Compte-rendu d’une éclosion

École Mgr-Gilles-Gervais

Il y a eu 70 cas déclarés positifs à la COVID-19 à l’école Mgr-Gilles-Gervais au cours des dernières semaines, soit 55 enfants et 15 membres du personnel. Entrevue avec la directrice des lieux, Nathalie Couillard.

L’opération de dépistage massif tenue la semaine dernière à l’école Mgr-Gilles-Gervais a permis à la santé publique d’effectuer 298 tests lundi et 159 autres mardi.

D’emblée, le journal Les Versants interroge celle qui tient le fort depuis le début de l’éclosion. « Personne n’est à l’abri. L’éclosion aurait pu survenir dans une école ou l’autre. Mais on se rend compte que l’on fait face à un ennemi invisible, difficile à prévoir et à prévenir », indique Nathalie Couillard.

Au téléphone, la femme souligne qu’elle ne peut pas mettre le doigt sur le point de départ de cette éclosion. « C’est difficile de savoir d’où ça vient, de l’expliquer. Il y a des hypothèses. Mais ce n’est pas le temps de faire une chasse aux sorcières. C’est arrivé, et c’est malheureux. Nous avons fait attention depuis le début, et un an plus tard, c’est là! »

Les aires ouvertes

Sur les réseaux sociaux et dans un blogue, il a été question des aires ouvertes de l’école Mgr-Gilles-Gervais, comme si son concept avait été la cause de l’éclosion. Nous avons posé la question à la principale intéressée. « Le marquage, la désinfection des mains, nos déplacements dans l’école… nous sommes dans les normes. Tout est sur la coche! Notre fonctionnement est n°1. Pour les aires ouvertes, dès le début de l’année scolaire, nous avions un plan spécial par rapport à la configuration de notre école. Nous avons même éclaté les aires ouvertes pour répartir les groupes élèves ailleurs dans l’école afin de respecter la distanciation de deux mètres », martèle Nathalie Couillard.

« Personne n’est à l’abri. » – Nathalie Couillard

Deux membres du personnel, qui ont désiré conserver l’anonymat, nous ont aussi fait part de leur point de vue sur le sujet : « Nous avons été accusés sur les réseaux sociaux de ne pas être sécuritaires. Pourtant, il y a eu des cas partout ailleurs. L’éclosion n’est pas le résultat de notre façon de gérer la situation de la COVID. » Puis : « Nous avons eu plusieurs validations du Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) et tout est dans le respect des règles sanitaires. Nous avons mis en place des règles très strictes depuis le début de l’année. Nous avons réaménagé les aires de classes pour avoir en tout temps deux mètres [de distance]. J’ai la certitude que nous en faisons même plus que les écoles avec des murs! »

Mais est-ce que le variant change la donne? « Je ne sais pas. Ça aussi, c’est complexe. Il y a un délai pour analyser les échantillons en ce sens. Ça pourrait prendre deux ou trois semaines avant de savoir », d’ajouter Nathalie Couillard.

Au cours de l’entretien avec la directrice, nous apprenons qu’un premier cas aurait été déclaré positif le 29 janvier dernier. « Un petit élève a obtenu un résultat positif. C’est à la suite de ce cas que tout a commencé; d’autres ont fait leur apparition plus tard… »

Taux de participation

Quatre groupes scolaires avaient déjà basculé en enseignement à distance avant la visite de la santé publique (les 22 et 23 février). Nathalie Couillard avance que 100 élèves avaient déjà été testés les 17, 18 et 19 février. Puis elle croit que des parents ont pris les devants par eux-mêmes et sont allés dans une clinique de dépistage. Cette année, l’école accueille 550 élèves et 72 membres du personnel. « En incluant les 457 tests effectués lundi et mardi au dépistage, nous avons un très beau taux de participation; autour de 95 % », affirme Nathalie Couillard. La directrice estime que d’autres cas devraient s’ajouter à ceux déjà révélés, mais « la hausse devrait être plus calme », au compte-gouttes au cours de cette semaine.

Avec l’augmentation des cas, la Direction de la santé publique a demandé la fermeture de l’école Mgr-Gilles-Gervais pour le reste de la semaine dernière. Le journal a obtenu copie d’une lettre de la santé publique adressée aux parents et aux membres du personnel et datée du 23 février. « Nous sommes satisfaits du déroulement de l’intervention ainsi que du taux de participation élevé. Ce dépistage a déjà permis d’identifier des nouveaux cas de COVID-19. Afin de s’assurer que la transmission de la COVID-19 soit complètement freinée au sein des personnes fréquentant l’école, nous avons décidé de prolonger sa fermeture pour les trois jours avant la semaine de relâche. Afin d’assurer un retour paisible […], nous vous rappelons de bien suivre l’ensemble des consignes reçues de la direction scolaire et de la santé publique », peut-on lire dans le document.

La réaction du CSSP

« Avec les dernières actions mises en place cette semaine, soit la clinique de dépistage et la fermeture de l’école, combinées aux mesures sanitaires préventives déployées dans l’école, auxquelles s’ajoutera le port du masque pédiatrique, nous prenons toutes les mesures nécessaires afin d’assurer la sécurité des élèves et des membres du personnel pour leur retour à compter du 8 mars », déclare la directrice adjointe du Service du secrétariat général et des communications du CSSP, Lyne Arcand.

La réaction de la santé publique

« La santé publique soutient les milieux en éclosion. [Nous invitons] les parents à garder leur enfant à la maison et à le faire tester dès qu’il présente un symptôme de la COVID ou dès que la santé publique [leur] recommande. En attente des résultats, toute la famille devra s’isoler. Nous observons souvent que les gens tardent trop à s’isoler et à se faire tester en présence de symptômes, ce qui contribue à propager l’infection », nous dit l’agente d’information du CISSS de la Montérégie-Centre, Chantal Vallée.

Au-delà des aires ouvertes de l’école Mgr-Gilles-Gervais, faut-il établir un lien entre ce cas détecté dans l’établissement scolaire le 29 janvier et l’éclosion survenue en janvier dans le CHSLD de Montarville, aussi à Saint-Bruno? Les deux endroits ont réussi à éviter les crises depuis l’arrivée de la COVID-19. Or, le CHSLD et l’école primaire viennent de connaître deux éclosions à moins d’un mois de différence. Le journal pose la question.