Un roman jeunesse qui traite d’intimidation

Shana la championne

Nancy Rouillard et sa fille Allison Howe ont collaboré afin de rédiger Shana la championne, un roman jeunesse qui traite d’intimidation. Pour chaque exemplaire vendu, 0, 50 $ seront remis à la Fondation Jasmin-Roy, un geste important pour les deux auteures.

C’est d’abord comme une forme de thérapie que l’histoire de Shana a commencé. « Écrire, c’est thérapeutique. Nous avions amorcé la rédaction au moment où Allison vivait de l’intimidation à l’école. Ce fut un réel projet pour l’aider à s’en sortir, bien que ce ne soit pas son histoire personnelle. Je souhaitais qu’elle verbalise ses sentiments, qu’elle me dise comment elle se sentait, ce qu’elle avait l’intention de faire, d’apporter comme solutions. Puis un jour, c’est devenu un projet de livre officiel. Nous y avons travaillé ensemble », mentionne en entrevue Nancy Rouillard, à qui l’on doit aussi Identité, un roman policier publié en 2012. « Écrire avec ma mère m’a permis de sortir des émotions négatives, du méchant que je gardais à l’intérieur de moi. Ça m’a permis aussi de passer du temps de qualité avec elle et de créer des liens plus solides », ajoute Allison Howe, la jeune adolescente de 14 ans qui a contribué à l’écriture du roman jeunesse.

Le livre, un bon outil pour discuter de la situation d’intimidation avec les enfants, permet de vivre dans les souliers de la petite Shana et de comprendre ce qu’elle ressent. Paru en septembre dernier, Shana la championne est un court bouquin de 68 pages illustré par Stéfanie Proulx et accessible pour tous les enfants à partir de la maternelle. Il raconte l’histoire de Shana, une jeune fille de 5e année qui s’attire les commentaires, railleries et moqueries de ses compagnons de classe. Malheureuse, elle trouve refuge uniquement chez sa grand-mère, auprès de sa chienne Kamy et dans son journal intime… jusqu’au jour où Jean-Christophe décide de devenir son allié. « C’est une histoire sur l’intimidation qui raconte un moment de la vie de Shana. Elle se sent différente des autres et elle n’a pas beaucoup d’amis. Elle fait rire d’elle et n’a pas confiance en elle », d’expliquer Allison Howe.

Pour Allison, l’intimidation a fait son apparition au primaire en 2e année, puis a ensuite refait surface lors de son entrée au secondaire. « C’est mauvais, l’intimidation. Ça détruit la personne qui en est victime. Elle perd confiance, ne peut plus se concentrer sur l’école et est constamment en train d’anticiper et de craindre la prochaine attaque. Elle reste en mode garde. Au fond, il faudrait juste que les gens apprennent à s’accepter et à ne pas juger la différence », raconte Allison. Sa maman Nancy a, elle aussi, été victime d’intimidation lors de son arrivée à Saint-Bruno-de-Montarville. « Il y a cette relation spéciale entre une mère et ses enfants qu’on ne peut pas négliger. D’avoir vécu ce fléau moi-même, je voyais bien qu’Allison n’allait pas bien, qu’elle s’isolait. Je le sentais à l’intérieur. Trente ans après mon expérience, ma fille vivait la même chose. Puis, un jour, elle a fini par cracher le morceau. Plus tard, quand elle a fait son entrée au secondaire, je me suis sentie encore comme ça. Allison est une enfant très timide, sociable, mais qui a de la difficulté à se mêler aux autres. Je lui ai dit : « Allison, tu es en train de revivre ce que tu avais connu plus jeune ». C’est là que je lui ai proposé de mettre sur papier ses émotions. »

Pour les auteures, il était important que le roman ne soit pas perçu négativement. C’est la raison pour laquelle il se termine sur une finale heureuse. Leur objectif, c’est que Shana la championne soit lu dans les écoles, que les commissions scolaires s’en servent comme un outil pédagogique. « J’y crois, à ce petit livre! Ça ne peut pas rester juste un fichier d’ordinateur. Mon fils, qui a cinq ans de moins que sa sœur, l’a lu et à la suite de sa lecture, il s’est aperçu qu’il y avait un cas d’intimidation à son école, qu’une jeune fille s’isolait. Mon garçon est devenu le personnage de Jean-Christophe dans l’histoire, l’allié de Shana; il est allé voir cette personne et l’a incluse dans son groupe », relate Nancy Rouillard, qui croit que la lecture mène à la réflexion.

Orthophoniste de métier, Nancy Rouillard planche maintenant sur d’autres projets d’écriture, dont celui à propos d’une enquête policière à la Agatha Christie. « J’écris depuis que je suis toute petite. J’ai toujours eu un intérêt pour raconter mon imaginaire. Je comble un besoin d’évasion; je pense à autre chose pendant que je rédige », de poursuivre l’écrivaine.

Nancy Rouillard et Allison Howe seront de passage au Salon du livre de Montréal, en novembre. Le lancement officiel de Shana la championne se déroulerait lors de l’événement.

« Je retiens de cette expérience mère-fille qu’on a plus de points en commun que je ne pensais, que ma mère peut me soutenir et que nous faisons une bonne équipe. J’ai accepté de réaliser ce livre parce que je pensais que je pouvais aussi aider d’autres personnes à se confier, à comprendre qu’il y a de l’espoir et aussi, pour passer le message qu’il ne faut pas intimider les gens », conclut Allison.

QUESTION AUX LECTEURS :

Avez-vous déjà été victime d’intimidation?