L’objectivité de la Ville, dans le dossier de La Futaie, remise en question

Des allégations troublantes

Des faits troublants ont été révélés lors de l’assemblée publique de la semaine dernière : un des avocats de la firme Bélanger Sauvé, qui représente la Ville de Saint-Bruno au plan juridique, est membre du conseil d’administration de l’Institut de développement urbain du Québec, lequel a été cofondé par le sénateur libéral Paul J. Massicotte, promoteur de La Futaie. Liens qui ont remis en question la relation entre la Ville et M. Massicotte.

Après vérification, le journal Les Versants a en effet découvert que M. Massicotte a été l’un des directeurs-fondateurs de l’IDU Québec, pour lequel il a de plus été administrateur, président du conseil d’administration et président.

Selon le site Internet de l’IDU Québec, celui-ci est « un organisme indépendant et sans but lucratif. En tant que principal porte-parole de l’industrie immobilière commerciale au Québec, l’IDU Québec agit à titre d’intermédiaire entre les professionnels de l’industrie et les instances gouvernementales. L’IDU Québec regroupe des promoteurs, des développeurs et des gestionnaires immobiliers, des investisseurs et des prêteurs, ainsi que des professionnels œuvrant dans des secteurs connexes. […] » Ces informations pourraient laisser croire que l’un des mandats de l’IDU Québec est de faire du lobbying auprès des instances gouvernementales, dont les municipalités, pour faciliter les projets des promoteurs immobiliers.

Aucun conflit d’intérêts

L’avocat de la firme Bélanger Sauvé, soupçonné par des citoyens d’intervenir auprès de la Ville dans le dossier de La Futaie, est Me Pierre B. Paquin. En entrevue avec le journal, Me Paquin a confirmé sa position au sein de l’IDU Québec et a soutenu n’être nullement en conflit d’intérêts dans le dossier de La Futaie, puisqu’il ne travaille pas avec la Ville. Ses spécialités sont l’aménagement urbain et l’environnement, et c’est d’ailleurs ce qui justifie qu’il s’occupe du comité de l’environnement à l’Institut. « Le comité a pour mission d’amener les membres à comprendre les préoccupations et les enjeux environnementaux. Par ailleurs, je ne connais pas M. Massicotte, je ne l’ai jamais rencontré et je pense même qu’il a quitté l’Institut avant que j’en devienne membre », précise Me Paquin.

Par la même occasion, l’avocat a tenu à rectifier le statut et le mandat de l’IDU Québec : « L’Institut est essentiellement un regroupement de propriétaires d’immeubles commerciaux. Il n’y a pas de membres qui font du développement résidentiel, puisque ce n’est pas du tout la mission de l’IDU, et si cela arrive, c’est vraiment accessoire. De plus, je ne pense pas que l’IDU ait un quelconque contact avec la Ville de Saint-Bruno », souligne-t-il. 

Non, c’est non!

Le maire de Saint-Bruno, Claude Benjamin, est outré des allusions qui ont été faites à son égard et à celle de son administration quant aux relations qu’ils entretiendraient avec M. Massicotte. « Des liens entre le promoteur et moi, il n’y en a pas, il n’y en a jamais eu, et il n’y en aura jamais. Le seul lien qui existe entre le promoteur et la Ville, est qu’elle s’apprête à accepter la réalisation de son projet », de mentionner M. Benjamin, insistant sur le fait qu’il n’a rencontré que deux fois le sénateur.