La stabilité de Saint-Bruno passe par le développement économique

Le seul instrument de stabilité, au dire du chef de l’Alliance municipale, demeure le développement économique, source de revenus additionnels de taxes pour les prochaines années. Louise Dion et Serge Beaudoin, candidats dans les districts 8 et 7, ont assisté à cet entretien avec Joël Boucher.

(Q) : Pierre Filion s’engage s’il est élu à geler le taux de taxes pour les deux premières années de son mandat. Il entend aussi les maintenir au même niveau que l’IPC pour le reste de son premier mandat. Qu’en pensez-vous?

Joël Boucher : Farfelu!Où va-t-il couper? Est-ce dans les 85 rues à reconstruire? À quel organisme communautaire va-t-il dire non? Et surtout à quelles associations sportives qui manifestent des besoins criants va-t-il dire non? Pour nous, l’aréna, c’est un engagement, parce qu’il y a plus de 500 parents qui doivent aller le soir en hiver à Contrecoeur, Brossard ou Chambly et qu’ils n’ont plus de qualité de vie. Au fond, M. Filion veut présenter un moratoire et c’est tombé dans la procrastination. S’il ne veut rien faire, pourquoi aller en politique? De plus, pour les générations futures, pour nos successeurs, c’est irresponsable et c’est un déficit intergénérationnel qu’il transmet aux jeunes familles. L’APSB (Association des propriétaires de Saint-Bruno) nous a félicités dans une lettre le 17 décembre 2012 pour notre rigueur et notre vision équilibrée, soulignant que notre dernier budget reflétait un avenir prometteur pour une hausse des revenus en taxes pour les prochaines années. M. Filion n’a jamais posé de questions sur nos derniers sept budgets. Nous, l’Alliance municipale, sommes le seul parti ayant fait un énoncé en matière de développement économique qui reste le seul instrument de la stabilité de Saint-Bruno et du maintien en bon état de ses infrastructures municipales et sportives.

Q : Pour ne pas le nommer, un ancien responsable des finances de Saint-Bruno pourrait dire que vous ne faites pas preuve de transparence lorsque vous refusez de chiffrer vos engagements. Vous êtes aussi le seul parti qui ne s’est pas prononcé sur une limite de la croissance des dépenses. Il y a certes le montant de 400 000 $ destiné à la réfection de la piste d’athlétisme au parc Rabastalière. Le coût de vos autres engagements risque d’être beaucoup plus dispendieux. Pourquoi ne vous engagez-vous pas à ce que la totalité du surplus serve soit au paiement de la dette, soit à la constitution de réserves spécifiques? Si vous ne le faites pas, cela n’équivaudrait-il pas à demander aux contribuables un chèque en blanc?

JB : Il y a un certain nombre d’engagements qu’on ne peut pas chiffrer pour la simple et bonne raison qu’il faut d’abord vérifier la faisabilité du projet. La patinoire? Je ne peux pas vous dire à 10 000 $ près combien ça coûterait. Il y a les plans et devis à faire, la vérification des besoins des associations sportives. Même chose pour le centre sportif qui sera tributaire du nouveau développement au sud de la 116. Nous ne voulons pas mettre la charrue avant les bœufs. Pour la glace, nous attendons la concrétisation de l’entente de partenariat avec le Club de curling qui est bien situé au centre-ville, proche de l’aréna et ayant un espace pour la nouvelle patinoire. Ce sera une enveloppe modeste qui va répondre entièrement aux besoins criants des trois associations. Nous n’avons pas eu seulement de l’ouverture, mais de l’enthousiasme des gens du Club de curling. Une fois les élections terminées, nous allons nous asseoir avec eux pour déterminer quel partenariat nous pouvons avoir pour qu’il soit gagnant autant pour eux que pour nous. Parce que nous sommes chez eux, c’est leur terrain. Il y aura donc une compensation octroyée par la Ville. Je ne peux pas chiffrer cette compensation, car les négociations ne sont pas encore commencées. Même chose pour le centre sportif, car il faut connaître les besoins des associations. J’ai demandé à notre responsable des finances, qui est M. Denis Arpin, si, compte tenu de la marge de manœuvre que Saint-Bruno a chaque année, notre liste d’engagements était réaliste. La réponse a été « oui ». Pour moi, c’est suffisant.

Q : Pourquoi ne vous engagez-vous pas à ce que la totalité du surplus serve soit au paiement de la dette, soit à la constitution de réserves spécifiques? 

