Le parti d'un homme seul

On dit que ceux qui ne se rappellent pas l’histoire sont destinés à la répéter. Ce conseil n’a pas été suivi par François Legault qui, en diluant son programme électoral pour plaire à tout le monde, a commis les mêmes erreurs que Mario Dumont il y a quelques années. Ainsi, au lieu d’être une force de changement nécessaire à la prospérité de notre nation, la Coalition avenir Québec (CAQ) est devenue une usine à positions contradictoires et improvisées, ce qui n’est pas sans rappeler l’amateurisme qui a mené l’ADQ à sa perte.

Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les multiples déclarations irréfléchies des membres de la CAQ. Par exemple, que penser du patinage des députés Bonnardel et Grondin au sujet des coupes dans les agences de santé? Que dire de la proposition loufoque et démentie de restreindre les familles du Québec à une automobile seulement? Est-ce que la CAQ sera un véhicule pour la souveraineté dans quelques années ou est-ce que son aile libérale forcera le départ de François Rebello? Cela fait beaucoup d’orientations ambiguës, un peu comme la récente volte-face de François Legault qui, tout en appuyant Jean Charest au sujet de la hausse des frais de scolarité, promet maintenant une augmentation des dépenses de l’aide financière.

Tout ce manque de cohésion et de sérieux est inacceptable pour un parti politique qui vise à diriger le Québec. Les excuses et corrections répétées de François Legault finissent par lasser, et elles démontrent à quel point la CAQ n’est finalement que le parti d’un homme seul, incapable de résister aux volontés d’opportunistes qui ont vu en lui une bonne occasion de faire carrière en politique.

Aujourd’hui, la CAQ n’est plus qu’une girouette qui, sans véritable capitaine pour tenir le cap, n’attend que les prochaines élections pour disparaître. Tel Michael Ignatieff l’an dernier ou Mario Dumont en 2008, il est fort probable que François Legault reparte chez lui si on le force à être dans l’opposition. Dans son cas, ce serait pour la deuxième fois, alors qu’il a quitté le PQ en 2009 pour des raisons similaires.

Entretemps, il ne reste plus qu’à espérer la montée d’un parti politique qui n’aura pas peur de redresser l’État québécois. Cela risque fort de contrarier les nombreux groupes qui profitent du statu quo depuis de nombreuses années, mais la situation actuelle doit changer. Le Québec peut et doit faire mieux.

Nicolas Godin,

Saint-Bruno-de-Montarville