Ce n’était pas il y a cent ans

Monsieur le Maire Benjamin,

Dans une lettre au journal Les Versants en date du 30 août 2011, vous écriviez : « La nostalgie, il faut savoir en sortir. Le bruit qui nous vient de la 116, de la 30, de la voie ferrée et enfin des avions qui survolent notre territoire, notre administration n’y est pour rien. Il nous faut, au lieu de regretter le silence qui régnait au début du 20e siècle, tenter d’atténuer les divers bruits le plus possible. Et ce, en commençant tout d’abord par nous discipliner nous-mêmes, en n’emmerdant pas nos voisins, tout particulièrement les fins de semaine. »

Précision : nous sommes arrivés à Saint-Bruno en l’an 2000 et c’était alors une ville champêtre et nous pouvions entendre le silence. Nous étions à la première année du 21e siècle. Ce n’était pas il y a cent ans.

Moi qui croyais bien naïvement que l’administration de Saint-Bruno (comme toute autre Ville) se devait d’être la partenaire et la messagère des préoccupations citoyennes. Vos écrits démontrent, il est bien clair, que je me suis trompé. Le bruit, monsieur, est fait par des humains, et la Ville doit tout mettre en œuvre pour l’atténuer. Évidemment, je suis d’accord pour que les citoyens se disciplinent, mais quand un citoyen récidive et fait son gazon le dimanche matin, c’est la responsabilité de la Ville de faire appliquer le règlement.

Lorsque la Ville a émis des permis pour la construction de condos sur le boulevard de Boucherville au sud 116, il lui incombait une responsabilité sur le bruit que doivent subir les résidants. En développant le sud 116 sans exiger des promoteurs des murs antibruit, elle a également manqué à ses responsabilités. Les temps ont changé (préoccupations environnementales au sens large incluant le bruit). Ce que je comprends de votre position, Monsieur Benjamin, c’est que le bruit, c’est trop compliqué, que chacun alors se discipline et endure, telle est votre réponse. C’est le drame des citoyens face aux politiciens : ces derniers ne sont jamais responsables de rien. Ils se défilent face à leurs responsabilités ou erreurs passées.

Pour analyser l’état de la situation, vous avec effectué un sondage sur le bruit… en février 2011, lorsque portes et fenêtres sont fermées! Une insulte à l’intelligence et au bon sens et une excellente façon de noyer le poisson et de nous dire qu’en définitive, le problème n’est pas si grave.

À partir du moment où les sons entendus par l’oreille sont non désirés, excessifs et socialement inutiles, ils deviennent des bruits. Jusqu’au milieu des années 1990, la plupart des experts considéraient le bruit comme une nuisance environnementale parmi d’autres. Pourtant, ses effets physiologiques et psychologiques sont bien réels. Au point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le qualifie désormais de « menace pour la santé publique ». On ne s’habitue pas au bruit, on le subit avec des conséquences sur notre santé, surtout chez les enfants (sommeil, système cardio-vasculaire, etc.)

Quand, Monsieur Benjamin, pendant la dernière campagne électorale fédérale, vous avez apposé votre signature avec les autres maires de l’agglomération demandant que l’aéroport de Saint-Hubert soit rénové pour y accueillir « les avions d’affaires, le transport régulier régional et les vols nolisés spécialisés » et qu’une aérogare y soit construite sans consultation et informations envers nous, citoyens, tout en sachant que Saint-Bruno sera la première ville affectée et sans exiger des études d’impact, vous avez contribué par ce geste à l’augmentation future du bruit des avions à Saint-Bruno. Vous dites aux citoyens : les Pascam de l’aviation qui nous réveillent au petit matin, tard le soir et quelquefois la nuit, et bientôt les Porter, vous êtes tous bienvenus pour venir faire tout le bruit que vous voulez au- dessus du territoire de Saint-Bruno.

Quand vous avez déclaré que les écoles de pilotage sont là pour rester, vous encouragez ces dernières à utiliser effrontément l’espace aérien des quartiers résidentiels de Saint-Bruno comme « terrain d’entraînement » avec des avions bruyants d’un autre âge. Ces avions crachent des gaz toxiques contenant du plomb, en plus d’être une source importante de pollution sonore. Jamais je ne vous ai entendu dire que les écoles de pilotage devraient être déménagées et constituaient une véritable nuisance.

Jean-Claude Bergeron,

citoyen de Saint-Bruno et membre du Regroupement des Montarvillois contre le bruit des avions.