Des roses trémières en hommage aux victimes de la COVID-19

Élizabeth Ménard, a profité de sa plantatation de roses trémières sur le bord de la Montée Montarville, pour en faire un site de recueillement pour les aînés et les travailleurs de la santé qui n’ont pas survécus à la pandémie.

« Puisque le Québec a été lourdement touché par la pandémie, et que plusieurs de nos aînés et travailleurs de la santé nous ont quittés prématurément, nous avons décidé de leur dédier une haie d’honneur de roses trémières. Pour les quatre prochains mois elle fleurira en souvenir de leur contribution et de leur héritage », explique Élizabeth Ménard, à la tête d’Agriculture urbaine Saint-Bruno, qui développe un projet de complexe agricole à bilan carbone neutre afin de nourrir la population sans négliger l’environnement.

L’agricultrice souhaite que, comme les funérailles ayant été exclues des cérémonies usuelles, cette haie perpétuelle pourrait devenir un sanctuaire de recueillement pour les proches.

« Dans sa chanson Gens du pays, Gilles Vigneault dit que ‘’ Le temps que l’on prend pour dire je t’aime, c’est le seul qui reste au bout de nos jours. Les vœux que l’on fait, les fleurs que l’on sème, chacun les récoltes en soi, même aux beaux jardins du temps qui court. ‘’ Et le temps court ! Puisque c’est en 2017 que nous avons acheté des semences du Manitoba sous la rubrique « collection de pollinisateurs », se rappelle-t-elle.

Elle avait accueilli cette année-là, une française qui avait fait les semis. « Quelques mois plus tard apparut un immense plant de belles feuilles vertes. En 2018, le plant mère a fleuri d’un rouge écarlate parsemé de blanc.Nous avons alors récupéré toutes les semences afin de propager cette découverte et d’en faire des câpres. »

Brian Osborne, un géologue Canadien d’origine britannique retraité et proactif dans la protection de l’environnement qui œuvre au sein de la communauté a reconnu cette plante de son enfance. « ‘’ Hollyhocks ‘’ s’était-il exclamé ! Je pouvais lire dans ses yeux l’envie de posséder ce plant qu’il appelait par son petit nom anglais. Je lui promis des semences que je lui aie données au printemps suivant. »

Au printemps 2019, le plant mère avait disparu. Le trou laissé dans le jardin indiquait que l’agricultrice n’était pas la seule à avoir découvert la beauté indescriptible de cette rose originaire d’Asie. « J’en ai profité pour refaire des semis dans le but d’en faire une haie bien garnie. Samara Driessen Van Ass, la jeune fille avec qui j’ai fait ce travail arrivait du Brésil. À la lecture de son curriculum vitae, je constatais qu’en une seule année elle avait appris le français et préparé son examen à l’ordre des agronomes du Québec. Ce qui m’avait le plus fasciné c’est que dès son arrivée au Canada elle avait fait du bénévolat dans une résidence pour aînés en fin de vie pour apprendre le français et les us et coutumes de notre coin de pays. »

Pour cette raison la plantation de roses trémières s’appelle désormais le jardin sacré de Samara (Holly Samara Garden)
En mars 2020, la COVID-19 est arrivée dans la vie de tous, retardant par le fait même l’arrivée du printemps. « Par miracle j’ai reçu l’aide de deux amies précieuses. Jeunes retraitées. Johanne et Kathleen Mc Donald ont travaillé sans relâche à quatre pattes pour désherber et renchausser la plantation. La haie mesure désormais plus de 1000 pieds contient plus de 150 plants et produira plus de 5000 fleurs. La presque totalité des plants a survécu à l’hiver (quelques plants ayant été affectés par le perceur de l’iris causant la pourriture bactérienne molle des racines). »

Avec le reste des semences du plant mère Mme Ménard a partagé son bonheur en offrant quelques graines à une voisine remplie d’amour pour cette fleur et elles ont préparé 50 nouveaux plants pour regarnir la plantation. (FK)