Du safran à Saint-Basile
Un couple grandbasilois s’est lancé le pari de cultiver du safran à Saint-Basile-le-Grand. C’est aujourd’hui le temps de la récolte.
Sur le rang des Vingt à Saint-Basile-le-Grand, nichés au flanc de la montagne, entourés d’arbres pour les protéger du vent et en pente pour leur proposer un sol bien drainé, 25 000 bulbes de safran offrent ces derniers jours leur pistil de couleur orange à rouge vif.
L’épice la plus chère sur les marchés, environ 65 $ le gramme pour le producteur que nous avons rencontré, ne craint pas le froid de l’hiver, ni la chaleur de l’été. « Lorsque l’hiver arrive, le feuillage du safran dépasse de la neige et propose un vert fluo très surprenant. Pendant les deux mois d’hiver, le feuillage pousse sous la neige. La photosynthèse reprend dès que le manteau neigeux laisse apparaître de nouveau les premières feuilles. Pendant l’été, le bulbe est en dormance. Donc, il n’est pas nécessaire de l’arroser. Aujourd’hui, c’est la période de la récolte », nous expliquent Valérie Fortin et Guy Migneault, le couple propriétaire de Safran Mont-Bruno.
Micro dosé
Le prix semble très important, mais il faut savoir qu’un gramme de safran bien utilisé peut servir dans un foyer pendant une année pour épicer ses plats de la bonne manière. « Il y a plusieurs restaurateurs qui nous en commandent de 5 à 10 grammes. Il ne faut pas le confondre avec le safran américain », précise Mme Fortin. Le safran américain, beaucoup moins cher, provient lui aussi d’une fleur comestible, mais là s’arrête la comparaison. Il s’agit en fait de pétales de carthame séchés, épice beaucoup moins aromatique.
Depuis deux ans
C’est la deuxième année que le couple grandbasilois cultive sa parcelle de safran. « Nous avons acheté un quart de nos bulbes à d’autres producteurs de Saint-Basile et le reste provient d’Europe. C’est une épice que l’on n’a pas l’habitude de voir au Québec », rappelle Mme Fortin, qui ne s’est pas lancée à l’aveugle dans l’aventure avec son conjoint. « Je suis horticultrice. »
C’est la deuxième cuvée qu’ils récolteront cette année, avec toujours autant de délicatesse pour ne pas abîmer le fruit de leur labeur. « Nous espérons arriver à une demi-livre, voire une livre de safran cette année. L’an dernier, nous avions eu 70 grammes de safran. » Cela ne semble pas beaucoup pour autant d’efforts, mais rappelons que le produit est vendu au gramme et que le travail est manuel.
Aussi, une fois récoltées, les trois tiges rouges sont déshydratées dans la journée à 80 %. « Nous les cueillons à la main, il faut les couper au bon endroit. Après avoir été déshydraté, le safran doit être conservé pendant un mois dans un pot à l’ombre. » Les pétales sont pour la recherche.
Du bio sans être bio
Le couple nous explique que le safran a fait son apparition au Québec il y a environ dix ans et qu’ils ne sont pas beaucoup, encore aujourd’hui, comme eux, à le cultiver.
Valérie et Guy louent une terre derrière une écurie hébergeant des chevaux. Le fumier de ces derniers, une fois composté, n’a pas besoin d’être exporté pour être utilisé. Il vient enrichir le sol des bulbes. « Nous n’avons pas le label biologique pour des raisons économiques, mais nous cultivons ce safran de manière biologique. »
Les cultivateurs, en un an, ont déjà agrandi leur plantation de moitié, avec des bulbes qui se multiplient année après année. « Tout le terrain ne sera pas pris par le safran. Je vais garder une parcelle pour continuer à proposer des tisanes que nous faisons et des légumes que nous proposons. »
Pour se procurer les produits de Valérie et Guy, il est toujours possible de leur écrire à : safranmont-bruno@hotmail.com