Entre éloges et étonnement

Départ de la mairesse Suzanne Roy

Après 25 ans de politique municipale, la mairesse de Sainte-Julie, Suzanne Roy, ne se représentera pas en novembre pour un 5e mandat, décidant plutôt de passer le flambeau. Le journal Les Versants a recueilli les opinions de ses pairs dans la région.

C’est officiel depuis mardi dernier : à l’instar de Régis Labeaume, à Québec, Suzanne Roy ne briguera pas la mairie de Sainte-Julie lors des prochaines élections municipales.

Étonnement

« Le premier mot qui me vient en tête est ‘’étonnement’’! Je suis très étonné par sa décision. Ça ne m’est pas venu à l’esprit que Suzanne Roy ne se représenterait pas. Il n’y a pas eu de signe avant-coureur qui laissait présager son départ, exprime le maire de Saint-Bruno, Martin Murray. La pandémie a fait en sorte que depuis plus d’un an, tout se passe en mode virtuel; les contacts avec les autres élus sont beaucoup plus étroits. Malgré cela, j’avais l’impression que Suzanne serait de retour. »

« Pour la faune municipale, [le départ de Suzanne Roy] est une perte. » – Yves Lessard

Martin Murray souligne que la collaboration avec sa collègue est bonne et que les relations entre Saint-Bruno et Sainte-Julie n’ont jamais été « à couteaux tirés ». Il considère d’ailleurs sa voisine comme une aide précieuse sur laquelle il aura pu compter depuis son élection au poste de maire, en 2013. « Il m’est arrivé de l’appeler à quelques reprises pour des conseils, des informations. C’est une personne accessible, même quand elle est occupée. Ses conseils sont toujours très justes. Une aide que j’ai beaucoup appréciée. J’en profitais, surtout à mes débuts comme maire. »

M. Murray, qui quittera aussi son poste de premier magistrat cette année après avoir rempli deux mandats, poursuit : « On ne peut pas passer sous silence tout ce que Mme Roy a fait. Mais il semble qu’elle ait fait le tour. C’est ce qui l’aurait influencée dans sa décision. Elle a accompli tout ce qu’elle avait à réaliser. C’est un travail qui finit par être très demandant… la vie de famille en écope. »

Enfin, M. Murray qualifie Mme Roy de personnage important et incontournable de la scène municipale, « qui ne s’est jamais enflé la tête avec le pouvoir et qui est demeurée elle-même ».

Une perte

« Pour la faune municipale, [le départ de Suzanne Roy] est une perte, estime le maire de Saint-Basile, Yves Lessard. Elle a joué un rôle important au sein des municipalités en établissant des ponts avec diverses instances, notamment la Fédération québécoise des municipalités. » M. Lessard pense entre autres « à son rôle important pour le pacte fiscal en faveur des villes ».

Rappelons que Suzanne Roy a été élue en tant que conseillère municipale à Sainte-Julie en 1996. Un premier mandat de mairesse lui a été attribué par les citoyens en 2005. Elle est ainsi devenue la première mairesse de l’histoire de Sainte-Julie. Elle a trôné à la tête de l’Union des municipalités du Québec une première fois de 2014 à 2016, puis de 2019 à aujourd’hui. Elle porte également le chapeau de préfète de la MRC de Lajemmerais/Marguerite-D’Youville depuis 2017.

Selon M. Lessard, Suzanne Roy laissera une empreinte au sein de la municipalité de Sainte-Julie, mais aussi au provincial et au national, « parce qu’elle a su établir des liens auprès des différents paliers de gouvernement avec des mesures favorisant les municipalités ». Il précise : « Elle a marqué tant sa ville que la faune municipale par ses contributions. »

Pour le maire grandbasilois, Suzanne Roy demeure une femme « très respectée » dans la sphère politique. « Je l’ai côtoyée au cours des quatre dernières années. On se réfère à elle pour son opinion et ses connaissances. J’ai un grand respect pour sa contribution. »

Il rappelle enfin que Sainte-Julie a été à plusieurs reprises en tête du peloton des villes du bonheur. « Mme Roy y est sûrement pour quelque chose. »

Les députés

D’après la députée provinciale de Montarville, Nathalie Roy, la mairesse de Sainte-Julie n’a pas seulement marqué la politique municipale, mais la politique en général. « C’est un exploit d’avoir été à la tête de sa Ville aussi longtemps. Suzanne Roy est une femme extraordinaire, exceptionnelle et au fort leadership. Une femme inspirante et un modèle de politicienne pour toutes celles qui voudraient se lancer en politique », déclare Nathalie Roy, aussi ministre de la Culture.

Le député de Chambly et ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dit de Suzanne Roy qu’elle a connu « tout un parcours » sur la scène municipale. Il souligne son travail des 25 dernières années à la Ville de Sainte-Julie. « Je suis certain qu’elle a été une inspiration pour plusieurs femmes en politique municipale », avance-t-il, notant son implication et son dévouement pour ses citoyens.

De son côté, le député fédéral de Montarville, Stéphane Bergeron, s’est dit attristé et surpris par l’annonce de son amie Suzanne Roy de ne pas solliciter un nouveau mandat. « Je connais Suzanne depuis fort longtemps. Ça m’attriste de savoir que nous n’aurons plus l’occasion de travailler ensemble après novembre », confie Stéphane Bergeron, interrogé par Les Versants. Parmi les réalisations de la mairesse au cours des années, le député souligne que Suzanne Roy a été celle qui a mis un terme à cette division géographique et psychologique entre le village de Sainte-Julie et le domaine des Hauts-Bois. « C’est la première fois qu’un élu à la mairie évoquait cette idée de rompre le blocage psychologique entre le village et les Hauts-Bois. Ce fut un enjeu important lors de la reconstruction du viaduc. Suzanne voulait deux voies, dans un sens comme dans l’autre, afin d’assurer la fluidité des transports et la communication. Elle était dans cet esprit de rapprochement afin de faire de Sainte-Julie une seule et même ville. »

Un éventuel retour?

Maintenant, faut-il s’attendre à ne plus jamais revoir Suzanne Roy en politique? Le jour de son annonce, des rumeurs circulaient sur un éventuel saut au provincial, au sein de la CAQ. « Je ne suis pas au courant des rumeurs, admet Nathalie Roy. Mais elle connaît si bien ses dossiers; peu importe le parti politique et le palier de gouvernement, tous seraient ravis de l’avoir et de l’accueillir à un moment ou à un autre. »

« Je ne suis pas dans le secret des dieux… ça lui appartient, son après-carrière. Mais Mme Roy a tellement d’expérience et de bagage, elle serait un atout pour qui que ce soit », indique Martin Murray.

Pour Yves Lessard, Suzanne Roy ne restera pas chez elle à ne rien faire. « Je ne sais pas si on la reverra en politique. C’est une personnalité publique importante, elle sera en demande. Je suis certain que le téléphone sonnera chez elle. »

« Ce sont des rumeurs très hypothétiques. Je ne sais pas quoi dire à cela. Je la verrais bien porter les couleurs du Bloc québécois. Je serais très heureux de cela!, de renchérir le bloquiste Stéphane Bergeron. Mais peu importe le parti, je serai toujours heureux de collaborer avec Suzanne Roy. »

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