même un protocole à respecter. »
Sa sœur Taïk apprend le japonais depuis trois mois pour leur faciliter la tâche sur place.
Pas une religion  
Pour Lima Bourhis, le bouddhisme n’est pas une religion, mais plutôt une idéologie, que tous les humains veulent atteindre, soit celle d’être plus heureux. « Ce que je vais chercher là-bas, c’est l’expérience. Le but, c’est de marcher », explique Lima, qui souhaite devenir enseignante de yoga dès l’année prochaine.
Pour réussir ce pèlerinage, les participants doivent se lever tôt le matin, avec le soleil, et en soirée, ils doivent arriver à l’hôtel avant 17 h pour se laver, prendre le repas à 18 h et aller au lit à 20 h. « Ce n’est pas comme je croyais, mais ça ne me déplaît pas, cet horaire! »
Sans les enfants
Les deux mères de famille, Lima est âgée de 30 ans et sa sœur en a 43, voyageront sans leurs enfants. Pour Lima, qui appréhende la situation, il s’agira d’une première, elle qui amène son fils Kristof dans tous ses voyages. « Je vais penser à lui et je vais m’ennuyer. Je m’inquiète, et je m’inquiète qu’il s’inquiète à son tour. Il est conscient que je pars parce qu’il a l’âge pour comprendre et s’ennuyer. Mais je préfère qu’il reste ici parce qu’il est en 1re année, en train d’apprendre à lire et à écrire à l’école. En attendant, il sera avec le meilleur papa du monde », note la maman.
Pour pallier la peine de son garçon de sept ans, la Grandbasiloise lui a laissé un sac contenant des surprises, qu’il pourra ouvrir tous les trois ou quatre jours, des petits mots pour l’encourager et une chandelle à l’odeur du shampooing de sa mère. « Je me suis appliquée pour qu’il puisse avoir un agenda bien chargé et qu’il ne s’ennuie pas trop. »
Et d’ici son retour, la jeune femme compte sur la technologie, avec Skype et Messenger, pour parler avec son Kristof.
Voyageuse
En plus de participer au Trophée Roses des sables au Maroc et de parcourir le Canada, Lima Bourhis a voyagé à quelques reprises : l’Italie, l’Espagne, la France, la Thaïlande, la Suisse, les États-Unis, et ce, pour apprendre et ouvrir son esprit. Un autre aspect qu’elle apprécie lorsqu’elle parcourt le monde? Les paysages et l’architecture, qui témoignent à quel point l’homme est petit, à quel point la nature est grande et puissante. Lima cite en exemple la Sierra Nevada, chez nos voisins du Sud, les dunes de Merzouga, au Maroc, les Cinque Terre, en Italie, la Sagrada Familia, en Espagne.
En affaires à son compte, Lima est propriétaire de deux entreprises, Muse Promo, une agence de promotion spécialisée dans le monde de la microbrasserie, et Savoure ton yoga.