Pénurie d’ail québécois

Notre province raffole de l’ail et les Québécois en demandent de plus en plus chaque année. Pourtant, il s’agit d’un aliment qui dépend fortement de l’importation pour satisfaire la demande.

un texte de Cybèle Olivier

Un sondage du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec mené auprès de 267 entreprises productrices cultivant l’ail a présenté des résultats concluants en 2018. Près de la moitié des répondants envisagent de doubler leur production en 2019. Une augmentation nécessaire s’ils désirent satisfaire la demande.

La consommation d’ail frais au Canada est près de cinq fois plus importante qu’elle était il y a 30 ans, selon Statistiques Canada. Au Québec, la superficie consacrée à cette culture est passée de 30 à 192 hectares (près de 2 km2). Malgré cette spectaculaire progression, les importations d’ail ont fait un bond de 117 % durant la même période.

« Il n’y a pas assez de producteurs, car c’est une culture difficile à faire. Les terres coûtent cher et la production demande du temps. » – Roxanne Dubuc

Un manque de producteurs
De toute évidence, les Québécois ont un faible pour l’ail. Toutefois, ce n’est que 10 % de l’ail consommé au Québec qui est local. Selon Roxanne Dubuc, propriétaire de la ferme Ail Ail Ail, cela s’explique par un manque de spécialistes ailliculteurs. « Il n’y a pas assez de producteurs, car c’est une culture difficile à faire. Les terres coûtent cher et la production demande du temps », a expliqué la jeune propriétaire.

Un avis partagé par plusieurs, dont Lucie Forcier, une aillicultrice de Boucherville. « Tous s’entendent pour dire qu’il faut plus de grands producteurs. » (Exergue) Toutes deux expliquent que le problème n’est pas la présence d’ail au Québec, mais la possibilité de le distribuer aux acheteurs. Elles se butent donc au même problème : la difficulté de vendre leurs productions aux IGA, Provigo et Maxi de ce monde. Selon elles, ce sont les grandes productions d’ail qui font l’objet de leur convoitise et le Québec n’en a pas assez.

Serge Pageau, propriétaire de La Garlic et ancien président d’Ail Québec, nous décrit ce problème : « Les grands centres de distribution comme IGA ne peuvent pas faire affaire avec une quinzaine de détaillants différents. Ils préfèrent en avoir deux ou trois qui vont les fournir à longueur d’année avec de grandes quantités. » Au Québec, la majorité des producteurs d’ail sont des maraîchers. L’ail ne constitue pas toujours leur production principale et les quantités qu’ils produisent sont insuffisantes pour la vente au détail. Leurs profits proviennent majoritairement de la vente à la ferme ou des marchés publics.

Toutefois, pour Serge Pageau, il ne suffit pas de produire de grandes quantités, mais de savoir les conserver 12 mois par année. Bien qu’on puisse préserver l’ail presque un an dans notre domicile, les producteurs n’arrivent pas à faire de même à la ferme après leur récolte et donc, ne peuvent fournir les détaillants. Le producteur explique ce problème par un manque d’investissement en chambre de conservation.

Dans notre assiette
En effet, pour que l’ail d’ici puisse se tailler une place dans notre assiette, l’association Ail Québec a renouvelé l’entente avec Aliments du Québec, qui lui permet d’afficher le logo officiel certifiant que le produit est 100 % québécois. « L’ail du Québec est très prisé et on vise à mieux faire connaître les avantages de consommer l’ail de chez nous», de soutenir Marie Beaudry, directrice générale d’Aliments du Québec.

Parmi les efforts déployés, on mentionnera l’importance des événements organisés par divers groupes. La Semaine de l’ail, créée en septembre 2018, en fait partie, tout comme L’Expo Manger Santé et le Colloque bio pour tous, qui font rayonner l’ail québécois.

Les producteurs invitent donc la population à se renseigner sur la qualité et les nombreux de vertus de l’ail québécois.