Une maison pour la société
La société a tendance à séparer les expériences personnelles des problèmes sociaux à grande échelle.
Une collaboration de Sabrina Marval,
intervenante à la Maison des jeunes La Butte
Au milieu de la pandémie mondiale de COVID-19, cet écart s’est encore creusé. À l’échelle mondiale, ce virus a affecté négativement les relations, les engagements et les structures communautaires qui étaient déjà en difficulté. Cependant, je suis convaincue que le grand public est résilient en ces temps compliqués. Pendant ces moments difficiles, je crois que nous avons encore plus besoin d’un filet social adéquatement financé.
Comme j’ai développé une perspective sociologique et criminelle dans mes études universitaires, je crois fermement au principe de redonner ce que je peux à la communauté, surtout en période de besoin. À cet effet, j’ai la chance de travailler pour la Maison des jeunes La Butte, un organisme qui est, à mon avis, une solution au désarroi post-COVID et qui fait émerger le concept d’imaginaire sociologique – la capacité de relier des choses et des expériences personnelles à des problèmes de société. Ce milieu de vie est essentiel pour mieux établir les relations entre les individus et la société en général.
La Maison des jeunes est un milieu qui permet de comprendre le point de vue des personnes et leurs comportements autour des enjeux sociétaux. Ces jeunes arrivent avec leurs propres antécédents socio-économiques, raciaux, culturels, de genre/sexuels et, à son tour, cet établissement cultive soit ce qu’ils ont déjà, soit ce qui leur manque. Les ressources et les services offerts aident énormément les adolescents avec leurs valeurs, leurs forces, leurs faiblesses et surtout, leur estime de soi. Il faut montrer aux adolescents les bons outils que la société néglige souvent, déforme et oublie. Comment pouvons-nous rejeter la responsabilité d’aider nos générations futures? Ils ont plus que jamais besoin d’un soutien extérieur après ces deux dernières années.
En tant qu’organisme accueillant, la Maison des jeunes propose des activités éducatives, communautaires, culinaires, artistiques, politiques et physiques aux jeunes. Ils peuvent autant utiliser l’espace pour jouer avec leurs amis à des jeux vidéo que profiter de la présence d’adultes de confiance pour discuter dans un climat sécuritaire et sans jugement. De plus, cet endroit travaille en collaboration avec d’autres organismes spécialisés pour des situations et des contextes spécifiques tels que la communauté 2SLGBTQIA+, des services de prévention au suicide, les services de prévention en toxicomanie…
S’entraider en cas de crise est de la plus haute importance. De tels engagements et liens démontrent à quel point la communauté et les organisations locales sont fortes et vitales.
La Maison des jeunes La Butte prend non seulement en considération les besoins et les désirs de l’adolescent, mais va au-delà pour considérer les désirs et les besoins de notre communauté. Par exemple, les employés offrent du bénévolat et participent à des activités planifiées par la Ville, telles que le Skatefest, l’Expo Lego… Au travers de ces opportunités, les jeunes trouvent leur place dans la société et, du même coup, cette société leur fait une place.
Beaucoup aiment avoir un but, qui est un élément essentiel dans l’enseignement de notre future génération. Il faut leur témoigner de l’engagement, du sentiment d’appartenance, de la bienveillance, de l’optimisme, de l’ouverture et du respect, ce que La Butte illustre et amplifie. Après tout, développer une meilleure compréhension de la diversité et cultiver de la tolérance envers les personnes différentes sont essentiels pour notre bien-être personnel et social.
La réalité étant que certains des problèmes de nos adolescents échappent à notre contrôle et sont naturellement prédéterminés par la société, la Maison des jeunes fait un travail incroyable pour atténuer les problèmes par le renforcement positif et en fournissant un espace sûr pour que les adolescents soient eux-mêmes.
S’il faut un village pour élever un enfant, c’est une responsabilité collective de s’assurer que tous les outils et les ressources nécessaires sont accessibles pour l’accueillir, et pour certains adolescents, ce peut être d’avoir un endroit qu’ils considèrent comme une deuxième maison.