Louis Émond finaliste pour Le jouet brisé

Association des auteurs de la Montérégie

Louis Émond est finaliste aux Grands prix du livre de la Montérérégie 2017. L’auteur de Saint-Bruno-de-Montarville est en nomination au prix Philippe-Béha pour son album jeunesse Le jouet brisé, illustré par Jean-Luc Trudel.
Le journal s’est entretenu avec Louis Émond.
Les Versants : Qu’est-ce que ça représente pour vous cette nomination?
Louis Émond : Le fait d’être finaliste à un prix, peu importe lequel, est, bien entendu, une marque de reconnaissance. On te dit, en mettant ton livre en nomination, que sur le grand nombre d’albums qui ont été publiés, en l’occurrence, publiés par des auteurs de la Montérégie, puisque c’est le Grand prix de l’Association des auteurs de la Montérégie, le tien a retenu l’attention, car ce que tu y racontes a fait réagir positivement, a touché, a fait vibrer, a ému les jurés d’une manière ou d’une autre; ils en ont aimé le message, l’écriture… C’est une forme agréable et appréciée d’encouragement.
Les Versants : Le Grand prix album jeunesse de la Montérégie est devenu cette année le prix Philippe-Béha. Est-ce que cela revêt un cachet particulier, puisque Philippe Béha a été l’illustrateur de votre album Le monde de Théo?
Louis Émond : La question est très pertinente. Je disais justement à mon éditrice que cela me ferait quand même plaisir d’être le premier à remporter le prix qui porte le nom d’un artiste que j’admire, qui est aussi, belle coïncidence, celui qui m’a amené à écrire le tout premier de mes albums – je n’avais écrit que des romans, du théâtre et des recueils de nouvelles avant Le monde de Théo – et qui est aussi et surtout un très bon ami [NDLR : Philippe Béha ne fait pas partie du jury pour le prix qui porte son nom].
Les Versants : D’où vous est venue la genèse de ce bouquin?
Louis Émond : C’est une idée qui m’est venue alors que j’étais le père Noël à la Guignolée du Dr Julien. Je regardais un des enfants du quartier Hochelaga-Maisonneuve qui était venu me parler… enfin, parler avec le père Noël. L’enfant tenait dans sa main une vieille voiture un peu déglinguée. Je me suis demandé si j’arriverais à la réparer. Je me suis ensuite dit que ce serait chouette si je pouvais juste la mettre dans ma poche et la ressortir comme neuve, et la lui redonner. C’est comme ça que j’ai imaginé l’histoire de Jérôme Trottier, un homme un peu fatigué, un peu brisé lui-même. Un homme qui n’a plus de travail et qui, pour gagner de l’argent, prend un poste temporaire de père Noël dans un grand magasin. Une fin d’après-midi, il revêt comme d’habitude les atours du bonhomme, puis marche jusqu’à son lieu de travail. Chemin faisant, il passe devant un escalier où un petit garçon pleure à chaudes larmes. Comprenant que la cause de son chagrin est le jouet brisé à côté de lui et auquel il tenait apparemment beaucoup, Jérôme lui offre de l’emporter à son atelier, de le réparer et de le lui rendre le lendemain soir, au même endroit et à la même heure. Le garçon accepte. Ce jour-là, Jérôme ne le sait pas encore, mais il a posé un petit geste qui aura d’importantes répercussions sur sa vie.

« C’est une idée qui m’est venue alors que j’étais le père Noël à la Guignolée du Dr Julien. » – Louis Émond

