Un couvre-feu en 1955

Saint-Basile-le-Grand

Avant le couvre-feu d’un mois instauré le 9 janvier par Québec afin de réduire le nombre d’infections à la COVID-19, il y avait eu celui de 1955, à Saint-Basile.

Il y a déjà eu un couvre-feu à Saint-Basile-le-Grand. Les plus jeunes ne s’en souviendront pas. Des explications. « Quand le couvre-feu a été annoncé, et comme étant le premier au Québec, je me suis souvenue qu’il y en avait déjà eu un à Saint-Basile, en 1955! À l’échelle municipale, j’en conviens », nous raconte notre ancienne collaboratrice de la chronique MÉMOIRES, Claire Duval. Le couvre-feu est instauré en 1955 par règlement municipal. Celui-ci concerne les jeunes de moins de 16 ans.

Dans le papier de la Montarvilloise, on peut lire ce passage, alors qu’elle relate les paroles du fils, Normand Charbonneau : « À neuf heures, mon père partait la sirène installée sur son auto. Il faisait ensuite le tour des quelques rues et ramenait chez eux les enfants de moins de 16 ans, non accompagnés d’un adulte. Ceci a duré quelques années. »

« Je me suis souvenue qu’il y en avait déjà eu un à Saint-Basile, en 1955! » – Claire Duval

Mme Duval a appris qu’il y a déjà eu couvre-feu sur le territoire grandbasilois lors d’une longue entrevue en deux parties avec la famille Charbonneau.

En Armand Charbonneau, on parle du premier chef de police de la municipalité. « La famille Charbonneau a laissé son empreinte dans le développement de Saint-Basile-le-Grand. Tout d’abord Arthur, avec ses 12 enfants, vient s’y établir et exploite une épicerie et un abattoir. Son fils, Armand, y pratique plusieurs métiers, mais on se souvient de lui principalement comme premier chef de police. Son fils unique, Normand, fera une longue carrière à Radio-Canada, tout en étant toujours impliqué dans la municipalité », amorçait Claire Duval dans ce texte MÉMOIRES datant d’avril 2010.

Un peu de délinquance

« Armand Charbonneau devient, en 1954, le premier chef de police. À l’époque, il n’y avait pas de voleurs, mais un peu de délinquance. Le conseil municipal décide d’engager un chef de police. Grâce aux connaissances acquises par ses lectures, Armand est engagé », lit-on dans le texte de Claire Duval. Le premier chef de police exercera cette fonction jusqu’en 1968. Il est décédé en 1983, à l’âge de 75 ans. Une rue porte maintenant son nom. « C’est incroyable, ce qu’une société peut changer en si peu d’années! », mentionne Claire Duval.

Le président de la Société d’histoire de Saint-Basile-le-Grand, Richard Pelletier, confirme l’instauration d’un couvre-feu en 1955. « Saint-Basile a déjà instauré un couvre-feu. C’est ce couvre-feu qui a amené l’embauche de notre premier policier, Armand Charbonneau », corrobore celui qui, aujourd’hui, est aussi conseiller municipal pour la Ville. Or, M. Pelletier hésite sur un détail. « Mme Duval semblait dire que le chef Charbonneau se promenait pour faire entendre la sirène. Ce n’est pas exactement le souvenir que j’ai des conversations entendues. Selon moi, le chef activait la sirène dans sa cour arrière, puis patrouillait en voiture. »

Le règlement 100 de 1955, instaurant le couvre-feu, a été officiellement abrogé en 1972 (règlement 79).