D’isolement en isolement

Tricoteuses de l’Hôpital Pierre-Boucher

Malgré la pandémie de coronavirus et le confinement, les tricoteuses bénévoles de l’Hôpital Pierre-Boucher poursuivent leur mission de produire des bonnets pour nouveau-nés. Cependant, elles tricotent seules et à la maison.

« Le 14 mars, j’ai écrit une lettre à toutes mes tricoteuses pour leur dire qu’en raison de la situation, je ne voulais pas les voir à l’hôpital », commence la responsable du groupe, Mélanie Léveillé.

En temps normal, à l’Hôpital Pierre-Boucher de Longueuil, une équipe de tricoteuses bénévoles produit annuellement environ 4 000 bonnets pour nouveau-nés. Des femmes demeurant dans l’ombre, mais dont la générosité permet d’offrir un meilleur départ aux poupons, un premier cadeau reçu dès la naissance.

Originalement, le projet des bonnets a vu le jour grâce à quatre tricoteuses de la résidence Des Berges, à Boucherville, qui souhaitaient déjouer l’ennui. C’est la fille de l’une d’elles, alors infirmière au bloc opératoire de l’hôpital, qui a demandé à sa mère de bonifier la réserve de bonnets pour les nouveau-nés de césarienne.

« J’ai dit à mes tricoteuses de se procurer assez de laine si elles avaient envie de continuer à tricoter, qu’elles seraient remboursées plus tard. Je leur ai dit aussi de penser à elles, de prendre soin d’elles », poursuit Mélanie Léveillé.

« J’ai un bon moral, mais j’ai hâte de revoir les infirmières de l’hôpital, mes tricoteuses, ma patronne. » – Mélanie Léveillé

Pour sa part, avant de quitter l’hôpital ce samedi 14 mars, la bénévole a ouvert toutes les boîtes de bonnets déjà classés afin de les monter au 3e étage, à la pouponnière. Parce que les bébés, eux, ne restent pas confinés pendant la pandémie; ils continuent de venir au monde.

800 bonnets

Finalement, deux mois après le début du confinement, la totalité des tricoteuses de l’hôpital tricote encore. Essentiellement des bonnets et quelques couvertures de bébés. Chacune conserve sa production, en attendant un retour à la normale. Mélanie Léveillé estime que plus de 800 bonnets ont ainsi été conçus. « Nous avons de beaux projets en banque, confie-t-elle. Mais il n’est pas question de les amener à l’hôpital. On ne prend aucune chance; on ne voudrait pas qu’une tricoteuse ou qu’un nouveau-né soit malade de la COVID-19. On fait les choses correctement, et on prend notre mal en patience. Le tricot nous occupe. »

Au total, il y a eu 473 naissances à l’Hôpital Pierre-Boucher du 13 mars au 13 mai.

Quand on lui demande ce qui lui manque le plus pendant cette situation particulière, la femme rappelle qu’elle a longtemps été confinée en raison d’un problème de santé. Le confinement actuel, Mélanie Léveillé le vit bien. Ce qui ne l’empêche pas de s’ennuyer. « Voir mon monde, ça me manque. J’ai un bon moral, mais j’ai hâte de revoir les infirmières de l’hôpital, mes tricoteuses, ma patronne Joelle. Pour certaines de nos bénévoles, je sais que le moral n’est pas très bon, plusieurs sont seules et s’ennuient de ne pas voir leur famille. C’est pour cette raison que je garde le lien avec elles. Je les contacte chaque semaine, je prends des nouvelles, on jase… », de conclure Mélanie Léveillé.

QUESTION AUX LECTEURS :

Connaissiez-vous le travail de ces tricoteuses bénévoles?