Vers un nouveau conseil municipal à Saint-Basile

Quatre ans après avoir élu un nouveau conseil municipal, les citoyens de Saint-Basile s’apprêtent, d’ici un mois, à choisir qui les représentera. Les électeurs sont appelés aux urnes le 7 novembre.

Le 11 septembre 2017, le chef du Parti grandbasilois (PG) d’alors, Bernard Gagnon, crée une onde de choc dans Saint-Basile. Maire incontesté depuis 27 ans, M. Gagnon annonce qu’il ne sollicitera pas un huitième mandat. Il se retire.

Ainsi s’amorce une campagne électorale qui mènera finalement à l’élection du candidat indépendant à la mairie, Yves Lessard, et de six conseillers municipaux, dont quatre indépendants. Parmi eux, Richard Pelletier, Guy Lacroix et Émile Henri font leurs premiers pas en politique. Josée LaForest, une conseillère d’expérience, fait partie de l’équipe. Line Marie Laurin et Valérie Sirois, du PG, sont aussi choisies pour se greffer au conseil.

Dès lors, le public grandbasilois est au rendez-vous des assemblées régulières pour voir les élus se débrouiller. Alors que quatre ou cinq citoyens fidèles suivaient ces réunions pendant le règne du maire Gagnon, le nouveau conseil en attire entre 20 et 30 chaque mois. C’est le cas du successeur de M. Gagnon, le candidat défait Maurice Cantin, aux aguets tout au long des quatre années de mandat de M. Lessard.

Électrochoc

Mais la lune de miel entre les nouveaux élus et la population a tôt fait de s’estomper. Un mois et demi après l’élection, le conseil adopte son premier budget. Le choc est pire que le départ de Bernard Gagnon : une hausse de l’avis d’imposition résidentiel de 5,95 % en 2018; une augmentation de 165 $. Des chiffres rarement vus à Saint-Basile au cours des dernières années.

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C’est le nombre de candidats, incluant deux au poste de maire, qui ont officialisé leur candidature en vue des élections municipales à Saint-Basile-le-Grand.

Or, à la suite des élections municipales de novembre 2017, le nouveau conseil s’est retrouvé avec un déséquilibre budgétaire de l’ordre de 2,2 millions de dollars. Il a fallu aussi qu’il prenne en considération la protection incendie 24 h sur 24, une clause des pompiers de 584 000 $. Une décision prise en 2014 sous Bernard Gagnon, mise en application le 15 janvier 2018.

La controverse se répète un an plus tard, en décembre 2018, cette fois à l’adoption des prévisions budgétaires 2019. À ce moment, le conseil annonce une majoration de 7,62 % à l’avis d’imposition moyen, soit un supplément de 224 $.

Ces deux hausses attirent aux assemblées régulières de nouveaux citoyens qui profitent de la tribune pour faire savoir leur mécontentement aux politiciens. Outre les budgets, les Grandbasilois déplorent l’agrandissement de l’hôtel de ville (un projet amorcé sous le pouvoir de l’ancien conseil municipal), l’implantation d’un circuit de voitures téléguidées, la mise à niveau des infrastructures, le manque de services consacrés aux jeunes…

Pour expliquer la situation financière déjà complexe et particulière de Saint-Basile, le maire tente de faire comprendre aux citoyens qu’il fallait cesser de puiser dans les surplus non affectés, un « paradigme que pratiquait l’administration précédente. Il faut arrêter de piger dans le bas de laine de la Ville, c’est-à-dire dans les surplus non affectés, pour régler les déséquilibres ».

Mouvement de personnel

Entre-temps, la conseillère du district 3, Valérie Sirois, annonce sa démission en novembre 2018, Line Marie Laurin devient élue indépendante en janvier 2019, officialisant ainsi son retrait du PG, et Denis Vézina devient conseiller municipal au district 3 à la suite d’une élection partielle à six candidats en mars 2019.

En avril 2019, un nouveau joueur s’installe à Saint-Basile. Le groupe Messier Savard et associés se porte acquéreur du centre commercial de Maison Éthier. Les promoteurs proposent le projet Saint-Basile-sur-le-Parc, qui prévoit quatre immeubles résidentiels et quelque 800 logements. Le concept promet aussi d’implanter un parc public de plus de 100 000 pi2, accessible à tous.

Un nouveau joueur

L’arrivée de Messier Savard et associés est importante dans l’histoire de ce premier mandat parce qu’elle entraînera la première véritable opposition contre les élus en poste. Des citoyens ne sont pas en accord avec ce Projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) présenté au début de 2021, entre autres en raison de la hauteur et de la densité proposées. Assurément, le sujet fera surface au cours de la campagne électorale. D’ailleurs, l’un des candidats du PG, Olivier Cameron-Chevrier, est l’initiateur de la page Action Citoyenne – Saint-Basile-Le-Grand sur les réseaux sociaux.

