Plus de 100 cerfs à abattre à Saint-Bruno

Québec s’apprête à éliminer quelque 120 cerfs de Virginie dans le parc national du Mont-Saint-Bruno. La Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) va déployer son plan d’intervention pour la protection des milieux naturels d’ici les prochains mois.  

Du côté des Îles-de-Boucherville, ce sont près de 380 bêtes qui pourraient être abattues. « C’est un plafond, 500. Ce serait surprenant d’aller jusque-là », tempère le responsable des relations médias de la Sépaq, Simon Boivin.

« D’ici la fin de février 2024. » – Simon Boivin

La Sépaq avait annoncé il y a plus d’un an et demi, en février 2022, qu’elle travaillait sur un plan d’intervention pour la protection des milieux naturels afin de protéger les écosystèmes contre la surabondance du cerf de Virginie. Aujourd’hui, elle parle d’une « opération responsable et essentielle » qui se traduira par une méthode de tir de précision. 

Les autorisations nécessaires ont été obtenues auprès du ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, à la Faune et aux Parcs (MELCCFP), qui a accompagné la Sépaq dans la réalisation de son plan d’intervention. Une décennie de travail, d’études, de débats d’experts, de recherches qui culminent dans cette réglementation. « Il existe enfin un cadre légal et scientifique qui nous permettra de passer à l’action et commencer le travail de restauration de la biodiversité perdu au fil des ans. C’est certainement une grande avancé dans la bonne direction qui va assurer la pérennité de la faune et la flore de notre parc national », commente le président de la Table d’harmonisation du Mont-Saint-Bruno et membre administrateur de la Fondation du Mont-Saint-Bruno, le conseiller municipal de Saint-Basile-le-Grand Denis Vézina.    

Du côté du parc Michel-Chartrand, à Longueuil, la Ville a récemment reçu l’autorisation de la Cour supérieure du Québec pour réduire le cheptel d’une centaine de chevreuils.  

La Sépaq ne veut pas dévoiler la date exacte du début du plan d’intervention sur le territoire des deux parcs nationaux ni, d’ailleurs, les détails de ladite opération. « Ce plan d’intervention entraîne des risques. La Sépaq ne veut pas attirer la curiosité des citoyens », plaide Simon Boivin, en entrevue avec Les Versants.

Toutefois, il confirme que l’initiative se déroulera d’ici la fin de l’hiver, plus précisément « d’ici la fin de février 2024 pour éviter un autre cycle de naissance au printemps ». 

Fondation du Mont-Saint-Bruno

Dans un communiqué, la Fondation du Mont-Saint-Bruno se dit en faveur de la décision du gouvernement du Québec d’autoriser la Sépaq à diminuer le nombre de chevreuils dans ses parcs, dont celui du Mont-Saint-Bruno, « où la détérioration de la biodiversité ne cesse de s’aggraver ». Le développement urbain provoque depuis des décennies la fragmentation des milieux naturels et l’élimination des prédateurs, deux causes importantes à l’origine de la surabondance des cerfs. « Il est maintenant devenu urgent de régler le problème que nous avons causé si nous voulons assurer l’avenir des cerfs de Virginie et la diversité biologique au mont Saint-Bruno », souligne le président de la Fondation, Alain Fréchette. 

Préserver les écosystèmes 

Le plan d’intervention pour la protection des milieux naturels afin de préserver les écosystèmes « vise à contrer les impacts négatifs importants de la surpopulation de cerfs sur la biodiversité, la santé publique et les cheptels eux-mêmes : dégradation du milieu naturel en raison du broutage excessif, raréfaction de certaines espèces végétales et animales, risques accrus de propagation de la maladie de Lyme et de collisions routières, dommages aux propriétés avoisinantes et aux récoltes ».

À Saint-Bruno, des collisions avec des cerfs ont été rapportées à plusieurs occasions, notamment sur le rang des Vingt-Cinq, aux abords de la montagne. Il y a quelques semaines, un chevreuil gisait aussi le long de la route 116.

Les parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville sont des îlots précieux de biodiversité en milieu périurbain, à proximité de Montréal. Selon les inventaires menés l’hiver dernier, les bêtes représentent des densités respectives de 25 cerfs/km2 et de 40 cerfs/km2, soit bien au-delà de la capacité de support du milieu. À Saint-Bruno-de-Montarville, ce sont 353 bêtes qui ont été répertoriées, ce qui représente, selon la Sépaq, cinq fois la densité recherchée optimale. À Boucherville, c’est huit fois la densité recommandée. « Dans les deux cas, on parle d’une augmentation de 119 % en deux ans. C’est un très haut taux », illustre Simon Boivin. 

L’opération de contrôle de population vise à réduire à terme ces densités entre 5 à 10 cerfs/km2, de manière à favoriser la régénération de la végétation et offrir un environnement propice à la présence de différentes espèces animales.   

« Le contrôle de la population par tir de précision est considéré comme une méthode appropriée et soucieuse du bien-être animal par diverses organisations, dont le Conseil canadien de protection des animaux et l’American Veterinary Medical Association », déclare la Sépaq dans un communiqué. « Le gouvernement a effectué une modification règlementaire qui permet l’utilisation d’engins de chasse, d’armes à feu dans les parcs nationaux pour un contrôle de la population animale », précise le porte-parole de la Sépaq.   

Vigilance et sécurité

Une entreprise québécoise sera à la tête de spécialistes expérimentés en contrôle de la population. Tout sera mis en place afin de favoriser le succès du plan d’intervention dans un environnement sécuritaire. Les visiteurs devront faire preuve d’une vigilance particulière à l’affichage sur place et un respect strict des consignes quant aux heures d’ouverture et à l’accessibilité aux deux parcs nationaux est demandé au cours des prochains mois.