Oser l’horreur

Les curiosités littéraires

Je déteste les films d’horreur. Halloween ou pas. Ça me rend stupidement peureuse dans la vie de tous les jours. Peur d’être la cible d’un maniaque quand on est seule à la maison, pourquoi pas! C’est aussi que les histoires me semblent un peu idiotes la plupart du temps. Je généralise, mais rares sont les chefs-d’œuvre, et les personnages représentent souvent de gros stéréotypes ambulants.

Pour la littérature dite d’horreur, c’est un peu différent. L’auteur doit faire preuve d’imagination et d’une plume habile pour créer un sentiment d’angoisse chez son lecteur. Effets spéciaux et maquillage ne sont pas possibles ici, et nous imposer des images dégueulasses n’est pas suffisant. À défaut de provoquer l’effroi, on veut mettre mal à l’aise.

En théorie, l’horreur est un sous-genre du fantastique. On présente souvent des phénomènes surnaturels et des créatures mythiques à la Dracula de Bram Stocker. Mais certains récits s’ancrent plutôt dans la réalité et exploitent des thèmes comme la religion, la quête de pouvoir ou la maladie mentale. Dans bien des cas, on parle au final plus de thriller que d’horreur.

Plusieurs auteurs ne jurent que par ce style. Il y a bien sûr l’incontournable Stephen King, dont les romans d’épouvante ont souvent été adaptés au cinéma. Au Québec, notre maître de l’horreur est Patrick Senécal. Certaines de ses histoires ont aussi été popularisées au grand écran. Dans ses récits, il aime nous emmener dans les bassesses de l’humain, nous choquer, nous perturber. La plupart de ses livres sont pour public averti seulement à cause de la violence, des actes morbides et d’une sexualité outrageuse.

Il a écrit une foule de bons livres, comme Le passager, 5150 rue des Ormes, Hell.com ou Aliss. Ce dernier est d’ailleurs mon préféré. Une jeune femme prend le métro et se retrouve dans un monde étrange, mais bien loin du Pays des Merveilles. Le parallèle avec le conte de Lewis Caroll et ses singuliers personnages est savoureux. Mention à Chair et Bone, répliques dépravées du Chapelier toqué et du lièvre de Mars. Le personnage d’Aliss de Senécal fait des choix pour les moins discutables (on la trouve même un peu idiote) qui nous emmènent de plus en plus loin dans l’horreur.

Auteure québécoise un peu moins connue, Madeleine Robitaille a publié plusieurs titres qui naviguent dans ce genre. Elle écrit d’une plume efficace et sans flaflas des histoires qui se lisent en peu de temps. J’ai lu Chambre 426 et Dans l’ombre de Clarisse en quelques jours. J’ai apprécié le sentiment de malaise qu’ils m’ont donné et le véritable effroi lors de certains passages avec l’abominable grand-mère Clarisse. Une main sur la bouche, j’ai grogné d’horreur à un moment précis.

Si une peureuse comme moi (à qui il arrive encore de se cacher sous les couvertures la nuit) peut lire ces romans, c’est que j’aime bien être choquée avec les mots de temps à autre. Il ne faut pas avoir peur de se mettre au défi et de plonger dans l’horreur le temps de quelques pages! Oserez-vous?

Collaboration spéciale,

Amélie Cléroux, commis à la bibliothèque Roland-LeBlanc