Redécouvrir le communautaire

Chronique jeunese

Ce que nous vivons présentement est exceptionnel, voire irréel. Notre routine est chamboulée. Cette crise sanitaire nous amène à nous adapter, à découvrir de nouvelles façons de faire et à mettre en valeur certaines choses que nous prenons souvent pour acquis.

Un texte de Rose Béliveau
Intervenante Maison des jeunes La Butte
infomdj@labutte.org

Pour ma part, je suis privilégiée dans cette situation, mais je suis toutefois consciente que la situation actuelle apporte de nombreux défis pour bien des gens.

Cet événement fait d’autant plus ressortir les inégalités; ce n’est pas tout le monde qui a les ressources nécessaires pour faire du télétravail, qui a l’argent nécessaire pour ne plus dépendre des banques alimentaires, qui a une famille à contacter en cas de besoin ou tout simplement qui a un chez-soi où rester le temps de cette pandémie.

Ces inégalités sont d’autant plus accentuées que les différentes ressources et les services auparavant disponibles sont limités. Une personne qui allait de refuge en refuge pour avoir un toit au-dessus de sa tête la nuit vivra la situation bien différemment que quelqu’un qui a des épargnes et une maison en banlieue. Leurs heures d’ouverture sont modifiées, certains ferments et le fonctionnement est adapté à la situation actuelle. Les populations déjà vulnérables le sont davantage durant cette crise.

La force du réseau communautaire prend alors toute son importance. Il permet le maintien d’un filet de sécurité et un filet social grâce à certaines ressources et services, pour une diversité de population.

Dans la situation actuelle, il semble nécessaire de redécouvrir le communautaire.

On a l’habitude de seulement considérer une seule définition du communautaire, mais il semble pertinent d’élargir nos perspectives. Lorsqu’on parle de communautaire, on fait très souvent référence au réseau d’organismes communautaires alors qu’avant tout, le communautaire relève de la communauté. La présence d’un réseau d’entraide et de soutien au sein d’un groupe de personnes constitue un filet social non négligeable pour des individus plus vulnérables.

Déjà, de nombreux actes d’entraide et de solidarité sont observés au sein de la communauté. Allant des arcs-en-ciel aux différents groupes d’entraide en ligne, des sourires lorsqu’on croise des gens dans la rue, à ceux qui s’offrent pour aller faire l’épicerie pour nos ainés, un sentiment de solidarité surgit. Nous sommes tous dans le même bateau et je trouve que ce sentiment de proximité, par une expérience partagée, se fait sentir malgré la distance qui nous sépare tous.

J’ai l’impression que nous n’avons jamais été aussi loin et aussi proche à la fois.

Je pense que c’est ce sentiment de communauté que l’on redécouvre et qui est mis en valeur. On dit souvent qu’il faut un village entier pour élever un enfant, mais cette entraide ne se limite pas à nos enfants. Il faut un village pour élever un village.

Cette crise, dans sa laideur et ses conséquences horribles, m’ouvre les yeux sur cette ressource inestimable qu’est la communauté et qui trop souvent est méconnue. Sans qu’elle enlève de l’importance aux fondations et aux organismes, la communauté me semble inestimable. Ceci est une réflexion que la situation actuelle m’a amené à faire et je la trouve d’une grande importance, crise sanitaire ou non.