La réaction de commerçants

Le Québec en confinement

Le gouvernement décide de profiter du congé des Fêtes pour remettre le Québec sur pause, jusqu’au 10 janvier inclusivement. Les commerces jugés non essentiels ont fermé leurs portes le jour de Noël.

Les commerces essentiels, tels les marchés d’alimentation, les pharmacies, les animaleries, les garages et les quincailleries, peuvent rester ouverts au-delà du 25 décembre.

Contrairement au confinement de ce printemps, les grandes surfaces ne peuvent vendre que des produits essentiels, évitant ainsi de concurrencer les petits commerces fermés. « C’est pour une question d’équité », a précisé le premier ministre, François Legault.

Fermeture annoncée

Maintenant, que pensent les commerçants de cette décision du gouvernement? Le journal Les Versants en a contacté quelques-uns pour savoir ce qu’ils pensaient de la dernière décision de M. Legault. Les avis sont partagés.

« C’est une bonne décision. Le gouvernement n’avait pas le choix. Mais la réalité, pendant ce temps, c’est que l’on n’a pas de va-et-vient dans la boutique ni de revenus. » – Lei-Ann Vallières

Chez Chaussures Classico, Félicia n’est pas d’accord avec la récente annonce. « On va fermer, on n’a pas le choix. Mais encore une fois, je pense que ce n’est pas correct pour nous, les petits commerces. »

Félicia opterait plutôt pour la fermeture des grandes surfaces, qui peuvent accueillir à l’intérieur quelques centaines de visiteurs, voire des milliers. Plutôt que celle des commerces de proximité, comme Chaussures Classico ou Boutique In, dans lesquelles les propriétaires vont servir deux ou trois clients à la fois seulement. « Ce n’est pas dans les petits commerces qu’il y a des cas. Les risques sont dans les grands magasins, comme Wal-Mart et Costco. Comme pour le premier confinement, cette fermeture nous blesse énormément. Mais bon, j’aurais beau crier jusqu’à demain matin, que voulez-vous que je fasse? »

Néanmoins, elle se dit satisfaite d’avoir continué jusqu’au 24 décembre, mais elle aurait préféré reprendre la caisse le 5 janvier. La semaine supplémentaire, lors de laquelle elle sera fermée, fera mal, d’autant plus que normalement, pour Chaussures Classico, les affaires vont bien au lendemain de Noël. C’est à la fin du mois de janvier que c’est plus tranquille. « Les affaires reprennent vite à partir du 26 décembre. Les gens sont encore à la maison. Ils ont reçu de l’argent; ils viennent acheter des bottes. C’est à la fin de janvier que c’est moins bon pour nous, poursuit Félicia. En même temps, je comprends que M. Legault ne peut pas faire plaisir à tout le monde. »

L’entrepreneuse s’estime encore chanceuse de pouvoir compter sur une clientèle fidèle depuis des années. « Nous avons de bons clients qui encouragent l’achat local. On les attend; ils sont là pour nous et ça nous aide beaucoup. »

Se tourner vers l’achat en ligne

Pour la propriétaire de Boutique In, Lei-Ann Vallières, cette fermeture annoncée était inévitable. « C’est une bonne décision. Le gouvernement n’avait pas le choix. Mais la réalité, pendant ce temps, c’est que l’on n’a pas de va-et-vient dans la boutique ni de revenus », explique Lei-Ann Vallières.

C’est pourquoi dès ce printemps, l’achat en ligne a été privilégié. Tout l’inventaire du commerce s’y trouve. « Les clients ont adopté la plateforme virtuelle et ça n’a jamais arrêté depuis. Au moins, cette solution permet de nous dépanner pendant ces deux semaines-là. Les transactions se poursuivent même si l’on ferme. »

Comme Félicia, de Chaussures Classico, la copropriétaire de Boutique In estime que ce n’est pas à l’intérieur des petits commerces locaux que le virus va se propager. « Contrairement aux centres commerciaux, il n’y a pas beaucoup d’achalandage dans notre boutique », dit-elle.

Pas de soins personnels

Dans son annonce, le gouvernement de François Legault a aussi confirmé la fermeture des services de soins personnels, du 25 décembre au 10 janvier inclusivement. La propriétaire du salon Espace Urbain coiffure, Line Chartrand, n’est pas contre cette décision. « Nous ne sommes pas fâchés du choix de fermer à compter du 25 décembre. Nous sommes déjà bien contents de pouvoir travailler jusqu’au 24. C’est la grosse période pour nous, les salons de coiffure. C’est toujours plus tranquille au début du mois de janvier », évoque Line Chartrand, qui évalue à 30 % la baisse de la clientèle en début de nouvelle année.

Par contre, la réaction aurait été bien différente si la santé publique avait opté pour une fermeture hâtive le 17 décembre. Cette date avait été ciblée pour le début de l’enseignement à distance pour les élèves et le télétravail pour les employés de bureau. « C’est que nous sommes déjà complets jusqu’au 24 décembre. »

Pour les mêmes raisons, Mme Chartrand souhaite rouvrir les portes de son salon dès le 11 janvier, parce que les rendez-vous reprennent dès cette date.

Ouvert pour réparation

L’entreprise Vélos Cadence, sur la route 116, devrait demeurer ouverte pendant le confinement imposé par Québec. C’est que Vélos Cadence, qui écoule des vélos l’été et des skis l’hiver, ferait partie des commerces autorisés à poursuivre leurs activités du 25 décembre au 10 janvier. « Si l’on se fie au site du gouvernement, nous pouvons rester ouverts parce que nous effectuons de la réparation d’équipement sportif et de plein air », nous répond le gérant, Denis Arsenault.

QUESTION AUX LECTEURS :

Croyez-vous que ce confinement pendant les Fêtes permettra de casser la deuxième vague?