En novembre 2019, deux ans après son entrée en poste, le premier magistrat réintègre son bureau à la mairie après les travaux d’agrandissement. À son bilan de mi-mandat, M. Lessard revient sur les deux augmentations de taxes qui ont marqué son arrivée. « Sur le coup, les gens ont dit qu’on y allait fort. Il y a eu quelques soubresauts. C’était la chose à faire afin de garder le cap, sinon c’est la Ville qui en souffre. Il y a un pas important de franchi; je salue la clairvoyance de la population, qui a su percevoir et comprendre ce changement. »

Pendant ces deux années, le conseil aura annulé le Marché de Noël et coupé dans les représentations des Dimanches sur le parvis. L’implantation d’un parc canin, une promesse électorale, n’a toujours pas été réalisée. Au moment d’écrire ces lignes, cela se fait encore attendre. Le conseil avait pourtant déniché un terrain pour le projet, mais la Commission de protection du territoire agricole du Québec est venue mettre des bâtons dans les roues de la Municipalité. Une décision qui a mis le maire en furie. « Je trouve que c’est une décision de rond-de-cuir qui me met le feu au derrière! »

Malgré ces revers, notons quelques réalisations dignes de mention. La mise à niveau d’infrastructures majeures. L’acquisition de la bâtisse du bar Le Huard pour en faire une maison de la culture. La réfection du planchodrome. La sécurité sur l’axe 116 et aux passages à niveau. Car il faut rappeler que M. Lessard aura été celui qui a réussi, peu de temps après son élection en février 2018, à faire bouger le MTQ. Il aura fallu cependant le décès de Gianfranco Passuello, survenu le 12 janvier, et d’une vigile tenue en solidarité à sa famille. Le MTQ a décidé d’interdire le virage à droite au feu rouge du croisement de la route 116 et du boulevard du Millénaire, en direction de Saint-Bruno. D’autres mesures d’atténuation ont été bonifiées depuis.

Pandémie

La COVID-19, arrivée au Québec en mars 2020, a amené son lot de défis aux municipalités. Saint-Basile n’y a pas échappé. Le 13 mars 2020, la Ville ferme ses bâtiments municipaux, annule ou reporte ses activités. L’administration entre en mode télétravail. Malgré les contraintes et le malaise Guy Lacroix (le conseiller remet en question les mesures prises par la santé publique contre la pandémie et privilégie la liberté de chacun pour lutter contre la COVID-19 – ce qui a pour conséquence le retrait de ses dossiers quelques mois plus tard), les différents services de la Ville innovent avec quelques perles pour les citoyens. On retient les défilés pour souligner la fête nationale du Québec et la visite du père Noël dans les rues du territoire.

Les phrases « Notre seule source de revenus, ce sont les taxes! C’est bête comme ça! » puis « La véritable dette, c’est celle qui se trouve sous nos rues, c’est celle qu’on ne voit pas » ont été répétées souvent par M. Lessard au cours des quatre dernières années. Des citations qui résument le mandat du conseil sortant.

Retour à la normale

Quant aux deux autres budgets adoptés sous l’ère Lessard, les propriétaires ont vu leur avis d’imposition résidentiel augmenter en moyenne de 2,83 % en 2020 et de 1,77 % en 2021. Un retour à la normale. Le 7 novembre prochain, crayon et bulletin de vote à la main, les citoyens se souviendront-ils des hausses de leur avis d’imposition des deux premières années, à 5,95 % et 7,62 %, ou encore de celles des deux années suivantes, à 2,83 % et 1,77 %?

En mai dernier, Maurice Cantin, le chef du Parti grandbasilois qui est demeuré à l’affût pendant près de quatre ans, annonce qu’il briguera la mairie. Il promet aussi une équipe complète d’ici les élections. C’est maintenant réalité. M. Cantin est entouré des candidats Laurie Line Lallemand (district 1), Marc-André Lacroix (district 2), Jérôme Cauchon (district 3), Pascale Bouchard (district 4), André Métivier (district 5) et Olivier Cameron-Chevrier (district 6).

Quant aux conseillers sortants, seuls Josée LaForest (district 1), Denis Vézina (district 3) et Guy Lacroix (district 5) sollicitent de nouveaux mandats. Yves Lessard brigue la mairie pour un second tour. Avec les départs des Line Marie Laurin, Richard Pelletier et Émile Henri, les indépendants Martin Leprohon (district 2), Kim Méthot (district 4), Paul Belzile (district 5), François Poisson (district 6) et Sarah Saïdi (district 6) ont déposé leurs candidatures en vue de ces élections.

Saint-Basile se dirige vers un nouveau conseil municipal.