Guy Lacroix : un élu grandbasilois « complotiste »

Guy Lacroix, élu municipal du district 5 à Saint-Basile-le-Grand, remet en question les mesures prises par la Direction de la santé publique et les dirigeants contre la pandémie et semble privilégier la liberté de chacun pour lutter contre la COVID-19.

Depuis le 17 avril, Guy Lacroix relaye tout ce qu’il peut trouver comme information afin de confirmer ses théories nous expliquant que les dirigeant et les médias manipulent l’information concernant la pandémie. « On nous traite de complotiste si on en parle », pouvait-on y lire.

Après avoir été contacté par le journal Les Versants, M. Lacroix a décidé de rendre privés ses réseaux sociaux. « Il est possible même que je les ferme. Je partageais ces réflexions pour qu’on réfléchisse vraiment. C’est du temps bénévole qui se donne; ce n’est pas pour bien paraître. Je ne veux pas qu’on me traite de complotiste, car ça en devient ridicule, ce que les journaux sortent », a-t-il indiqué aux Versants.

Le conseiller reconnaît cependant qu’il est peut-être allé « trop loin » dans ses publications, même s’il revendique haut et fort qu’il faut se questionner sur ce qui se passe en ce moment. Il reste cependant convaincu que certaines voix ne sont pas écoutées. « Il y a des dizaines de pays qui utilisent l’hydroxychloroquine et on dit au Québec qu’on ne touche pas à ça. Il y a un problème », en faisant écho à ses nombreuses publications.

Opposé aux mesures de la santé publique
Avant qu’ils ne soient retirés, on retrouvait, entre autres, dans les propos du conseiller, une remise en cause du port du masque. Il appellait dans ses publications les citoyens à participer aux manifestations dernièrement organisées contre les mesures sanitaires édictées, dont celle du port du masque obligatoire dans les endroits couverts. Il relayait toutes les vidéos trouvées sur Internet critiquant le confinement, accusant les médias et les dirigeants de désinformer la population ou de manipuler les statistiques.

« Je suis préoccupé par le fait que des personnes sont qualifiées de théoriciens du complot simplement parce qu’elles remettent en question certains motifs gouvernementaux, corporatifs et industriels, ou parce qu’elles remettent en question les lois arbitraires qui révoquent nos droits humains fondamentaux. Je ne consens pas à ce que le gouvernement prenne des décisions concernant ma santé. Ils ont été élus pour me servir, pas pour me contrôler », peut-on lire sur ses publications.

Le conseiller, dans un très long discours diffusé sur ses réseaux sociaux, remet en cause ouvertement l’utilité unique des produits pharmaceutiques et des vaccins pour lutter contre les virus. « Le rejet pur et simple d’une bonne nutrition et de la prévention et des thérapies naturelles est très discutable de mon point de vue. »

L’homme avait déjà confié au journal l’importance qu’il accordait à la religion. « J’ai la foi chrétienne, indiquait-il lors d’une entrevue dans Les Versants en janvier 2019. C’est un cheminement personnel, la pierre angulaire de mon existence. La religion fait partie des fondements de ma vie. »

Dans sa longue lettre sur les réseaux sociaux, il indique entre autres, concernant la COVID-19, que « nous venons tous au monde sans rien et nous repartirons sans rien… Le morceau au milieu s’appelle la vie… La vie est un cadeau précieux de notre Créateur… Aucun de nous ne sait combien de temps ce cadeau durera, alors profitez de chaque seconde, chaque minute et chaque heure de chaque jour… Vivez, aimez, prenez des risques, pas des ordres… Soyez gentil, soyez tolérant et soyez heureux… Ne perdez pas une seconde de plus à attendre que les choses changent… Soyez le changement. »

« On nous traite de complotiste si on en parle. » – Guy Lacroix

Le maire rencontrera le conseiller
Le journal a contacté le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, pour savoir s’il endossait les propos de son conseiller. « Je n’étais pas au courant. Il est important de suivre les normes de la santé publique. Je vais vous dire ce que je dis aux personnes dans le doute. Vous avez une famille, vous avez des gens que vous aimez, s’ils sont malades, est-ce que vous allez leur conseiller d’aller sur les réseaux sociaux pour pouvoir se soigner? La question, c’est en même temps la réponse. Alors la société a un virus qui s’appelle la COVID-19 et le médecin traitant, c’est la santé publique », a indiqué sans équivoque M. Lessard, qui avoue avoir déjà été interpellé sur le sujet par le conseiller. « Je connaissais son opinion, il m’en avait déjà parlé. Il y a là des choses qui sont non seulement préoccupantes, mais qui génèrent des dangers. »

C’est le journal qui a informé M. Lessard de l’activité de M. Lacroix sur les réseaux sociaux et des messages qu’il véhiculait. Le maire en a été surpris. « Je ne suis plus tellement sur les réseaux sociaux. Je m’y suis intéressé lors de l’élection en 2017, mais j’ai vite constaté qu’il y avait toutes sortes de nouvelles qui ne sont pas vérifiées et les gens passent sur ça comme si c’était vrai. Il y a cependant une distinction à faire et parfois, la ligne est ténue. Lorsqu’une personne parle pour et au nom de la Municipalité, c’est la base de son mandat qui lui est donné par la population. La ligne se fait par rapport à ce qui est privé. Ce que la personne peut dire en termes de conviction sur le plan privé. Il ne m’a pas été rapporté des situations où M. Lacroix parlait au nom de la Municipalité, mais la ligne est mince. C’est très préoccupant, même; les élus sont des influenceurs, car les gens nous ont fait confiance. »

Le maire de Saint-Basile s’entretiendra avec le conseiller sur ses publications, chose qu’il n’avait pas l’intention de faire avant que nous l’appelions, car il n’en était pas informé. « Lorsqu’on est interpellé par les médias dans une situation semblable, cela constitue une distraction par rapport à l’essentiel de nos obligations, qui sont de faire en sorte de rendre les services attendus par la population dans le cadre des engagements que nous avons pris. Donc, oui, je vais avoir une discussion avec le conseiller municipal. Je ne savais pas qu’il était aussi présent sur les réseaux sociaux. Ce serait hasardeux pour moi de le priver de sa liberté d’expression, mais je vais sûrement lui dire ce que cela implique à partir du moment où l’on a une responsabilité comme la nôtre. »

Indépendamment des commentaires de M. Lacroix sur les réseaux sociaux, le Journal de Montréal nous apprenait dans son édition du 18 septembre que le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine congédiait un employé conspirationniste opposé au port du masque et adepte des théories du complot entourant la COVID-19, parce qu’il partageait des publications controversées sur le Web.