Des fresques de rue

Saint-Bruno-de-Montarville

Il y a bien des façons de passer à travers la crise de la COVID-19. Pendant que plusieurs dessinent des arcs-en-ciel colorés et les affichent dans les fenêtres des maisons, d’autres tracent des fresques à la craie dans les rues.

C’est le cas de Geneviève Bouthot, sur la rue de Dieppe, à Saint-Bruno-de-Montarville. Ses œuvres, dessinées à la craie avec ses deux files, ont été observées à plusieurs reprises par les passants. La plus récente, celle créée pour Pâques, s’inspirait du conte Alice aux pays des merveilles. À travers le lapin pressé, le dodo, Alice et les autres dessins s’ajoutaient aussi des conseils adressés aux Montarvillois : « Reste confiné si tu ne veux pas finir comme le dodo » ou encore « Ne soyez pas si pressés de croire tout ce qu’on vous raconte ».

« Depuis le début du confinement, je fais des fresques de craie de rue avec mes filles, souligne la Montarvilloise Geneviève Bouthot. Pour Pâques, nous avons créé une œuvre inspirée de Alice au pays des merveilles. Nous y insérons des messages pour nos concitoyens montarvillois. Nous avons reçu un accueil très sympathique, chaleureux et positif, sur Facebook et directement des passants! »

Un grand vide

Au moment du confinement, à la mi-mars, la mère et ses filles ont été prises au dépourvu. « Lorsque le confinement a été annoncé, nous avions le cœur gros de laisser tous [nos] projets en plan : mes études, l’école des filles, la chorale qui démarrait le premier lundi [suivant], la compétition de natation synchronisée du 14 au 16 mars annulée la veille. Tout a été mis sur pause; plus d’entrainement de synchro à Aqua-Rythme pour les filles, plus de rencontres familiales ou amicales… On a senti un grand vide », témoigne Geneviève Bouthot.

Ces dernières années, cette designer de mode avait décidé de réduire son horaire de travail afin de passer plus de temps auprès de ses enfants. La première fréquente l’École d’éducation internationale de McMasterville, la deuxième est inscrite à l’École De Montarville. Mme Bouthot est parent bénévole responsable de la chorale de l’école primaire, et y anime des ateliers de décors et d’accessoires de spectacles, fait de la mise en scène, de la recherche… Enfin, depuis septembre dernier, elle suivait une formation en beaux-arts à l’Université Concordia. « C’est à travers le développement d’œuvres céramiques que j’ai pris de l’assurance comme créatrice, participé à une exposition et que je me suis rendue compte que je pouvais toucher les gens et entrer en contact avec eux en tant qu’artiste », mentionne-t-elle.

« Depuis le début du confinement, je fais des fresques de craies de rue avec mes filles. » -Geneviève Bouthot

Or, tout s’est arrêté brusquement, d’où le grand vide. Elle revient au début de la crise, alors que son conjoint continue de travailler à temps plein à partir de la maison : « Dès les premières journées, j’ai cherché avec mes filles, qui sont douées pour les arts, un projet de confinement qui donnerait un sens à l’isolation que nous vivons, qui nous rapprocherait de nos concitoyens, qui amènerait du positif dans leur quotidien. »

L’arc-en-ciel comme première œuvre

La première œuvre réalisée avec les craies de rue a été un arc-en-ciel et le message devenu symbolique de la situation, du moins ici au Québec : « Ça va bien aller! ». Ensemble, elles ont décidé de fleurir la rue et l’une des filles, Alice, a ajouté des oiseaux. Puis ensuite des messages humoristiques, des remerciements destinés aux travailleurs essentiels, des fleurs et d’autres volatiles. « La réaction des passants a été vraiment positive […], jusqu’à ce qu’il pleuve », se rappelle la maman, qui a publié des photos sur les réseaux sociaux. À la suite de la réception des internautes, elle a commandé deux grosses boîtes de craies.

Le trio a poursuivi son travail artistique, d’abord avec un thème matin pour le 1er avril, et enfin une thématique Alice au pays des merveilles pour Pâques. Au journal Les Versants, Geneviève Bouthot raconte que la composition de chaque œuvre évolue au fur et à mesure. Les trois artistes passent entre 7 et 10 heures sur chaque fresque. « Nous essayons de dessiner lorsqu’il y a une séquence de beau temps de plusieurs jours. Mais la météo est capricieuse en mars et en avril! Quand la pluie arrive, on se dit qu’on aura bientôt une nouvelle toile noire pour créer une autre œuvre. »

Quand on lui demande d’où lui vient l’inspiration, elle répond qu’elle est spontanée et qu’elle se laisse inspirer par l’idée du moment. Elle poursuit : « On veut faire réfléchir, mais aussi sourire. Les gens sont très anxieux, vivent des situations difficiles et sont prompts à se laisser aller à la colère et au jugement. Donc, on cherche à adoucir l’atmosphère avec nos talents : je ne peux pas soigner, mais je peux dessiner! »

Attroupements interdits

Puisque le confinement est prolongé pour un certain temps, la famille compte bien retourner à ses craies, le temps de laisser passer le temps froid et maussade des derniers jours. « J’espère que les gens continueront d’être touchés par nos créations, mais je voudrais insister pour dire que les attroupements sont interdits. Si vous passez sur place pour voir, et qu’il y a déjà une famille, attendez en retrait. Si vous vous connaissez, allez jaser un peu plus loin. Ce serait malheureux de devoir cesser nos activités et absolument contre productif! »

QUESTION AUX LECTEURS :

Vos talents artistiques se dévoilent-ils pendant le confinement?