S’attaquer aux messagers pour éviter de répondre aux vraies questions et de débattre du fond des choses
Quelques personnes proches de l’Alliance municipale, le parti du maire Benjamin, ont accepté récemment d’être les signataires de lettres dont le contenu tient plus de la démagogie que de l’argumentaire fondé : on s’attaque aux personnes quand on ne peut plus s’attaquer aux idées. Or, combien, parmi les signataires de ces lettres, assistent régulièrement aux séances du conseil municipal? Y en a-t-il parmi eux qui ont soumis des mémoires lors des consultations publiques sur le projet de Plan de conservation des milieux naturels ou sur le projet de Plan métropolitain d’aménagement et de développement? Ont-ils même eu vent de ces consultations? Il est permis d’en douter. Mais voilà, toute opposition à cette administration est perçue, par certains individus, comme un crime de lèse-majesté.
Pourtant, il suffit de regarder autour de soi pour constater que Saint-Bruno se développe très mal et en contradiction flagrante avec les principes modernes du développement urbain. Et pour justifier ce développement débridé, on nous sert la sempiternelle raison des recettes fiscales, alors qu’il faudrait plutôt, dans un premier temps, s’interroger sur l’utilisation qui est faite des revenus dont dispose déjà la municipalité.
Prenons l’exemple du controversé projet de la Futaie du sénateur Massicotte dans le Boisé des Hirondelles. Ce projet de 30 maisons laissera un montant net d’environ 81 000 $ dans les coffres de la Ville. C’est bien peu quand on songe aux plus de 600 000 $ que coûte annuellement la course aux fleurons horticoles de la Ville, soit l’équivalent de six boisés des Hirondelles. En ce qui nous concerne, notre choix est fait et il n’a rien à voir avec le syndrome « pas dans ma cour ». À tout prendre, nous préférons sauvegarder les milliers d’arbres matures du Boisé des Hirondelles, milieu aussi très riche en plantes rares et menacées, et en faire un peu moins côté plantes exotiques annuelles!
Mais plus largement, il faut s’interroger sur la gestion de l’administration municipale actuelle. À titre illustratif, la comparaison avec Sainte-Julie montre que la Ville de Saint-Bruno a une masse salariale de 23 % supérieure à celle de Sainte-Julie (12,8 millions de dollars versus 10,4 millions), alors que Saint-Bruno compte 12 % de moins d’habitants (25 804 versus 29 318). Un tel écart en rémunération correspond à 30 boisés des Hirondelles, une surface équivalente à 30 % du Parc national du Mont-Saint-Bruno. Deux exemples qui, vous en conviendrez, justifient que nous nous inquiétions des décisions prises par cette administration depuis 2006 et, surtout, de leurs conséquences pour le futur de Saint-Bruno, notamment en ce qui a trait à l’évolution de la dette municipale, qui est passée de 38,4 millions en dollars en 2006 à 72,9 millions en 2010 (90 % d’augmentation).
Qu’arrivera-t-il le jour où tout aura été construit avec, en corollaire, un milieu de vie fortement dégradé? Il est devenu urgent d’y réfléchir. Selon les projections démographiques 2011-2031 pour la couronne sud, dont Saint-Bruno fait partie, les 65 ans et plus compteront pour 84 % de l’augmentation de la population durant cette période (111 000 personnes sur 132 000). Point n’est besoin d’être devin pour en jauger les conséquences, entre autres sur l’habitat et l’offre de biens et services. Sommes-nous prêts à vivre ces changements et à faire les ajustements requis?
Sans compter que notre planète souffre de notre inconscience à son égard. Le niveau de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère ne cesse de croître et la courbe des températures suit le même chemin. Il faut cesser d’être indifférents. Il faut apprendre à penser globalement et à agir localement. Avec tout le potentiel humain, environnemental et économique dont elle dispose, notre municipalité peut-elle être à l’avant-garde plutôt qu’à la remorque d’un modèle économique obsolète, sur ce petit bout de territoire qui est le sien? Peut-elle se donner une vision axée sur l’efficacité, l’efficience et l’excellence?
Nous déplorons, par ailleurs, cette triste habitude de présenter le parti du maire Benjamin comme l’héritier légitime du regretté Marcel Dulude. Nous sommes loin d’être convaincus que ce dernier se reconnaîtrait dans ce parti qui a bêtement baissé les bras dans le dossier de l’agglomération, une structure bancale qui coûte annuellement des millions de dollars aux Montarvillois. Il s’agissait pourtant d’une promesse électorale de l’équipe Benjamin lors des élections de novembre 2006 et de novembre 2009. Tout comme cette autre promesse non tenue de faire un Agenda 21 local, c’est-à-dire de définir avec la population et ses différents acteurs économiques et institutionnels un projet concerté et intégré d’occupation du territoire. Sans parler du flop monumental du projet de CPE de 68 places qui devait ouvrir ses portes en septembre 2010, alors que les besoins de places en garderie sont criants à Saint-Bruno.
Il y aurait encore beaucoup à dire, notamment en ce qui concerne les séances du conseil municipal qui se déroulent dans un climat extrêmement tendu et en présence de représentants de la force policière. Est-ce là une façon de gouverner? Nous sommes d’avis que les Montarvillois, tous les Montarvillois, méritent mieux. Nous ne sommes pas une « minuscule poignée de chialeurs professionnels », comme veulent le faire croire certains, ni des radicaux ou des extrémistes, mais des citoyens engagés qui veulent que leur communauté en soit vraiment une. En leur temps, ceux qui ont lutté pour la création du Parc national du Mont-Saint-Bruno ont vraisemblablement eu à subir ce même ce genre de sarcasmes!
C’est pourquoi nous entendons organiser au cours des prochains mois des rencontres citoyennes pour échanger sur les principaux enjeux auxquels nous sommes confrontés, afin de trouver ensemble – et non pas derrière des portes closes – les solutions aux immenses défis qui nous attendent. Nous voulons jouer à livre ouvert. Êtes-vous partants?
Michèle Archambault, analyste financière, B. COM
Conseillère municipale, district 8
Martin Murray, M. Dém., M. Sc. Écon., MBA, CGA
Chef du Parti montarvillois