Renée Beaulieu réalise son premier long-métrage

Le Garagiste

Renée Beaulieu signe le scénario, le montage et la réalisation de son premier long-métrage, Le Garagiste, qui a été projeté au grand écran en novembre dernier. Avec ce film, qui met notamment en vedette le comédien Normand D’Amour, la Grandbasiloise propose une histoire sur mourir dans la dignité, inspirée d’une rencontre marquante qu’elle a vécue dans une pharmacie.

Le garagiste d’une petite ville québécoise sur les bords du fleuve Saint-Laurent espère une greffe rénale depuis cinq ans. Dans l’attente, sa vie est en suspens. Il tente comme il peut de préserver son garage, son couple, et ce, malgré les longues heures passées plusieurs fois par semaine en dialyse et son énergie qui s’étiole au gré de la maladie. Mais l’embauche au garage d’un jeune d’un village éloigné déclenche dans la vie de cet homme une suite de bouleversements qui vont le révéler de façon inattendue et troublante.

En plus de Normand D’Amour dans le rôle principal, la distribution est composée aussi de Pierre-Yves Cardinal, Louise Portal, Nathalie Cavezzali et Michel Dumont.

L’inspiration

Pharmacienne de profession, Renée Beaulieu aidait son conjoint, propriétaire d’une pharmacie sur la Rive-Sud (Montréal), lorsque cette rencontre est survenue. Elle vérifiait les piluliers au comptoir, dont celui d’un homme dans la cinquantaine qui souffrait d’insuffisance rénale grave. Après de nombreuses années d’attente et de séances de dialyse, il a enfin subi une greffe de rein. Quelques mois plus tard, ce même patient se tenait au bout du comptoir, dans un piteux état. Il connaissait bien le conjoint de Renée Beaulieu, son pharmacien, et il lui apprend que son corps rejette la greffe de rein et que lui, il rejette le retour à la dialyse. Quelques jours après, il est repassé faire ses adieux aux gens de la pharmacie. « Nous ne l’avons jamais revu. Il est mort chez lui, 10 jours plus tard. Pour moi, cette rencontre a été une expérience émotionnelle très forte, puissante. C’est à partir de cette visite que j’ai commencé à construire mon histoire pour Le Garagiste », raconte au journal Renée Beaulieu.

C’était en 2007. Ce n’est donc que bien des années plus tard, à force de réécritures, de demandes de financement public refusées, d’acharnement et d’investissement privé (elle a déboursé 20 000 $ pour mener à bien son rêve), que Renée Beaulieu peut enfin dire mission accomplie pour la réalisation de son premier long-métrage, distribué par TVA Films. « Malgré les embûches pour la production, c’était important de ne pas mettre tout mon travail et celui de mes collaborateurs à la poubelle, et de se rendre au bout de ce projet. Personnellement, c’est donc une douce revanche de le voir enfin sur les écrans », d’expliquer la cinéaste.

Résidante de Saint-Basile-le-Grand depuis 15 ans, l’enseignante en scénarisation à l’Université de Montréal a décidé de tourner Le Garagiste à Trois-Pistoles. Celui-ci prend forme dans cette région du Bas-du-Fleuve, dans ses lieux : le fleuve, le quai, les roches. Les paysages sont magnifiques. « L’histoire comme telle aurait pu être tournée n’importe où, mais je suis née et j’ai grandi à Trois-Pistoles. C’était important pour moi d’y retourner; ça m’a ramenée à mon adolescence. Les questions abordées dans le film, la vie, la mort, tout ça me ramenait à mon passé, mes racines. Un lien direct à mon vécu. Ces racines, elles sont à Trois-Pistoles », mentionne la réalisatrice, qui parle du Garagiste comme d’un film d’une « certaine fragilité, intime, dont l’émotion se fait sentir dans les silences ou les scènes avec très peu de dialogues ».        

Les festivals

Le Garagiste a été projeté en première mondiale et en sélection officielle au Festival international de cinéma et d’art de Percé, ainsi qu’au Festival international du film de Calgary et au Festival international du film de Femmes de Salé au Maroc; en octobre, il a été en compétition officielle au Molodist International Film Festival de Kiev, en Ukraine, ainsi qu’au 32e Festival international du film francophone de Tübingen-Stuttgart, en Allemagne, en novembre.

Diplômée de l’INIS, Renée Beaulieu est détentrice d’une maîtrise en littérature québécoise, d’un doctorat en études cinématographiques de l’Université Laval (décembre 2015) et est pharmacienne (B. Pharm) diplômée de l’Université de Montréal. On lui doit le scénario du film Le Ring (2007), qui a circulé dans plusieurs grands festivals, dont ceux de Berlin (Allemagne) et de Pusan (Corée du Sud).

Au moment d’écrire ces lignes, Renée Beaulieu travaille sur un nouveau projet : Les Salopes, un récit sur l’infidélité féminine, qu’elle scénarise, réalise et produit.