Le Parti montarvillois entend retirer Saint-Bruno de l’agglomération

Parce qu’il juge que la quote-part ne correspond pas aux services rendus, le chef du Parti montarvillois, Martin Murray (MM) s’il est élu le 3 novembre, a l’intention de soumettre aux Montarvillois, dans un délai «relativement restreint», une proposition pour retirer Saint-Bruno de l’agglomération de Longueuil. Marilou Alarie (MA) et Serge Moquin (SM) ont pris part à cet entretien que l’aspirant maire a eu avec Les Versants.

Q : Vous écrivez dans votre plateforme que l’inclusion de Saint-Bruno dans l’agglomération de Longueuil entraîne des conséquences financières de l’ordre de plusieurs millions. Deux questions : Quelle est votre appréciation de la qualité des principaux services rendus par l’agglomération, notamment quant au Service incendie, à la police, au transport en commun et à l’évaluation ? Croyez-vous que la quote-part exigée par l’agglomération est trop élevée en regard des services rendus?

Martin Murray : Je vais répondre de façon indirecte. Il y a une étude d’un professeur des HEC publiée dans un article de La Presse. Ce qu’elle dit : La police nous coûte deux fois plus cher qu’à Sainte-Julie. En termes de services, je ne crois pas qu’on reçoit du simple au double. En ce qui concerne l’évaluation, ce sont des fonctionnaires qui sont dans un bureau; c’est très difficile à juger en termes de qualité. Par contre, sur les services dits directs comme ceux de la police, beaucoup de plaintes nous proviennent des gens. Très peu de présence policière; c’est une présence répressive plus qu’autre chose pour donner des contraventions. C’est ce que les gens nous disent. Les gens qui sont à Saint-Bruno depuis longtemps affirment que la qualité du service s’est nettement dégradée.

Marilou Alarie : L’été dernier, nous, candidats, avions soumis 60 questions lors de nos rencontres aléatoires avec les citoyens. Nous nous sommes fiés à ces consultations pour constater que d’après les gens qui étaient là avant la fusion et après, il y a une différence en matière de présence policière.   

Q : Mais Saint-Bruno est plus proche de Longueuil, qui a une grosse population. Sainte-Julie est dans un autre secteur. Est-ce que l’étude a pris en compte ce fait-là?

MM : Le problème vient du fait qu’on appartient à une agglomération au lieu d’être indépendant. On se retrouve avec un service plus élevé destiné aux grandes villes. Mais Saint-Bruno, en termes de profil de criminalité et en termes de besoins de services, ressemble beaucoup à Sainte-Julie, Saint-Basile. Le problème, c’est Longueuil, qui a une dynamique particulière avec des services reliés à ses besoins. Ça a un impact sur Saint-Bruno.

Serge Moquin : Plusieurs parents m’ont dit que leurs garçons ont reçu des contraventions de 100 à 150 $ seulement pour avoir traversé un parc après 11 h. Je dis plusieurs. Est-ce qu’on a des parcs dangereux qui justifient une action policière semblable?

Q : Vous êtes d’accord avec moi que le regroupement des services de police est antérieur à la fusion. Un regroupement imposé par une loi et qui incluait aussi Sainte-Julie?

MM : Sainte-Julie a été regroupée sur une base volontaire dans une régie intermunicipale avec d’autres villes. Tous les 5, 6, ou 7 ans, le contrat de regroupement vient à échéance. Les villes peuvent partir ou rester, ce qui en a mené certaines à demander les services de la Sûreté du Québec.

Q : Vous soulevez la question de la quote-part destinée à la sécurité publique et vous mentionnez vouloir travailler avec la Ville de Longueuil pour accroître la présence policière sur le territoire de Saint-Bruno. Que proposez-vous?

MM : On fait partie d’une agglomération. On doit tout faire pour qu’on ait pour notre argent. Si l’on était totalement indépendant comme Sainte-Julie, le coût serait de 5-6 millions de dollars de moins. La question de la fusion/défusion n’est pas réglée. Dans nos porte-à-porte, les gens ont beaucoup de ressentiment et ont le sentiment d’être floués. Les externalités viennent de Saint-Basile et de Carignan. Ce sont ces réalités-là qui nous concernent. Rétablissons les faits d’autre part : M. Benjamin n’a pas été aussi loin qu’il aurait dû le faire. Il aurait pu s’appuyer sur la population, ce qu’il n’a pas fait. En 2009, il a promis dans son programme électoral de travailler pour que Saint-Bruno retrouve sa totale autonomie. Une fois élu, il a laissé tomber. Tout est possible en politique. On va voir avec les villes voisines. Le gouvernement, par la bouche du ministre Lisée (NDLR : Jean-François Lisée est aussi ministre responsable de la région de Montréal), est prêt à regarder toutes sortes de scénarios, car les structures sont trop coûteuses. On peut déléguer certains pouvoirs à une entité régionale comme à Sainte-Julie. On s’en va vers un mur fiscal, car 85 % des revenus de Saint-Bruno dépendent de la taxation, alors qu’on est dans un contexte de vieillissement de la population.

