Vue d’ensemble sur l’artiste Normand Jolicoeur

L’artiste montarvillois Normand Jolicoeur expose jusqu’au 10 juillet au Centre d’exposition du Vieux Presbytère, à Saint-Bruno. Un premier solo en 30 ans.
« La dernière fois, c’était en 1986, à Montréal. Ensuite, il y a eu les enfants, la maison, le travail, la vie. J’ai donc laissé de côté les expositions solos », explique Normand Jolicoeur, que le journal a rencontré chez lui.
Normand Jolicoeur dit de sa pratique : « La peinture est un moyen pour moi de partager ma passion pour la culture et pour les livres anciens. Ainsi, mes œuvres se caractérisent par des évocations de souvenirs personnels et culturels ayant un lien entre eux. » L’exposition Vue d’ensemble est une synthèse, un retour vers le passé pour mieux redéfinir le présent que vit l’artiste. Elle est composée de tableaux, de dessins et de sculptures. « Je suis arrivé à un moment de mon parcours où ma création artistique est une synthèse de mon histoire personnelle, de mon implication dans la collectivité en tant qu’artiste, musicien et enseignant. »

« Actuellement, je vis un sentiment d’urgence. Je ne sais pas pendant combien de temps je vais pouvoir encore produire. Mais en attendant, […] je souhaite vivre complètement cette exposition. » – Normand Jolicoeur

La chef de division culture et patrimoine à la Direction des loisirs, de la culture et de la vie communautaire à Saint-Bruno, Hélène Vanier, explique la sélection de Normand Jolicoeur : « Le jury a relevé que la carrière artistique de M. Jolicoeur, qui s’étend sur une trentaine d’années, devait être soulignée; qu’il a reçu une belle reconnaissance de son travail dans le milieu artistique québécois; que son travail faisait référence à l’histoire, à la littérature, à la musique et au patrimoine québécois, ce qui rendait la proposition riche et intéressante. Le jury a aussi relevé la qualité exceptionnelle des aquarelles et a apprécié la versatilité de l’artiste. Les œuvres de M. Jolicoeur donnent beaucoup à voir. Elles sont à la fois complexes, fascinantes et expriment la joie de vivre. »
Même s’il n’a pas organisé de solo depuis 1986, l’artiste s’est tout de même manifesté dans quelques expositions de groupe en plus de participer à des concours en arts visuels, notamment celui de la Ville de Saint-Bruno, qui lui a remis, en 1990, une bourse pour son diptyque fait au pastel sec, Théâtre de formes. À deux reprises dans les années 90 et aussi en 2002, M. Jolicoeur a créé une œuvre en direct, une fois sur le site du Collège Saint-Gabriel, à Saint-Bruno. Il a aussi donné une conférence devant les membres de l’Association des artistes peintres affiliés de la Rive-Sud. « J’avais beaucoup aimé ces démonstrations publiques. J’avais eu un beau succès. À cette époque, j’étais plus à l’aise aussi. C’était avant mon parkinson », glisse le bachelier en éducation.
Parkinson
En 2006, ce pédagogue de formation (il a enseigné au Centre de ressources éducatives et pédagogiques ainsi qu’auprès de personnes vivant avec un handicap physique de 1977 à 2008) a reçu un diagnostic de maladie de Parkinson, un véritable « virage dans sa vie ». Il commente : « C’est un coup de poing au ventre, mais j’ai fini par passer par-dessus. Le plus difficile demeure la perte d’autonomie et la fatigue, qui se manifeste surtout en soirée. » Continuer de peindre des toiles lui a donné la motivation de bouger, de créer, de faire quelque chose, selon Claire, sa compagne des 40 dernières années : « Pendant qu’il peint, il pense moins à sa maladie. Ça lui a aussi permis de développer une certaine résilience. » Ils se sont rencontrés alors qu’ils étudiaient les beaux-arts. « Claire et moi, c’est une histoire de cœur », poursuit M. Jolicoeur, qui s’est intéressé à l’art en raison de son père, qui l’impressionnait lorsqu’il dessinait. « J’étais plus renfermé que mes frères. Cela m’a porté vers la peinture et le dessin, et m’a ensuite permis de m’exprimer. »
Vernissage  
L’événement, qui a eu lieu le 29 mai, a été un grand succès, à croire le principal intéressé. « Je suis vraiment satisfait! J’ai connu une belle journée! J’ai rencontré plein de gens, j’ai vu mes toiles sous un beau jour, j’ai vendu des œuvres, je me suis tenu debout sans l’aide de ma canne et j’ai parlé d’un bon débit. Mes enfants sont venus assister au vernissage. Actuellement, je vis un sentiment d’urgence. Je ne sais pas pendant combien de temps je vais pouvoir encore produire. Mais en attendant, je n’ai pas d’intérêt à être seulement un demi-moi. Je veux être un plein-moi et je souhaite vivre complètement cette exposition. »