Martine Lavault : de la douleur à la couleur

Circuit des arts Saint-Bruno-de-Montarville

L’artiste peintre Martine Lavault s’apprête à ouvrir les portes de son atelier, les 17 et 18 septembre, lors du Circuit des arts de Saint-Bruno-de-Montarville.
« Pour moi, le Circuit des arts est un événement qui me permet de partager ma passion pour la peinture avec les autres. À la différence d’une exposition, les gens viennent chez vous, entrent dans votre cocon, à l’endroit même où vous créez. J’aime beaucoup l’idée et je crois qu’eux aussi! » explique au journal Martine Lavault, une artiste peintre abstraite coloriste.
Elle assure que les visiteurs auront du plaisir tout au long du parcours de l’activité. En ce qui la concerne, elle leur donne rendez-vous tout en couleurs et textures : « Avec mes œuvres, ils vont en avoir plein les yeux, car elles sont lumineuses. Ils vont voyager dans l’univers abstrait de l’acrylique et voir que tout est possible en peinture. Je suis certaine que plusieurs vont repartir avec l’envie d’essayer de rentrer dans cet univers. »
Elle en sera à une troisième expérience au Circuit des arts de Saint-Bruno-de-Montarville. « Un jour, quelqu’un m’a dit que l’art ne se gardait pas pour soi, qu’il fallait le partager. J’ai donc décidé, en 2012, de m’inscrire à mon premier Circuit. Maintenant, je commence à avoir la piqûre! » lance Mme Lavault.

« J’aimais beaucoup. Je passais mes fins de semaine à peindre. Puis, ma grande fille est décédée. » – Martine Lavault

Cette fois, les visiteurs qui se rendront au 3075, rue de la Fougère pourront observer de l’art abstrait. Martine Lavault travaille avec l’acrylique et différents médiums. « Cette année, je vais présenter non seulement mes réalisations des années passées, mais surtout plusieurs nouveautés. J’ai beaucoup créé cette année; j’ai exploré d’autres avenues, d’autres techniques en utilisant divers médiums », poursuit-elle.
Contrairement à d’autres participants du Circuit des arts, elle sera seule dans son atelier, alors que d’autres se réunissent à deux, trois, parfois même quatre. « Je ne suis pas contre cette idée… c’est vrai que je manque de place pour pouvoir accrocher toutes mes œuvres. Je voudrais tout montrer et je suis déjà obligée de faire des choix. Avec plusieurs artistes, cela compliquerait peut-être encore les choses. Il faudrait que je voie comment s’organisent les autres qui partagent leurs ateliers. »
Artiste peintre grâce à sa fille
L’aventure de Martine Lavault avec l’art s’est amorcée il y a 13 ans, grâce à sa fille, qui l’a « menée sur ce chemin ». Elle raconte : « Marilyn, ma grande fille de 16 ans, était hospitalisée. Pendant son séjour, elle avait reçu en cadeau une peinture à numéros. Je passais alors mes journées à l’hôpital avec elle, et elle m’a demandé de peindre le canevas avec elle. J’ai vraiment aimé ça! » À leur retour à la maison, Mme Lavault a reçu comme cadeau d’anniversaire un ensemble de peinture de la part de sa fille. Une toile, quelques tubes de peinture et des pinceaux. L’artiste en elle s’est alors manifestée. Elle a commencé par reproduire cartes postales et objets divers. « J’aimais beaucoup. Je passais mes fins de semaine à peindre. Puis, ma grande fille est décédée. »
La couleur dans la douleur
Parce que ça lui procurait beaucoup de bien, elle a poursuivi, et ce, malgré la douleur, malgré la tristesse. « Je n’avais pas ce sentiment de fierté comme lorsqu’on crée quelque chose entièrement par soi-même. Je me suis mis devant une toile blanche et j’ai laissé aller mon imagination, mes émotions. J’ai commencé avec l’art abstrait et je me suis vite aperçue que malgré toute la douleur que je ressentais et toute la tristesse qui m’envahissait, mes toiles étaient très, très colorées », déclare l’artiste peintre, qui accumule les expériences avec différents médiums, et même encore aujourd’hui. « Ce que j’aime, c’est que je ne sais jamais à l’avance comment sera ma toile. Les couleurs qui se fusionnent ont toujours le dernier mot! Ce que j’apprécie dans cet art, c’est qu’il n’y a pas de limite… tout est permis! Pour moi, c’est une forme d’évasion, un exutoire. Lorsque je peins, je pense à ma grande fille, bien sûr, et cela me fait du bien. Je me dis qu’elle serait très fière de voir mes toiles aujourd’hui. »
Autodidacte, sans formation, Martine Lavault a tout de même suivi, en 2006 et 2007, un cours intitulé Liberté en peinture, avec la Grandbasiloise Chantal De Serres. « J’ai toujours été très manuelle, mais je peux vous certifier que je n’ai jamais été douée pour le dessin. Pourtant, j’ai fait un portrait de ma fille juste après son décès et je suis très fière du résultat. Comme quoi tout est possible. »
Martine Lavault se dit fière du parcours effectué depuis 2003, ainsi que chaque fois qu’elle complète une œuvre. Mais elle est surtout fière d’avoir essayé, et d’avoir poursuivi dans cette voie. « J’ai toujours du mal à dire que je suis une artiste, car j’ai longtemps cru que cela ne m’était pas réservé, que je n’étais pas assez bonne pour cela. Aujourd’hui, je pense qu’il ne faut jamais sous-estimer ses capacités. Il y a un ou une artiste en chacun de nous », conlut-elle.