Quatre semaines de plus

Quatre semaines supplémentaires. C’est l’effort que le premier ministre François Legault a demandé aux Québécois afin d’arrêter la propagation de la COVID-19.

La semaine dernière, le gouvernement du Québec a décidé de prolonger la fermeture imposée des salles à manger, des cinémas, des musées, des salles culturelles… Les gymnases et les sports d’équipes écopent aussi. D’un défi de 28 jours amorcé le 1er octobre, le challenge passe maintenant au minimum à 56 jours de pause, avec une date de fin prévue au 23 novembre.

Coup dur pour la restauration

« C’est évident que c’est décevant un peu… un autre quatre semaines, c’est un dur coup pour la restauration en général », mentionne Michel Racine, du Bistro Louis XIV, qui propose pendant le confinement un menu pour emporter.

Depuis les dernières semaines, il semble qu’un plateau a été atteint avec des cas de COVID-19 oscillant entre 800 et 1000 tests positifs quotidiennement. Bien que le gouvernement parle d’efforts qui ont donné des résultats, il y a ce millier de cas qui revient trop fréquemment au goût de M. Legault.

D’où la raison pour laquelle il y a un prolongement des mesures pour quatre autres semaines. Un bilan sera fait dans deux semaines pour réévaluer la situation. « Si l’on voit une baisse soutenue, on pourra relâcher plus tôt certaines de nos consignes, disait le premier ministre en conférence de presse le 26 octobre. On doit s’en tenir aujourd’hui à aller au travail et à l’école et il faut être plus prudents. »

Québec souhaiterait descendre en deçà de 500 cas par jour. En entrevue avec le journal Les Versants, Michel Racine parle d’une décision peu surprenante, du moins pour les restaurateurs. « On s’en attendait un peu, avec les données qui sortent tous les jours et qui ne s’améliorent pas. Mais cette fermeture, c’est quand même un coup dans les genoux », témoigne l’entrepreneur qui œuvre à Saint-Bruno-de-Montarville.
Maintenant, il souhaite qu’au-delà du 23 novembre, la santé publique arrive avec un plan concret afin d’éviter une fermeture prolongée. Un plan qui permettrait de mettre des mesures en place afin de marier les deux, soit servir une clientèle en salle à manger tout en évitant la propagation du virus. « On ne pourra pas toujours fermer les entreprises. Le virus sera présent pour un moment; il faut apprendre à vivre avec », croit Michel Racine, qui espère rouvrir les portes du Bistro Louis XIV pour le mois de décembre.

Actuellement, le restaurateur estime avoir perdu 80 % de son chiffre d’affaires. La situation ne va pas en s’améliorant, puisqu’il a constaté une clientèle moins au rendez-vous que lors du premier confinement pour les menus à emporter. « En ce moment, on essaie de rester en vie. Je ne peux pas me permettre de fermer et d’attendre, sans revenus. J’ai trop de dépenses et je n’ai pas de nouvelles pour l’aide gouvernementale. Si je fermais, ce serait une fermeture définitive. »

Des gymnases vides

De son côté, le propriétaire de Concept Cardio Plus, Dominic Picard, se montre résilient. Il reconnaît que la situation est déplorable et que les décisions sont difficiles à prendre. Par contre, il estime que nous sommes dans l’inconnu. « Personne ne sait c’est quoi, la COVID. Les cas sont en hausse en Europe, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Il n’y a rien de clair. Personne ne peut dire quoi faire devant cette pandémie. Il n’y a personne qui trouve ça drôle actuellement », souligne M. Picard.

Peu de temps après l’annonce du prolongement de la fermeture des salles d’entraînement pour quatre autres semaines, un regroupement de ce secteur s’est manifesté, tous menaçant de rouvrir leurs portes le 29 octobre et d’accueillir des clients. La santé publique n’a pas donné son autorisation à cette réouverture. François Legault a parlé d’amendes qui seraient remises aux propriétaires récalcitrants ainsi qu’aux clients qui se pointeraient sur place. Or, les gymnases ont fait marche arrière, mais ont demandé à leurs clients de manifester. Le propriétaire des trois succursales de Concept Cardio Plus, à Saint-Bruno-de-Montarville, à Saint-Basile-le-Grand et à Sainte-Julie, répond qu’il ne fait pas partie de ce regroupement. « Aujourd’hui, nous payons pour tous ceux qui n’ont pas fait attention, pour tous ceux qui s’en foutent, pour tous ceux qui n’appliquent pas les mesures sanitaires. Ce n’est pas le cas de tout le monde, mais c’est triste pour tout le monde. »

D’après ses propos, il estime qu’entre 50 et 60 % des salles d’entraînement ne se sortiront pas de ce deuxième confinement et fermeront définitivement leurs portes. « On vit sur le respirateur artificiel, actuellement. Certains ne voient pas le bout, mais c’est en janvier prochain que les répercussions de cette fermeture se feront réellement sentir », croit Dominic Picard.