Ils étaient au Centre Bell

Plus de 14 000 personnes réunies mardi dernier au Centre Bell ont rendu un dernier hommage au chanteur des Cowboys fringants, Karl Tremblay, décédé le 15 novembre d’un cancer de la prostate. Des fans de Saint-Bruno-de-Montarville s’étaient déplacés pour l’occasion. 

« C’était une soirée très émouvante », commente Laurianne Senécal, qui avait déniché des billets au parterre pour l’occasion. 

Accompagnée de ses amis, elle raconte que la soirée était à l’image des Cowboys fringants. « L’ambiance était magique; à la fois solennelle et respectueuse, mais aussi festive par moments. »

« C’était important pour moi d’aller lui dire au revoir. » – Laurianne Senécal

Pour Laurianne Senécal, qui a grandi à Saint-Bruno-de-Montarville, c’était important d’être sur place le 28 novembre dernier parce que la musique des Cowboys fringants aura rythmé tout un pan de sa vie. Des moments marquants, de son passage au cégep à son premier amour, en passant par son départ de la maison familiale vers l’université, sa première peine d’amour, ses heures passées sur les forums de discussions à tisser des liens avec d’autres fans, son mariage ou encore « ces moments à pleurer dans ma voiture en écoutant La tête haute après que le fichu crabe a emporté mon père ».

Elle poursuit. « Dans les dernières années, j’ai moins été dans leurs shows. Quand j’ai entendu la nouvelle de sa mort, j’ai eu une tonne de »J’aurais donc dû! ». C’était important pour moi d’aller lui dire au revoir afin de ne pas avoir un »J’aurais donc dû » de plus. Je ne pleure pas seulement mon chanteur favori, mais aussi mon band favori », dit-elle. 

Jonathan Brisson aussi a assisté à l’événement à l’intérieur du domicile du Canadien de Montréal. « Je ne suis pas le plus grand fan des Cowboys, confie-t-il. Par contre, je trouvais leur musique vraiment bonne. Toujours ce petit côté accrocheur au niveau de la mélodie et des textes. »

Questionné par Les Versants, il évoque un hommage sobre, lors duquel une vidéo a été diffusée afin de résumer la carrière du chanteur, une sorte de pont entre ses débuts et la fin. Les discours des autres membres du groupe – Marie-Annick Lépine, Jean-François Pauzé et Jérôme Dupras – étaient « à la fois touchants, empreints de sincérité avec quelques touches d’humour ». 

Décès d’une icône

Selon Jonathan Brisson, il n’y a pas, à l’heure actuelle, un chanteur possédant un charisme, une simplicité et un sens du rassemblement et de l’engagement aussi puissants que Karl Tremblay. « C’est important pour moi de souligner cela. Je suis allé au Centre Bell, non pas parce que je suis un grand admirateur, mais plutôt pour célébrer le décès d’une figure de l’histoire de la musique québécoise qui a su rassembler la population pendant près de trois décennies dans le bonheur avec un discours engagé et souverainement assumé », ajoute-t-il.  

La Montarvilloise Caroline Fortin, qui était sur place avec son fils, parle d’un bel hommage. « L’ambiance était bonne et chargée en émotions. Les gens étaient heureux et chantaient pendant les chansons. » 

Quand on leur demande s’ils ont une chanson préférée dans le répertoire des Cowboys fringants, ils mentionnent sans hésitation L’Amérique pleure, l’un des plus récents succès du groupe, paru en 2019 sur l’album Les Antipodes. Mais Toune d’automne, Pub royal et Banlieue sortent aussi du lot. 

Un bébé qui pleure

Pendant la minute de silence accordée en mémoire de Karl Tremblay, un bébé en pleurs s’est fait entendre quelque part dans l’amphithéâtre. Pour Émile Proulx-Cloutier, qui animait la soirée, c’était « l’enfant en chacun de nous qui a parlé ». Pour Jonathan Brisson, ce cri de bébé qui a fait rire la foule a eu l’effet de « mettre un peu de légèreté dans un moment fort émouvant ».

Rappelons que la famille de Karl Tremblay avait choisi de bloquer l’accès à la cérémonie à tous les médias. Toutefois, l’événement a été diffusé sur les réseaux sociaux du groupe. Une décision qui a fait réagir l’éditeur adjoint de La Presse, François Cardinal, en fin de semaine.

En réponse au texte paru dans La Presse, Marie-Annick Lépine s’en est prise aux journalistes dans une publication accompagnée d’une photo de doigts d’honneur. Depuis, la publication a été retirée.