Northvolt a amorcé les démarches pour compenser la perte des milieux naturels

En entrevue avec Les Versants à propos de Northvolt, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoît Charette, s’est prononcé sur l’engagement de l’entreprise à compenser son impact sur les milieux humides et naturels. 

« Il y a deux volets de compensation, et c’est inhabituel. Il y en a un qui est monétaire. Il y a aussi un volet de compensation en superficie. La condition que nous avons posée pour que le geste soit significatif, c’est que ça doit être sur un seul terrain », répond d’abord le ministre Charette.

Un seul site

En ce sens, Northvolt confirme que le ministère demande un seul site contigu plutôt que plusieurs petits îlots afin de permettre que l’espace puisse servir à la protection de la biodiversité.  

Pour obtenir le permis délivré par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCFFP), Northvolt s’est engagée, entre autres, à compenser l’impact qu’il aura sur les milieux humides et naturels.  

Pour les pertes de milieux humides, Northvolt verse une contribution financière de 4,75 M$ au Fonds de protection de l’environnement et du domaine hydrique de l’État.   

Pour les pertes de milieux naturels pour la biodiversité, la création/restauration et/ou conservation de milieux naturels sur une superficie de 30 à 50 hectares contigus est demandée par le gouvernement. « C’est sur un seul terrain, le plus près possible de Northvolt. L’entreprise fait ses démarches de son côté. Elle est accompagnée du ministère de l’Environnement. C’est un travail bien amorcé de la part de l’entreprise », précise M. Charette.     

Sur une période de six ans

Northvolt dispose de 36 mois pour soumettre une proposition qui rencontre les exigences du MELCFFP. Les travaux de création, de restauration et/ou de conservation de milieux naturels conformes à cette proposition doivent être effectués au plus tard dans les 36 mois suivants.

Contactée par le journal, Northvolt répond que l’annonce du projet de compensation a généré des propositions que sa direction de l’environnement est en train d’analyser. À la demande du ministère, les terrains localisés dans le bassin versant de la rivière Richelieu seront d’abord privilégiés. « Puis dans cet ordre, les sites dans la MRC de la Vallée-du-Richelieu, dans la Montérégie ou encore dans la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Nous comptons travailler avec les autorités locales, dont la CMM et les municipalités, pour identifier les meilleurs sites où réaliser cet engagement », mentionne la porte-parole de Northvolt, Emmanuelle Rouillard-Moreau. 

Benoît Charrette affirme que dans son rôle, il est parfois témoin de « mauvais élèves » qui essaient de contourner la réglementation. Ce ne serait pas le cas avec Northvolt. « Nous avons leur pleine collaboration. Je ne suis pas inquiet que ces conditions soient respectées. »   

Terres agricoles

Le 29 janvier, la Fédération de l’UPA de la Montérégie s’immisçait dans le dossier Northvolt. Dans un communiqué, l’instance se disait préoccupée par l’annonce de la compensation exigée à l’entreprise suédoise. « Il n’y a pas de règle du un pour un en mesure compensatoire. Le milieu d’origine qui sera détruit a toujours une valeur écologique supérieure à celui qui sera créé. On doit donc aménager un milieu humide anthropique d’une superficie plus importante pour limiter les impacts sur la biodiversité. Ce milieu humide de remplacement de 30 à 50 ha d’un seul tenant se retrouvera en zone agricole », dénonce son président, Jérémie Letellier. 

Quand on lui demande si les terres agricoles pourraient être considérées dans le projet de compensation, le ministre de l’Environnement déclare qu’elles ne seront « certainement pas privilégiées, encore moins des terres en culture ». Le gouvernement les éviterait. « Ce n’est pas parce qu’un terrain est zoné agricole qu’il est utilisé à des fins d’agriculture ou qu’il n’a pas de valeur pour la biodiversité. Ce sera un critère aussi. Il peut être zoné agricole, avoir une valeur biologique qu’on voudra préserver… mais je ne dis pas que c’est une option qui peut être retenue! Mais je confirme qu’on ne veut pas enlever des terres en culture pour compenser la perte de milieux humides », soutient Benoît Charette.   

Questionnée à ce propos, Northvolt affirme qu’elle ne souhaite pas que des terres actuellement cultivées fassent partie du projet de création, de restauration et/ou de conservation de milieux naturels. « Toutefois, il est possible que certains terrains se retrouvent en zone agricole. En revanche, plusieurs sites que nous avons identifiés ne sont pas en zone agricole. Nous poursuivons nos démarches afin de trouver le meilleur endroit où réaliser ce projet », déclare Emmanuelle Rouillard-Moreau. Selon elle, des terres en friches ne seraient pas considérées.

Notons que la superficie à remplacer entre 30 et 50 ha n’est pas encore connue. Elle dépendra du terrain identifié et de ses caractéristiques pour la biodiversité. « Par exemple, un site plus petit mais très important pour la faune pourrait être plus adéquat qu’un vaste site », explique Emmanuelle Rouillard-Moreau.

Au final, les spécialistes de la Faune au gouvernement du Québec devront confirmer que le site sélectionné rencontre les critères de protection.