Les réfugiés du billot creux

Louis Émond en forêt

L’auteur jeunesse Louis Émond publie Les réfugiés du billot creux. Un nouvel album paru aux éditions La Bagnole.

En forêt, une lapine et ses petits trouvent refuge dans un billot creux. Le clan décide alors d’y accueillir d’autres animaux en détresse. Mais l’espace de l’endroit qui les protège manquera-t-il pour tous ces animaux? Avec Les réfugiés du billot creux, son septième album jeunesse, Louis Émond accouche d’une histoire touchante, une première mettant en scène des animaux. Les illustrations sont de Laurence Dechassey. « Quand il est question de valeurs, la parabole où l’on donne la parole à des animaux ou à une vieille chose [voir La belle histoire d’une vieille chose], s’avère souvent d’une grande efficacité », mentionne Louis Émond, que le journal Les Versants a questionné.

À l’origine, l’écrivain de Saint-Bruno-de-Montarville a été approché par le festival Métropolis Bleu durant la pandémie. Le festival lui proposait d’écrire une histoire faisant la promotion des valeurs telles l’entraide, l’ouverture, le respect des différences, le partage ou l’empathie. « J’ai tout de suite eu envie de mettre en scène des animaux, comme La Fontaine ou Ésope », précise Louis Émond, qui qualifie son texte d’« histoire d’accueil et d’ouverture à l’autre ».        

La première version de ce conte, Les invités du billot creux, a été lue sur un clip vidéo que son fils, le cinéaste David Émond-Ferrat, a tourné et que Métropolis Bleu a diffusé.

La Bagnole indique que cette histoire s’adresse aux enfants de quatre ans et plus. De son côté, l’auteur dédie son récit à ses petits-enfants, « dont le sourire m’est un refuge ». Quand on lui demande pourquoi cette dédicace, l’enseignant à la retraite répond d’emblée parce qu’il les adore et que la dédicace semblait une occasion de le leur montrer. « J’ai une photo d’eux sur mon bureau. Lorsque je vis un moment d’inquiétude – comme nous en vivons tous – je me réfugie dans leur irrésistible sourire », confie le grand-papa.

D’ailleurs, il s’est aussi confié sur ce nouveau rôle qui l’occupe et qui lui fait voir les choses de façon différente. « Dès que l’on a des enfants et des petits-enfants, on ne peut plus voir la vie de la même manière. On pense plus souvent à demain. On voudrait tant léguer aux nôtres un monde harmonieux. »

« Je ne pourrai jamais me passer de l’écriture. » – Louis Émond

Les réfugiés

D’abord des invitées dans la version audiovisuelle, les petites boules de poils venues se blottir au fond du billot sont devenues des réfugiées quelques années plus tard. Pour Louis Émond, un réfugié est quelqu’un qui n’a plus accès au minimum vital, soit l’eau, la nourriture, la sécurité, un abri, et qui, par la force des choses, doit quitter son milieu pour retrouver ailleurs ce qu’il a perdu. Dans Les réfugiés du billot creux, les animaux ont fui leur habitat original lorsque des géants de métal jaune ont tout détruit. « Combien?, se demande M. Émond. Combien la maman lapin pourrait-elle prendre de réfugiés dans son billot creux avant que cela ne devienne problématique pour sa famille? Combien de naufragés peut-on prendre à bord de notre chaloupe avant que celle-ci ne coule sous le poids du nombre? » 

Littérature jeunesse

Le début des Réfugiés du billot creux fait brièvement penser au roman Les garennes de Watership Down, l’histoire de lapins de Richard Adams. L’occasion de demander à l’auteur quels sont les romans jeunesse mettant en scène le monde animal qu’il préfère. Il nomme d’emblée Croc-blanc, le classique de Jack London qu’il a lu à plusieurs reprises, puis Winnie l’ourson, d’Alexander Milne, et La toile de Charlotte, d’E.B. White.

« J’ai aussi en tête L’œil du loup et Cabot-Caboche, de Daniel Pennac. Récemment, j’ai lu Kipp kangourou, de Sonia Sarfati, une histoire drôle, ingénieuse et pleine de tendresse. Mais l’ennui quand on dresse une liste, c’est que l’on en oublie toujours. Il va sans doute me revenir une demi-douzaine d’autres titres, et je vais m’en vouloir de ne pas y avoir pensé », répond-il, avant d’ajouter deux titres qui « s’imposent » pour les adultes. « Le toujours pertinent Animal Farm, de George Orwell, et la troublante bande dessinée Maus, d’Art Spiegelman. »   

La suite des écrits

Louis Émond planche sur l’adaptation en album jeunesse de son histoire d’Halloween, Les trois bonbons de Monsieur Magnani. L’œuvre sera illustrée par Sampar, à qui l’on doit la bande dessinée Guiby. Il met aussi la touche finale à un roman qui flirte entre fantastique et polar pour un lectorat « adulescent ». Un deuxième tome est en chantier, puisque l’intrigue pourrait devenir une série. À suivre… « Je ne pourrai jamais me passer de l’écriture. J’ai toujours trois ou quatre projets en tête. Je me considère chanceux d’avoir développé cette autre corde à mon arc alors que j’enseignais encore. Quand j’ai quitté le monde de l’école, écrire à temps plein s’est fait de manière naturelle, fluide », analyse le romancier.