Q : Que proposez-vous concrètement? Nous sommes en 2013 : il y a une perte d’énergie et une perte d’argent. Vous pouvez travailler avec Longueuil. La mairesse Caroline St-Hilaire s’est montrée coopérative. Souhaitez-vous être indépendant de tout?

MM : Pas indépendant de tout, mais d’être attaché à une structure qui nous convient. Il y a une gestion compliquée et une problématique en matière de coût. Si Mme St-Hilaire fait preuve d’ouverture comme vous dites, elle doit comprendre ces éléments. Dans le cas de Saint-Bruno, tout ce qui se passe est du côté de la Vallée-du-Richelieu : engorgement de la circulation, étalement urbain, protection du territoire agricole. Tout ça, c’est avec les villes voisines que nous l’avons. Nous avons l’intention de soumettre aux Montarvillois dans un délai relativement restreint une proposition qu’ils auront à accepter ou non.

Q : Irez-vous jusqu’à vous détacher de Longueuil pour vous rattacher à la Vallée-du-Richelieu?

MM : Tout est possible. C’est un scénario que je privilégie. J’ai parlé avec le préfet de la MRC de la Vallée-du-Richelieu et lui aussi est dans la même optique.

SM : Une dynamique comme celle-là s’inscrit avec des partenaires. Les alliances peuvent se construire avec des municipalités qui ont les mêmes visions.

Q : Avez-vous un exemple de ville ayant réussi?

MM : Bromont est un très bon exemple. La mairesse a fait des représentations auprès de Québec, et elle a obtenu que sa ville change de MRC. Si l’on envisage un retrait de l’agglomération, c’est très peu pénalisant pour Longueuil d’un point de vue financier. Nous représentons 8 % de leurs revenus.

Q : Allez-vous jusqu’à proposer un référendum là-dessus?

MM : Ça pourrait être envisageable.

Q : Avez-vous approché Brossard, Boucherville et Saint-Lambert au sujet du retrait?

MM : Nous sommes dans l’opposition. Brossard, Boucherville et Saint-Lambert vivent dans la réalité de l’ancienne MRC de Champlain.

Q : Vous mentionnez vouloir œuvrer à l’amélioration de l’offre de service (circuits et fréquence) de transport en commun dans Saint-Bruno, des trains et autobus vers les gares de Saint-Bruno et de Saint-Basile, ainsi que vers les villes de la Rive-Sud et de la Montérégie. Comment allez-vous fai
re?

MM : Le transport en commun nous coûte 6,2 millions par an. Il n’y a pas de desserte offerte par le RTL pour aller à Saint-Basile. La gare étant vraiment mal située, il est beaucoup plus facile pour une bonne partie de notre territoire d’aller à la gare de Saint-Basile. Il faut une relecture complète de la façon dont on dessert les citoyens en dehors des heures de pointe. Je ne suis pas convaincu que les autobus de 45 passagers qui sont vides tout au long de la journée soient la bonne façon de faire. Quand on construit, on doit s’assurer que le transport en commun et la mobilité active suivent.

SM : J’ai vu des gens qui ne prennent plus l’autobus à cause des réductions des circuits à Saint-Bruno : soit que ça rallonge le temps de transport, soit que le circuit n’est plus desservi, alors les gens abandonnent.

Q : Nous avons comparé le rapport de la sécurité publique de 2011 à 2010. Il en ressort une augmentation des accidents avec blessés, 75 en 2011 contre 69 en 2010. Les crimes contre la personne sont en baisse, 111 contre 117. Même diminution des crimes contre la propriété, 934 contre 1133. Les chiffres de 2012 n’étant pas encore détaillés, les statistiques en matière d’émission de contraventions montrent une hausse de 77, 2% par rapport à 2011 des constats relatifs à l’utilisation du téléphone portable. On enregistre une baisse de 8,8 % des constats pour excès de vitesse. Qu’en pensez-vous?

MM : Dans les petits échantillons, c’est problématique. Il peut y avoir une variation d’une année à l’autre pour toutes sortes de raisons. (…). À partir du moment où le poste de police est à Saint-Hubert, le délai de réponse est plus lent que si le poste était au centre-ville. La population vieillit et elle a besoin de ce sentiment de sécurité. Saint-Bruno étant une ville importante, elle doit avoir un service de police de proximité.

Q : Irez-vous jusqu’à transformer des rues en sens unique ou vous servir d’autres moyens pour réduire et, si possible éliminer, la circulation de transit sur le territoire?

MM : Il y a un flot de trafic qui nous provient de plusieurs endroits. Ça déborde aussi du côté de la 116 avec des gens qui empruntent le Grand Boulevard pour éviter la 116. Le transit par Saint-Bruno devient une priorité pour nous.

SM : Il ne faut pas faire une entrave à la 116. Il faut essayer de trouver d’autres moyens pour amener les gens à utiliser le transport en commun.