Apaiser son anxiété avec l’art

Deux nouvelles expositions comblent les salles au Vieux Presbytère à Saint-Bruno-de-Montarville, du 21 janvier au 3 mars 2024. Les artistes nous expliquent leur démarche artistique respective et nous dévoilent l’effet thérapeutique que peut avoir la pratique d’un art.

Karine Demers et Marilyne Bissonnette présentent chacune une exposition distincte dans les salles du Vieux Presbytère. « C’est clair qu’il y a un lien entre nous! On prend énormément de place dans nos œuvres, alors que dans la vie, c’est tout le contraire. On a besoin de l’art pour expliquer quelque chose de plus grand, parce que ça ne sort pas autrement », exprime Mme Bissonnette. En entretien avec le journal, elles témoignent de ce phénomène par lequel l’art apaise certains symptômes anxieux.

Des carrousels dans la tête

L’exposition Des carrousels dans la tête, de Karine Demers, aborde des thèmes très intimes pour l’artiste. Vivant avec un trouble obsessionnel compulsif, elle découvre que « de créer quelque chose qui est tout autre que ce que l’on ressent, ça libère beaucoup de place plutôt que de rester coincée ».

Par une technique unique et autodidacte, où l’artiste expérimente avec « la multiplicité des formes » en agençant des structures de papier, elle parvient à « sublimer la honte du déséquilibre psychique en une force créatrice ». Pour Mme Demers, la pratique de son art est très réparatrice. « La manipulation de petites pièces, ça me calme, ça m’amène dans un état méditatif. La conscience du mouvement me permet [de saisir] le moment présent », précise-t-elle.

Entre humanité et animalité

L’exposition de Marilyne Bissonnette, Douleurs et exaltations : entre humanité et animalité, tente de saisir les liens existants entre l’humain et l’animal. Sa démarche artistique lui permet de procéder à une certaine introspection sur ses propres comportements en relation avec le monde qui l’entoure. « [Mon art], c’est un peu ma façon d’amener [le public] où je veux et de transmettre mon message alors que dans la vie, prendre ma place, ce n’est pas nécessairement quelque chose de facile. »

Selon l’artiste, tout le monde devrait expérimenter une forme d’art pour en vivre les bienfaits sur sa santé mentale. « Le gros problème, c’est que les gens s’arrêtent [au talent]. Ce n’est pas important [la technique], l’idée, c’est d’être vrai avec son œuvre, d’être là et de se donner le droit [d’essayer]. »

L’art-thérapie

« Je donne des ateliers d’art pour les gens qui ont des problèmes de santé mentale, c’est mon travail depuis huit ans », raconte Mme Bissonnette. « Ça se voit et c’est tellement une évidence que l’art fait du bien. C’est essentiel pour certaines personnes de s’exprimer de cette manière-là, et je crois que c’est mon cas. Si j’arrête, je le ressens sur mon moral », confie-t-elle.

Mme Bissonnette travaille auprès de la Fondation Les impatients. Elle nous explique que l’organisme est affilié à des hôpitaux et que les gens participant aux activités sont recommandés par des psychiatres. « On met de côté la maladie ou le trouble pour nous passionner ensemble pour quelque chose qui est libérateur. Ça s’apparente à de l’art-thérapie », souligne-t-elle. Les deux artistes se sont d’ailleurs côtoyées dans le cadre de ces ateliers.

Au Québec, l’art-thérapie gagne de l’importance en 1981 avec la fondation de l’Association des art-thérapeutes du Québec (AATQ). L’art-thérapie se définit, selon l’AATQ, comme « une démarche d’accompagnement thérapeutique qui utilise les matériaux artistiques, le processus créatif, l’image et le dialogue [pour viser] l’expression de soi [et la] prise de conscience personnelle ». Toutefois, malgré les efforts de l’AATQ, les art-thérapeutes ne sont pas reconnus au même titre que les autres intervenants en santé mentale régis par des ordres professionnels au Québec.