Les Versants : Est-ce que l’album Le jouet brisé aurait pu se retrouver dans cette catégorie sans les illustrations de Jean-Luc Trudel, et vice versa, sans les textes de Louis Émond?
Louis Émond : Un album est un tout, comme on sait. Je crois que les illustrations de Jean-Luc ajoutent, de belle manière, une ambiance, de l’émotion, en plus de l’information qui est à l’intention des enfants. Mais ce prix, m’a-t-on dit, récompense le texte, puisqu’il vient de l’Association des auteurs de la Montérégie. Cela dit, un film est primé pour la qualité de son scénario, certes, mais aussi pour le jeu des acteurs, l’éclairage, la photographie, la musique… C’est indissociable. Jean-Luc a certainement contribué au succès de l’album. Il n’y a qu’à regarder la couverture de ce livre. C’est un tableau, une œuvre d’art. Et en dedans, c’est tout pareil.
Les Versants : Pourquoi Jean-Luc Trudel?
Louis Émond : J’avais déjà vu son travail sur quelques albums, et j’ai tout de suite su que c’était lui qu’il nous fallait pour illustrer ce conte de Noël. À cause de ses couleurs, superbes, son coup de crayon, magistral, son immense et indiscutable talent et à cause du caractère vieillot, je dirais classique, de ses illustrations.
Les Versants : Est-ce que c’est la première fois que Louis Émond est finaliste aux Grands prix du livre de la Montérégie?
Louis Émond : J’ai déjà gagné le Grand prix de l’AAM en 2006. J’ai remporté le Prix du jury et le Prix du public pour mon recueil de nouvelles Quand la vie ne suffit pas, paru chez Soulières éditeur.
Les Versants : Pourquoi cet album est-il important pour vous?
Louis Émond : Parce que j’aime Noël avec passion. J’avais déjà écrit un roman de Noël, La guerre des lumières, en 2005, et un roman de Noël pour premiers lecteurs, Trooooooooooop long!, en 2011, tous les deux chez Soulières. Il me restait deux rêves à réaliser en ce qui concerne Noël : écrire un album et participer d’une manière ou d’une autre à un spectacle théâtral ayant pour thématique la délicieuse fête de Noël. Il ne m’en reste maintenant plus qu’un à réaliser! Et puis, j’aime aussi le message de cet album. Que parfois, il peut nous arriver de considérer une chose brisée, finie, plus bonne à rien, mais qu’avant de la jeter, on devrait essayer de la réparer. Ça ne fonctionne pas toujours, évidemment, mais ça vaut la peine de tenter le coup. Il en va des objets, comme il en va des relations. Et des personnes.
Les Versants : Comment se porte votre carrière d’écrivain à temps plein?
Louis Émond : Vraiment très bien. J’écris beaucoup. J’écris dans le plaisir et sans pression. Je ne me force pas. J’écris quand j’ai une idée, quelque chose à raconter. Et je visite des écoles, ce qui me permet de renouer régulièrement avec l’autre passion de ma vie professionnelle : l’enseignement, la communication. Le seul envers à cette médaille, en apparence dorée, c’est que si je peux vivre ça, c’est parce que je suis rendu vieux. Une médaille dorée pour l’âge d’or!
Les Versants : Album jeunesse ou roman… qu’est-ce que Louis Émond préfère écrire?
Louis Émond : Ce sont deux plaisirs différents. Le premier est plus immédiat. Plus spectaculaire. Et il apporte l’immense plaisir du partage, de voir comment un autre artiste imagine ce que tu as créé avec des mots. C’est fascinant. Et comme j’ai eu la chance d’avoir jusqu’à maintenant de grands artistes pour illustrer mes histoires, Philippe Béha, Jean-Luc Trudel et tout récemment Steve Adams, dont les illustrations pour mon dernier album, La belle histoire d’une vieille chose, sont de pures merveilles, je me sens comblé. Le roman est plus exigeant, plus frustrant parfois, mais il apporte aussi son lot de satisfactions. Je le sais parce que je suis en train d’en écrire un en ce moment même. Un roman pour adolescents/jeunes adultes, mon premier écrit plus dense et plus consistant depuis la parution de mon recueil en 2006. Je n’en dirai pas plus…
La remise des Grands prix du livre de la Montérégie se déroulera lors d’un 5 à 7, le lundi 8 mai, dès 17 h, à la salle Albert-Beaudry de la Maison de la culture de Longueuil, au 300, rue Saint-Charles Ouest.