Le réveil de l’écrivaine

Valérie Carreau

Après la sortie, en 2010, d’un recueil de nouvelles bien reçu par la critique, Valérie Carreau publie aux éditions Marchand de feuilles Une mère exceptionnelle, son premier roman. L’auteure de Saint-Bruno-de-Montarville sera au Salon du livre de Montréal, le dimanche 23 novembre, de midi à 13 h, pour une séance de dédicaces.

« J’ai grandement appris lors de la rédaction de ce roman. Il y a une différence entre écrire une histoire courte, une nouvelle, et mettre sur le papier un texte de plus de 200 pages. Il y a un apprentissage dans le processus du roman. Il y a aussi un côté technique à rédiger ainsi pendant deux ans. L’histoire doit être bien ficelée. Ce n’est pas facile et j’avoue que j’ai eu mes moments de découragement, mais je suis très contente d’être allée jusqu’au bout du projet », explique l’écrivaine Valérie Carreau, en entrevue avec Les Versants.  

Valérie Carreau a vécu la douloureuse épreuve de ceux qui ont perdu un bébé naissant. Laurence est décédée en 2006 des suites d’une maladie cardiaque. Jamais elle n’a quitté l’hôpital. La romancière s’est inspirée de cette tragédie pour créer son personnage de Catherine et montrer que parfois les mécanismes du deuil prennent un étrange relief. « Cet épisode de ma vie, je le gère bien, je l’ai réglé. Dans mon livre, l’histoire de la mort de Philippe n’est qu’un prétexte pour exprimer autre chose. Je ne voulais pas raconter l’enfant qui meurt, mais bien combien il est exigeant d’être parent et combien on s’en impose. Catherine incarne une façon d’être afin de ne pas entrer en contact avec ses sentiments et de ne pas faire face à la réalité. Le roman porte sur les apparences et cette pression sociale étouffante, aliénante », résume Valérie Carreau, qui a eu deux filles par la suite.  

L’héroïne d’Une mère exceptionnelle cuisine à merveille de bons petits plats pour son mari et ses deux filles, nettoie, frotte et récure toutes les pièces de la maison afin de ne laisser aucun grain de poussière, de trace de doigts, de coulisses le long des miroirs. Le personnage de Catherine est exceptionnel, mais elle est folle aussi, selon son auteure. « Je ne suis pas Catherine, c’est une fiction! Mais on s’inspire de ce que l’on connaît, de ce que l’on a vécu. Après la naissance de ma deuxième fille, je me suis aperçue à quel point c’est incroyable tout ce qu’il faut accomplir pour essayer de maintenir ces standards si élevés de notre société. La perfection, les finances, la belle maison, ça fait quoi tout ça? Une mère exceptionnelle, c’est aussi une vengeance envers toutes ces femmes d’exception », de poursuivre Valérie Carreau, qui fait présentement une maîtrise en littérature à l’UQAM.

Valérie Carreau, qui demeure à Saint-Bruno-de-Montarville depuis neuf ans, se doute bien que tous ne réagiront pas de la même manière à la lecture de son bouquin, mais elle souhaite ardemment que son histoire fasse réfléchir les lecteurs.  

La huitième gorgée

Le recueil de nouvelles de Valérie Carreau, La huitième gorgée, contient 10 textes, dont les plus intéressants, Un bouquet de glaïeuls, qui porte sur l’alzheimer, et De tout cœur, qui relate les derniers jours d’un bébé naissant qui ne quittera jamais l’hôpital. « Pour De tout cœur, j’ai retravaillé des notes que j’avais prises à l’hôpital en 2006 lorsque je veillais Laurence. C’est mon texte le plus autobiographique », souligne celle qui s’inspire des gens et d’anecdotes pour rédiger ses histoires.

Valérie Carreau a une formation en journalisme et a déjà été pigiste. « La création m’intéressait bien plus que le travail de journaliste. Un jour, j’ai participé à un concours de nouvelles dans le journal Voir. J’ai continué à écrire à temps partiel et grâce à une subvention du programme Jeunes volontaires, j’ai réussi  à concevoir La huitième gorgée. »

La Montarvilloise planche présentement sur un nouveau projet, un roman dans lequel l’héroïne, après la mort de sa mère biologique, part à la recherche de son père. « L’écriture est un lent processus qui demande du temps. C’est un travail sur lequel il faut s’acharner et dont la reconnaissance n’arrive pas immédiatement. Je suis fière de tenir le coup, de persévérer et de me permettre de continuer d’écrire », de conclure l’auteure.