Pourquoi le Richelieu ne déborde-t-il pas?

Inondations au Québec

Pourquoi le Richelieu n’est-il pas sorti de son lit au cours des dernières semaines, à l’instar, par exemple, de la rivière des Prairies et de la rivière Outaouais?
La dernière fois que la rivière Richelieu a quitté son lit, plus de 150 résidences de Saint-Basile-le-Grand avaient été évacuées. Soit plus de 350 riverains sinistrés. C’était en 2011. Ce printemps, nous retrouvons de telles statistiques à Rigaud, Gatineau, Laval, Montréal…
Mais pourquoi le Richelieu ne fait-il pas partie des cours d’eau qui ont débordé cette année? « Il y a tellement de facteurs qu’il faut considérer », répond le directeur général de Saint-Basile-le-Grand, Jean-Marie Beaupré. Il évoque la quantité de neige, la vitesse de la fonte, le sol saturé d’eau, les précipitations de pluie, la force des vents, la glace accumulée. « C’est impossible d’arriver avec un modèle précis. Il y a un paquet de raisons pour lesquelles nous avons subi les inondations de 2011, et il y en a autant pour lesquelles ce n’est pas arrivé ce printemps. Cette année, il y a eu très peu d’accumulation de glace sur la rivière, ce qui a contribué à éviter les embâcles. L’eau a ainsi pu s’écouler plus facilement », mentionne M. Beaupré, qui avait été le coordonnateur des mesures d’urgence des inondations de 2011. Il poursuit : « À l’époque, il y avait eu une fonte des neiges rapide dans les montagnes vertes du Vermont, un sol gelé et les eaux du lac Champlain qui s’étaient gonflées. Le lac, qui s’écoule dans le Richelieu, avait fait en sorte que la rivière avait débordé. »

« Les conditions de débordement que nous avons connues en 2011 sont les mêmes en 2017. C’est la localisation qui change. » -Jean-Sébastien Forest

Des propos que Jean-Sébastien Forest, à la direction régionale pour la Montérégie de la Sécurité civile du Québec, vient corroborer quand nous lui posons la même question. « La raison est fort simple. Les conditions de débordement que nous avons connues en 2011 – fortes accumulations de neige, précipitations de pluie – sont les mêmes en 2017. C’est la localisation qui change. Il y a six ans, c’est le bassin versant du lac Champlain qui avait été touché. Cette fois, c’est du côté de l’Outaouais que ça se passe et ça se dirige vers Montréal », explique le représentant de la Sécurité civile du Québec, qui évoque également Mont-Laurier et les Hautes-Laurentides.

La tempête du mois de mars

M. Forest évoque aussi l’impact de la tempête de neige historique que le Québec a connue les 14 et 15 mars. Apparemment, quelque deux mois plus tard, cette tempête aura eu son mot à dire sur les inondations de ce printemps. À certains endroits au Québec, il y avait encore une bonne quantité de neige au sol lorsqu’est survenue cette tempête. « Ce n’était pas le cas dans votre région, mais ailleurs, il y a eu accumulation de neige importante. »
Pour sa part, la rivière Richelieu a connu sa période de crue il y a près de quatre semaines, ce qui a amené le cours d’eau à la limite de son seuil critique. « Le plus haut résultat que nous avons enregistré cette saison, c’est 9 mètres. À 9,5 mètres, ça devient critique; il y a de l’eau sur la route. Au moment où l’on se parle, c’est rendu à 8,2 mètres environ. À 9,5 ou plus, la Ville aviserait les citoyens et nous utiliserions les sacs de sable », admet Jean-Marie Beaupré.

Conférence téléphonique

Tous les printemps depuis 2011, même à compter des mois de février ou mars, la Ville de Saint-Basile est en communication avec la Sécurité civile du Québec. « C’est la règle en période de crue. Nous établissons des conférences téléphoniques avec la Sécurité civile et les autres municipalités qui longent le Richelieu », de poursuivre M. Beaupré. Environnement Canada, Hydro Météo et autres instances procurent aussi les informations nécessaires sur les précipitations, la fonte des neiges, l’état des autres rivières qui alimentent le Richelieu. « Une Ville apprend toujours de ces sinistres. En 2011, personne ne s’attendait à de telles inondations. Heureusement, ça n’arrive pas chaque année, mais s’il y avait une hausse à venir, on serait mieux préparés cette fois. »
Jean-Sébastien Forest souligne qu’entre 2011 et 2017, la rivière Richelieu a également débordé à quelques endroits en période de crues. Ce fut le cas en 2013, mais pas à n’importe quel moment de l’année. En juillet, alors que les habitants de Lac-Mégantic géraient un autre type de crise. « En effet, c’est survenu en même temps que l’accident de Lac-Mégantic. Le Richelieu avait débordé entre le lac Champlain et Saint-Jean-sur-Richelieu », rappelle M. Forest. Pourtant, il n’y avait ni glace, ni neige en juillet, alors pourquoi? « Plusieurs précipitations de pluie et de forts vents avaient aidé à gonfler la rivière. »

Plan de mesures d’urgence

En entrevue avec le journal, Jean-Marie Beaupré affirme que la Ville de Saint-Basile-le-Grand est à réviser son Plan de mesures d’urgence afin de mieux préparer le personnel concerné. Rappelons que la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville a effectué une mise à jour de son Plan de sécurité civile en 2013. « Un jour ou l’autre, il y aura quelque chose, un autre incident. Lequel? On ne sait pas, mais il se passera quelque chose. Ça peut être un déraillement de train, du verglas, une inondation, des BPC, un avion qui s’écrase sur la municipalité. L’idée est d’identifier les risques potentiels et de se préparer en conséquence. »