Réseau de transport de Longueuil (RTL) : « je pense que le pire est derrière nous »

Entretien avec Jonathan Tabarah, président du conseil d’administration du RTL, après le vote du budget à la baisse pour l’année 2021 du RTL.

 

Le RTL a annoncé son budget 2021 à 186,5 M$, une baisse de 8,9 % par rapport à l’année dernière. Comment avez-vous fait?

Cela n’a pas été facile de faire des compressions, mais je pense que l’essentiel, c’est que le RTL a rapidement mis en place son plan d’optimisation. Cela nous a permis de lisser la baisse des dépenses dans le temps. On nous a donné ce mandat et on n’a pas chômé. Il y a aussi les aides gouvernementales, qui nous ont aidés à venir balancer les budgets pour les prochaines années.

N’avez-vous pas peur qu’en 2021, l’achalandage ne soit pas au rendez-vous?

C’est certain que c’est quelque chose qu’on a appréhendé. On ne sait pas comment la pandémie va aller. On ne sait pas comment la vaccination s’étalera dans le temps au Québec, mais c’est pour cela qu’on a réduit notre offre de 15 %. L’achalandage, lui, a baissé jusqu’à 70 %. Les dernières données nous indiquent 63 % de baisse. C’est sûr que si cela continue pendant une année, cela mettra beaucoup de pression sur les finances du RTL. Par contre, avec l’optimisation et les aides, le RTL est allé chercher une bonne stabilité financière.

Est-ce que le pire est derrière vousmaintenant?

On ne sait pas. Je pense que le pire est derrière nous. Au début, tout le monde a été pris par surprise. Les clients ne montaient plus par l’avant, mais par l’arrière. Il n’y avait plus de perception. Ce sont des choses qui ont fait excessivement mal financièrement, mais quand on s’est adaptés, la clientèle est revenue. Je ne sais pas si l’on a atteint le pire en termes d’achalandage; j’ose espérer que c’est dernière nous. Mais si jamais le Québec retombe en confinement général, eh bien, on sera prêt. Cette fois-ci, on connaît tous les mesures à prendre et comment les déployer rapidement.

Comment allez-vous faire revenir les usagers?

Il y a une opération de séduction à faire. Une opération d’explication, surtout. On veut que notre clientèle voie les efforts que l’on a faits et qu’elle comprenne qu’il n’y a pas eu de foyer d’éclosion dans les autobus du RTL. On a même reçu les félicitations de la Direction régionale de la santé publique pour notre excellent travail. On a eu seulement 16 employés qui ont contracté la COVID-19 sur 1200. C’est très faible, et cela démontre l’efficacité de nos processus. Mais en 2021, 2022 et peut-être même 2023, il faudra rassurer le monde, redonner cette habitude de transport en commun à des gens qui l’ont peut-être perdue. Le RTL se montrera aussi flexible par rapport au télétravail, si cette habitude perdure.

Plusieurs moyens de transport structurant sont à prévoir sur la Rive-Sud; le RTLest-il prêt?

Pour le REM, cela fait un bon moment que les études sont entamées pour revoir complètement le réseau. En 2018, 2019, ce sont près de 1700 citoyens dans les villes de l’agglomération qui ont été consultés. Nous tiendrons aussi la deuxième phase des consultations publiques à l’hiver-printemps 2021.
Maintenant, il y a le projet de Taschereau. La différence avec ce transport, c’est que l’on n’a pas un échange nord-sud comme le REM, mais est-ouest. C’est une excellente nouvelle. Nous avons maintenant un travail de réévaluation du réseau à faire dans le cas où Taschereau se concrétiserait. La révision de notre réseau permettra de mieux desservir nos quartiers, notamment avec nos minibus électriques. C’est un compromis que l’on est en train d’évaluer. On pense pouvoir les mettre sur la route au printemps 2021. Les études vont très bien en ce sens. Cela sera la première fois que l’on utilise ces autobus de façon régulière. Cela nous donnera une idée pour le futur.

Les tarifs changeront-ils au RTL avec l’arrivée du REM?

Il va y avoir certains changements. On a transmis nos inquiétudes à l’ARTM concernant les gens qui passent quotidiennement sur le pont Champlain. Le désavantage est pour eux de voir le prix mensuel augmenter de 100 $ à 140 $. On voulait s’assurer que l’ARTM serait informée de nos inquiétudes à ce sujet. Mais il y aura une nouv elle offre de service avec le REM. Ce ne sont pas tous les clients de l’agglomération qui feront partie du 5 % des clients qui ressentiront une hausse de leur tarif avec la proposition de nouvelle grille tarifaire de l’ARTM. Ceux de Saint-Bruno-de-Montarville, cependant, feraient maintenant partie de la zone de l’agglomération et leur titre passerait de 176 $ à 144 $.

Que peut-on vous souhaiter en 2021?

On souhaite que notre clientèle revienne. On souhaite que les habitudes de transport reviennent. Maintenant on le sait, les autobus sont sécuritaires. Ce ne sont pas des foyers d’éclosion. On souhaite que la vaccination se fasse le plus vite possible, mais même sans ça, on le sait que le RTLest le meilleur moyen pour se transporter dans l’agglomération de Longueuil.