Comment les auteurs de la région perçoivent le Salon du livre de Montréal?

Le 38e Salon du livre de Montréal s’amorce aujourd’hui, le mercredi 18 novembre, pour se poursuivre ensuite jusqu’au lundi 23 novembre, à la Place-Bonaventure. Quelques auteurs de la région, dont le journal vous a présenté les œuvres au cours des derniers mois, seront sur place pour des séances de signatures. Mais une présence à ce grand rassemblement culturel procure-t-il, aux auteurs de notre région, un succès assuré et immédiat sur la vente de livres?

« Tout dépend bien sûr de l’étape à laquelle en est l’auteur. Quelqu’un comme Patrick Senécal y trouve probablement son compte, même lorsqu’il vivait en Montérégie! » selon Martine Richard, de l’Association des auteurs de la Montérégie. 

Visions d’auteurs    

Pour la Montarvilloise Nancy Rouillard, qui a deux romans à son actif, une participation au Salon du livre de Montréal peut avoir un impact sur la vente. « Au début, quand nous commençons dans le domaine et que nous ne sommes pas avec une maison d’édition très connue, notre présence dans les salons est très importante. Ça nous permet de créer des contacts avec les gens, nos futurs lecteurs potentiels. Le bouche-à-oreille est important; on se fait connaître un pas à la fois. » D’après elle, réussir à se distinguer lors d’événements de la sorte dépend beaucoup de la personnalité de chacun; certains sont plus extrovertis que d’autres : « La clé pour nous, c’est le lien que nous devons créer avec les visiteurs du Salon, piquer leur curiosité, partager notre vécu. Tout ça aide énormément à vendre notre livre. Parfois, les moins gênés se costument pour illustrer un de leurs personnages, ajoutent des pancartes, de la musique au kiosque. »

Même son de cloche de la part de la romancière Rébecca Mathieu, de Saint-Basile-le-Grand, qui vient tout juste de sortir Rouge pouvoir, son deuxième bouquin, et qui sera en séance de signatures au kiosque de Joey Cornu éditeur les 18 et 21 novembre. « C’est difficile de se faire connaître en région, alors imaginez à Montréal! Il y a tellement d’auteurs en 2015. Mais le Salon du livre réunit d’avides lecteurs, c’est donc l’occasion rêvée de se démarquer. Intéresser de nouveaux liseurs à Amadentelle et à Rouge pouvoir ne me déplairait pas du tout. »

L’auteur de quatre ouvrages, dont deux dans la collection Tabou aux Éditions De Mortagne, Emmanuel Lauzon, évoque un élément intéressant. « Le Salon du livre de Montréal, c’est toujours énorme pour n’importe quel auteur. Il s’y vend beaucoup de livres, mais nous pouvons souvent ressentir ses effets un peu après l’événement. Certains lecteurs y vont pour regarder ce qu’il y a sur le marché sans forcément acheter tout de suite. C’est certain que les grosses têtes d’affiche retiennent la plupart de l’attention médiatique, mais il y a de la place pour les écrivains moins connus. Dans la région de Montréal, la population est grande et les goûts sont variés, alors il y aura sûrement quelques personnes qui s’intéresseront à l’œuvre d’un auteur moins connu », explique Emmanuel Lauzon. Pour qu’un romancier se démarque, selon lui, la publicité faite par les éditeurs est primordiale. « Ensuite, il y plusieurs facteurs qui peuvent jouer un rôle : l’emplacement du kiosque, par exemple. Dans une mer de monde comme celle du Salon de Montréal, il faut attirer l’attention. Certains auteurs le font par des déguisements, de la musique ou une vidéo, mais le contact avec le lecteur est capital! Il faut aller vers eux, entrer en interaction. L’offre est tellement grande qu’il faut trouver une façon de se tailler une place. »

Pour le poète et fondateur de la Société des poètes universels francophones, le Grandbasilois Pierre Poulin-Piel, c’est par l’originalité et la présence démonstrative, par exemple par la lecture de certains textes, qu’il est possible de se démarquer dans un salon du livre. Et pour l’impact sur la vente? « Ça dépend du sujet et de l’intérêt du lecteur, mais si les deux se rejoignent, en effet, l’impact est certain. »

Selon l’Association québécoise des Salons du livre, il existe huit autres événements semblables à celui de Montréal (Saguenay/Lac-Saint-Jean, Estrie, Rimouski, Outaouais, Trois-Rivières, Québec, Côte-Nord et Abitibi-Témiscamingue). Trois d’entre eux se déroulent du 1er octobre au 8 novembre, avant celui de la Place-Bonaventure. Cinq autres se tiendront du 25 février au 29 mai 2016. Est-ce qu’il y en a trop? « Il n’y en a pas trop, mais c’est qu’ils sont tous en même temps, ou dans la même saison. C’est ce qui est négatif. Les livres doivent se vendent toute l’année, et non seulement dans le temps des Fêtes », note Pierre Poulin-Piel. 

D’autres options

Personnellement, je ne crois pas qu’il y a trop de salons. Lorsque vous demandez si, pour un auteur inconnu, il est possible de faire sa place au Salon du livre de Montréal, vous mettez le doigt sur la difficulté de se démarquer dans un univers où les grandes pointures accaparent forcément toute l’attention. Il existe aussi des salons du livre dits spécialisés, qui sont d’excellents tremplins vers la lecture de nos auteurs. Je pense en particulier au Salon du livre jeunesse de Longueuil, qui attire beaucoup de personnes chaque année », de conclure Martine Richard.

QUESTION AUX LECTEURS :

Qu’est-ce qui vous attire dans un événement comme le Salon du livre de Montréal?