JB : Ça revient au même. À l’heure actuelle, c’est 50 % qui va à la dette. L’autre 50 %, c’est pour payer comptant certaines choses. Il va falloir les prévoir dans le budget. On préfère payer comptant au lieu d’emprunter. À l’époque, c’était 100 % du surplus qui allait à la dette, mais si l’on doit financer d’autres projets avec un emprunt sur 10-15 ans, est-ce plus rentable? Chaque année, nous allons faire un bilan au cours d’une soirée et annoncer notre Programme triennal d’immobilisation (PTI) pour l’année suivante. Nous allons dire : « Voilà sur quoi nous nous sommes engagés l’année dernière et voilà ce qu’on a fait, et ensuite, voici la liste des projets que nous comptons faire pour l’année prochaine. » En matière de transparence, c’est la meilleure formule.

Q : Pour une maison moyenne de 144 312 $ en 2005 et de 367 51 3$ en 2013, Saint-Bruno, par rapport à Boucherville, avait un bon avis d’imposition, soit 10 % de plus en 2005; aujourd’hui, l’avis est 1,5 % inférieur. En comparaison à Brossard, Saint-Bruno avait un meilleur avis d’imposition, soit 14 % de plus; aujourd’hui, cet avis a un manque à gagner de 4,6 %. Malgré votre promesse de gel, l’avis d’imposition ne reste-t-il pas défavorable à Saint-Bruno en comparaison à celui de Brossard et de Boucherville ?

JB : De 2006 à 2011, les taxes ont augmenté de 6,4 %, soit 1,2 % par an, alors que dans tout le Québec, les taxes ont grimpé de 19 %. À moins qu’on aille vers un développement comme Brossard, où il y a chaque année 800 nouvelles portes, alors qu’à Saint-Bruno, il y en a 100 toutes habitations confondues. À Brossard, ça crée de la richesse, mais est-ce que c’est vers ça qu’on veut aller? Je ne pense pas que les Montarvillois veuillent ce genre de développement. Lorsqu’on se compare aux deux villes, on n’est pas loin derrière. Même pas 100 $ par an pour une maison moyenne.

Louise Dion : On prend seulement ces deux villes qui sont peut-être mieux que nous, mais on devrait nous comparer aussi avec les huit autres villes qui ne sont pas en bonne position par rapport à nous en termes de taxation.

JB : Moi, je regarde une vision équilibrée où l’on protège 51 % du territoire (milieu naturel). Ça fait partie de la donne.

Q ; Dans sa chronique de notre numéro du 16 octobre dernier, Jean Gérin demande si chacun des candidats à la mairie peut prendre l’engagement de bonifier le régime fiscal des commerçants et industriels de manière à les attirer à Saint-Bruno. Si vous êtes en accord avec cette proposition, qu’allez-vous faire concrètement? Croyez-vous possible de retourner à la taxe professionnelle (taxe d’affaires) de 7 % d’avant au lieu de la taxe selon l’évaluation?

JB : À mes yeux, est-ce que le secteur commercial ou industriel est en concurrence avec celui des villes voisines? L’entreprise qui choisit Saint-Bruno y reste. C’est très simple, car lorsqu’elle se compare, elle se console. Dans la quasi-totalité des villes environnantes et du Grand Montréal, Saint-Bruno offre un taux concurrentiel aux entreprises. Il faut garder un équilibre entre le résidentiel, le commercial et l’industriel.

Q : Un nouveau maire signifie une nouvelle administration et, par le fait même, une nouvelle façon de gérer. Y a-t-il des services devenus au fil du temps inefficaces ou trop onéreux et que vous voudriez éliminer?

JB : Non, je n’en vois pas, car on l’aurait su avant. Ça fait huit ans qu’on est là. Lorsqu’on compare le nombre d’employés aujourd’hui par rapport à 2006, on oublie une donnée importante : il aurait fallu comparer avec 2005, l’an où nous étions un arrondissement. À ce moment-là, il n’y avait pas de Service des finances, par de Service d’environnement, pas de Service de greffe, pas de Service de communication. On a reconstruit une ville avec des services normaux. Ces services sont là pour rester à mes yeux. Je ne pense pas qu’il faille réduire des services quelques parts. On l’aurait fait avant.

Q : Vous êtes au courant que les recommandations du rapport d’Alban D’Amours sur le déficit du régime des retraites sont renvoyées aux calendes grecques. Croyez-vous possible d’arriver à une entente avec les syndicats en ce qui a trait à ce dossier?

JB : On vient de le faire en signant la nouvelle convention collective avec les cols bleus. On a adopté une des principales recommandations du rapport d’Alban D’Amours qui est d’amener nos employés cols bleus à contribuer davantage au fonds de retraite. Les cols bleus ont bonifié de 1 % et c’est vraiment la direction qu’il faut prendre. Québec doit aussi nous aider avec une nouvelle législation, c’est ce que le maire Labeaume réclame à hauts cris depuis des mois.