« C’est un pas dans la mauvaise direction »

« Après 15 ans, l’opposition au registre des armes d’épaule est plus forte que jamais et avec le vote de ce soir, son abolition est plus proche que jamais », avait mentionné le premier ministre Stephen Harper en septembre 2010, après le premier vote de modification du registre des armes d’épaule, perdu par deux voix. Un an et demi après, il est revenu à la charge avec son projet de loi C-19 et a remporté son pari avec 159 voix contre 130. La décision des conservateurs est, selon le député néo-démocrate de Chambly – Borduas, Matthew Dubé, « un pas dans la mauvaise direction ».

« Je pense que notre position au NPD était assez claire depuis le début, nous sommes contre l’idée d’abolir le registre, d’exprimer M. Dubé. Sachant que le gouvernement s’orientait pour le faire, nous avons tenté de convaincre les députés de sauver au moins les données qui touchent le Québec pour permettre à la province de mettre sur pied un nouveau registre avec ses réalités, ce qui était clairement la volonté du gouvernement québécois. »

L’abolition du registre se fera petit à petit. Maintenant que le projet de loi a été accepté par la majorité des députés de la Chambre des communes, celui-ci doit passer dans les mains du Sénat qui donnera oui ou non son aval à une future loi. D’ici toutes les étapes complétées, Matthew Dubé souligne tout de même son inquiétude face à la sécurité publique.

« Je ne pense pas que ce soit la goutte qui fasse déborder le vase, au niveau de la violence avec les armes à feu, mais en même temps, c’est un pas dans la mauvaise direction. C’est entreprendre des idées qui justement mènent de plus en plus vers l’insécurité. Je ne pense pas que l’on soit au point de non-retour encore, mais ça fait juste nous rappeler à quel point il faut travailler fort pour s’assurer que ce genre de mesures là reste en place », indique-t-il.

Une impression de sécurité?

Au cours du processus du projet de loi, le ministre de la Sécurité publique a allégué que le registre ne faisait que donner l’impression aux gens d’être en sécurité; ce qui, pour M. Dubé, n’était pas une mauvaise nouvelle en soi.

« Si les citoyens sont prêts à payer pour un outil qui leur donne cette impression, alors pourquoi ne pas le garder en place? Dans un contexte où il est prouvé que le taux de suicide, par exemple, est beaucoup plus élevé dans les résidences où se trouve une arme à feu, maintenir le registre aurait pu en décourager plus d’un, étant donné l’effort supplémentaire à fournir pour se procurer une arme. »

Parlant de budget, selon le député fédéral, utiliser l’argument des dépenses engendrées par la sauvegarde du registre est une grosse erreur. « Ce n’est pas le coût du maintien du registre qui est le plus onéreux, c’est le coût initial pour sa mise sur pied, en 1995, énonce-t-il. Les deux milliards de dollars de l’époque sont de toute façon dépensés. Qu’est-ce qu’un ou deux millions de dollars par année aujourd’hui pour rassurer la population? »