Appel à témoignage contre la maltraitance aux aînés dans l’agglomération de Longueuil

Les membres du Comité droits des aînés en résidences privées de l’agglomération de Longueuil et l’équipe du domaine d’expertise pour contrer la maltraitance du Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS) du CIUSSS du Centre Ouest-de-l’Île-de-Montréal présentent un projet de recherche « Comprendre les situations des locataires âgés vivant des difficultés avec les propriétaires et/ou les employés de leur résidence privée pour aînés : Perspectives des locataires âgés et de leurs proches ».

La maltraitance, ça existe aussi dans les résidences pour personnes âgées (RPA). Le constat est fait depuis longtemps. Aujourd’hui, le CREGÉS, mandaté pour s’intéresser à cette situation dans l’agglomération de Longueuil, souhaite trouver des solutions pour prévenir la maltraitance ou réduire les conséquences négatives pour des locataires âgés vivant dans des RPA.

Mélanie Couture, chercheuse au CREGÉS du CIUSSS du Centre Ouest-de-l’Île-de-Montréal, fait des recherches dans ce champ d’expertise depuis 2012. En 2018, elle est approchée par le Comité pour s’intéresser à plusieurs cas de maltraitance « avant la COVID-19 », précise-t-elle. En faisant ses recherches, elle remarque qu’il n’y a quasiment aucune étude qui parle de maltraitance dans les RPA. « Pour être en mesure d’agir, il faut décrire le phénomène afin de bien le saisir. »

L’objectif de la chercheuse, une première au Québec, pourra donc bénéficier à tous.
En ce moment, Mme Couture cherche des témoignages de personnes dans les RPA qui ont été dans une situation de maltraitance. « Pour l’instant, j’ai réussi à avoir un proche aidant et deux aînés, mais c’est difficile de trouver des personnes qui veulent témoigner. » Mme Couture se heurte à cette difficulté même si « l’agglomération de Longueuil est un très bon bassin pour développer cette initiative, car les acteurs sont très ouverts à cette problématique. On veut agir, même au niveau provincial, mais c’est très long à implanter ». Il est possible de joindre Mme Couture au 514 484-7878 poste 61489, ou à l’adresse courriel melanie.couture.cvd@ssss.gouv.qc.ca

« Pour l’instant, j’ai réussi à avoir un proche aidant et deux aînés, mais c’est difficile de trouver des personnes qui veulent témoigner. » – Mélanie Couture

La Table de concertation régionale de la Montérégie, instance régionale responsable de la mise en place d’initiatives de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, a octroyé, dans le cadre de l’Alliance pour la solidarité, un soutien financier de 102 260 $ pour la réalisation de cette étude, dont 90 300 $ proviennent du Fonds québécois d’initiatives sociales (FQIS), en collaboration avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

En 2017, de nombreux acteurs du milieu communautaire se sont regroupés afin de créer le Comité droits des aînés en résidences privées de l’agglomération de Longueuil. Le Comité a mis en place un projet de recherche visant à relever des situations préjudiciables et à décrire ces contextes.

« À travers nos rencontres du milieu communautaire de l’agglomération de Longueuil, de nombreuses situations problématiques au sein de RPAont été rapportées, et ce, presque toutes les semaines », indique Noëlline Lagacé, des Habitations Paul-Pratt, organisme faisant partie du Comité.

Ce projet est rendu possible grâce à l’implication des organismes suivants : le Centre de transformation du communautaire (FIACL), les Habitations Paul-Pratt (HPP) et l’équipe du Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÈS) du CIUSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, la Ville de Longueuil et Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications, députée de Montarville.

Un mal bien présent
Déjà, en 1990, les études de prévalence canadienne estimaient que de 4 à 7 % des personnes aînées étaient victimes de maltraitance. Au Québec, en 2020, une récente enquête sur la maltraitance envers les personnes aînées, de l’Institut de la statistique du Québec, a démontré que 5,9 % des personnes vivant à domicile et pouvant elles-mêmes répondre au questionnaire téléphonique ont vécu de la maltraitance dans les 12 derniers mois. « Ces statistiques sont conservatrices, puisqu’une grande partie des situations de maltraitance ne sont pas dénoncées », de préciser Mme Couture.
Selon le gouvernement « Il y a maltraitance quand un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée , intentionnel ou non, se produit dans une relation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause du tort ou de la détresse chez une personne aînée ».

« La maltraitance peut prendre plusieurs formes : psychologique, physique, sexuelle, matérielle ou financière, violation des droits, organisationnelle, âgisme…», d’ajouter Mme Couture.

En juin 2021, un projet de loi a été déposé à l’Assemblée nationale du Québec dans le but de renforcer la loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité. L’article 14 de la loi prévoit une cueillette systématique d’information à l’échelle provinciale sur les situations de maltraitance envers les personnes aînées.
Malheureusement, peu d’établissements publics ou privés ont établi une politique contre la maltraitance. Au 31 décembre 2020, 20 % des établissements publics et 52 % des établissements privés n’avaient rien fourni, selon un mémoire mené par Emploi et Développement social Canada le 15 septembre 2020, visant l’élaboration d’une définition stratégique fédérale des mauvais traitements envers les aînés.

« Le Québec est quand même rendu plus loin que le Canada sur la question. On n’est plus à définir ce qu’est la maltraitance chez les aînés; on essaye de mettre des choses en place », indique Mme Couture.
Les résultats de l’étude devraient être dévoilés en 2023 et sont attendus par le gouvernement « pour voir les mesures qui pourraient être mises en place », de conclure Mme Couture.