Des restaurateurs réagissent

Décision du gouvernement du Québec

On apprenait la semaine dernière par le directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda, qu’il n’avait pas recommandé la fermeture des restaurants, une décision venue en fait du gouvernement de François Legault. Des restaurateurs réagissent.

La santé publique privilégiait plutôt de garder les salles à manger ouvertes, mais en préconisant l’accès aux gens issus d’une même bulle familiale. Le gouvernement en a décidé autrement. « J’avoue que je suis pas mal déçu, mentionne Michel Racine, du Bistro Louis XIV, à Saint-Bruno-de-Montarville. En bout de ligne, j’ai l’impression que les restaurants, nous sommes les boucs émissaires du gouvernement. Quand j’ai appris cela, non, je n’étais pas fier de mon gouvernement. »

De son côté, le propriétaire du iL Martini, un restaurant qui a pignon sur rue à Saint-Bruno, estime que ça ne vaut plus la peine de réagir. « Je n’ai pas de réaction, répond Daniel Gerardi lorsque nous lui posons la question. À ce point-ci, ça ne me dérange plus; je suis juste tanné. Peu importe qui a pris la décision, un ou l’autre, moi, dans ma tête, je pense qu’on va être fermés même après le 11 janvier. »

« J’avoue que je suis pas mal déçu. » – Michel Racine

Le 11 janvier est la nouvelle date butoir que le gouvernement a ciblée avant un possible déconfinement des secteurs touchés, comme les restaurants, les gymnases et les musées. C’est aussi la date prévue pour un retour à l’école chez les jeunes.

Daniel Gerardi appréhende une réouverture des restaurants en mars ou en avril. « Lorsque la température nous permettra d’ouvrir les terrasses. En tant que restaurateur, je sais que je vais m’en sortir. Mais j’ai de la peine pour tous ceux qui vont devoir fermer ou qui ont déjà fermé. Moi, je vais survivre. Blood, sweat and tears [traduction : sang, sueur, larmes]… mais je vais être survivant dans ça. »

Livraison d’alcool

Voté à la dernière minute avant l’ajournement des travaux de l’Assemblée nationale, le projet de loi 72 permet maintenant aux restaurateurs de faire livrer de l’alcool à leurs clients qui achètent de la nourriture. La boisson doit être livrée par des tiers, comme Uber Eats et DoorDash. « On vend du vin ici, mais on ne fera pas la livraison. Les clients qui viennent au iL Martini, ce n’est pas pour le vin, c’est pour la nourriture », explique Daniel Gerardi.

Pour sa part, Michel Racine souligne qu’il va d’abord regarder comment est écrit le projet de loi. « Je suis un restaurant ‘’Apportez votre vin’’. Mon permis me permet d’en servir, mais je ne suis pas supposé en vendre. »

Enfin, quand on leur demande comment vont les affaires depuis les dernières semaines, les deux restaurateurs s’entendent pour dire que la vague de solidarité du premier confinement n’a pas eu son égal cet automne. « Cependant, depuis que le gouvernement a avancé la date du 11 janvier, on sent une meilleure réponse de la clientèle. Les ventes pour Noël grimpent et s’annoncent bien. On devrait s’en tirer pas si mal. Ce sont les mois de janvier et février qui seront plus inquiétants », résume Michel Racine. Le propriétaire du iL Martini évalue la baisse de la clientèle par rapport au confinement printanier entre 15 et 20 %. « La première fois, les gens voulaient tous nous soutenir. Mais maintenant, oui, les clients nous aident encore, bien sûr, mais tout le monde est dans le trouble. »