Cet intégrisme qui embête tant Philippe Couillard
Les curiosités littéraires
Je mentirais si je disais que je m’y connais depuis longtemps en bande dessinée pour adulte. Avant, je me moquais : « Évidemment, il y a encore une fille toute nue! » Je ne portais attention qu’à l’absurdité des formes féminines dans certaines d’entre elles. Ces espèces de monstruosités rondes et hautes à faire envier n’importe quelle mutante, « tellement pas réalistes! »
Donc, la BD adulte, c’est pour les hommes qui fantasment sur les filles aux seins ridicules? Mais non! Elle a bien d’autres charmes. Beaucoup ont des histoires enlevantes, dans des univers fantastiques, de science-fiction ou d’horreur. La série Walking Dead en est la preuve vivante (enfin… façon de parler). D’autres font plutôt dans l’humour et le récit du quotidien.
Récemment, j’ai dévoré la bande dessinée L’ostie d’chat. Un nom accrocheur, un format pratique à traîner partout, BD créée par deux Québécoises, Iris et Zviane. Des textes savoureux et des dessins en noir et blanc d’une efficacité surprenante. En trois tomes, lire ces BD m’a donné l’impression d’écouter une série télé bien ficelée. Peu d’efforts et beaucoup de divertissement!
C’est l’histoire de deux gars, Jasmin et Jean-Sébastien, maladroits et un peu paumés, mais si attachants. Ces deux amis auraient toutes les raisons du monde pour ne plus jamais se parler. Mais Legolas, un chat paresseux et laid (cet ostie-là), les unit. Ils font la garde partagée de ce gros matou, qui, au final, brille de son absence.
Campée à Montréal, l’histoire est moderne et d’un réalisme fou! J’y reconnais ma génération dans ce monde imparfait et parfois un peu trash. Ça se lit d’une traite. Amitié, amour, sexe, humour, drame et sacres s’entremêlent pour un portrait juste de la société. Juste et sans pudeur… Un gros coup de cœur!
Vous retrouverez le même genre d’illustrations dans la nouvelle bande dessinée d’Yves Pelletier, Le pouvoir de l’amour et autres vaines romances. Ce n’est pas un hasard, puisque la fameuse Iris de L’ostie d’chat y signe les dessins (en couleur cette fois). Une BD amusante à minihistoires où l’amour est mis à mal par ce membre de Rock et Belles oreilles. J’ai été surprise de l’audace parfois vulgaire, plus habituée à la romance subtile de l’acteur, scénariste et réalisateur.
Dans son ouvrage précédent, Valentin, il est justement question d’amour et de tendresse. Un couple dans la trentaine bat de l’aile…. à cause d’un chat. Les dessins de son partenaire, Pascal Girard, sont vraiment jolis. Et Stéphanie, le personnage principal, est adorable. Elle a tant d’amour à donner. Son chum n’en veut pas? Alors, ce chat « si spécial » le mérite plus que lui. Pour le meilleur et pour le pire.
Autre que les félins qui s’immiscent dans les relations humaines, ces bandes dessinées ont en commun de croquer dans un petit moment de vie des personnages. Alors, la BD adulte, c’est comme si les aventures de Garfield avaient tourné autour de l’existence de John et non de son chat aussi populaire qu’égocentrique? Oui, c’est une façon de voir les choses!
Une collaboration d’Amélie Cléroux
