Une réouverture bienvenue, mais…  

Restaurants

Le gouvernement du Québec a annoncé la semaine dernière que la réouverture des restaurants du Grand Montréal, incluant ceux de Saint-Bruno-de-Montarville, Saint-Basile-le-Grand et Sainte-Julie, aurait lieu le 22 juin. Une nouvelle encourageante pour les principaux concernés, mais qui apporte aussi bien des obstacles.

Les restaurateurs pourront rouvrir leurs lieux de consommation de repas, incluant les salles à manger et les terrasses. Cependant, ces endroits devront être aménagés afin de favoriser le maintien d’une distance physique de deux mètres entre les clients, à moins qu’il ne s’agisse d’occupants d’une même adresse ou qu’une barrière physique permettant de limiter la contagion ne les sépare. Les clients n’habitant pas à la même adresse doivent être assis à au moins deux mètres les uns des autres. La Direction de la santé publique exige ainsi plusieurs autres mesures de protection à mettre en place avant la réouverture, dont la désinfection des tables, des chaises et des menus entre chaque client.

« Avec ces mesures, on enlève toute la partie festive, tout le plaisir à venir manger au restaurant. » – Daniel Gerardi

Pour les restaurateurs de la région, l’autorisation de rouvrir est une bonne nouvelle. Par contre, l’expérience de la restauration ne sera plus la même s’accordent pour dire certains de ceux que le journal Les Versants a questionnés.

« C’est une belle avancée pour le domaine de la restauration. Nous sommes contents de rouvrir notre salle à manger et de pouvoir accueillir des clients. C’est encourageant, explique Michel Racine, du Bistro Louis XIV. Celui-ci cible plutôt la date du 23 juin pour reprendre les activités, le temps de mettre en place les mesures de protection demandées par la santé publique. « Nous demandons à nos clients de porter le masque et de l’enlever lorsqu’ils seront à table. Il faudra s’adapter. »

Du côté de Daniel Gerardi, propriétaire du iL Martini, il se dit heureux de pouvoir rouvrir les portes de son établissement à la clientèle et de travailler à nouveau parmi les fidèles du restaurant. Par contre, il est mécontent des mesures exigées par le gouvernement, qu’il juge ridicules et trop strictes. « Je t’avoue que cette semaine, je suis stressé par tout ça. Avec ces mesures, on enlève toute la partie festive, tout le plaisir à venir manger au restaurant », plaide Daniel Gerardi. Il se voit mal « jouer à la police » avec les gens à l’accueil afin de savoir si ceux-ci habitent à la même adresse. « Les gens d’affaires se réunissent ici sur l’heure du midi. Ils ne demeurent pas au même endroit; je fais quoi avec eux? La formule proposée ne fonctionne pas », croit-il.

Le propriétaire du Vieux Duluth, Pedro Marques, estime pour sa part que les directives de la santé publique feront en sorte que l’expérience ne sera plus la même pour les clients. « Nous sommes très heureux de la réouverture malgré la distanciation physique presqu’impossible. Une fois toutes les mesures mises en place, ce ne sera pas une belle expérience pour la clientèle. Manger dans un isoloir, comme une visite en prison… Les clients m’appellent; ils ne veulent pas manger dans une boîte en plastique. Personnellement, les règlements du gouvernement ne me donnent pas envie d’aller manger dans un restaurant », déclare Pedro Marques.

Des pertes de revenus

Tous les restaurateurs auxquels le journal a parlé assurent qu’ils perdront des revenus en raison de la baisse du nombre de clients qu’ils pourront servir. Pedro Marques avance que son commerce pourra accueillir 35 % de sa capacité normale en raison des mesures de distanciation sociale. « Je me demande en fait si les clients seront au rendez-vous… Il y a une inquiétude. »

Avant d’ouvrir à nouveau, Michel Racine devra retirer une section complète, afin de laisser un passage aux consommateurs. « Nous essayons d’exploiter le plus possible le restaurant, mais chaque section va diminuer de 40 à 50 %. Une dizaine de clients devraient pouvoir s’assoir au deuxième plancher. Nous cherchons aussi une alternative avec une terrasse devant, afin d’ajouter quelques tables », dit-il.

« Certains restaurants sont déjà condamnés avant même de rouvrir, déplore Daniel Gerardi. Je pense aux petits, avec une cinquantaine de places, qui ne pourront pas accueillir plus de 25 personnes cette fois. Ça va être difficile de survivre; la marge de profits est tellement minuscule en restauration. » Le propriétaire estime qu’il passera de 120 à 50 places, « pas beaucoup plus », en raison de la pandémie. L’ouverture est prévue le 24 juin. « Nous arrêtons les plats pour emporter le 21 juin, à la fête des Pères. Ensuite, nous nettoyons tout comme il faut pendant deux jours et nous ouvrons le 24, pour la Fête nationale du Québec. »

QUESTION AUX LECTEURS :

Craignez-vous ce retour dans les restaurants?