La reine Élisabeth II s’est éteinte

La reine Élisabeth II est décédée le 8 septembre dernier, à l’âge de 96 ans; son règne aura duré 70 années. On en discute avec le docteur (Ph.D.) en Études du religieux contemporain, le Montarvillois Réal Houde.

« Peu de personnes peuvent revendiquer d’avoir été aux premières loges de moments importants de l’histoire récente », exprime d’emblée Réal Houde, à propos de la reine.

La nouvelle de son décès a fait le tour du monde. Les grands leaders de la planète ont réagi, à commencer par la nouvelle première ministre britannique, Liz Truss. Deux jours plus tôt, la reine l’avait assermentée.

Réal Houde souligne que Sa Majesté la reine aura été « au boulot jusqu’au bout. Cela force le respect. Elle est décédée paisiblement ».

Questionné par Les Versants, le Montarvillois réagit au décès de la monarque : « La perte d’un personnage qui exerçait un rôle politique et socioreligieux à haute teneur symbolique depuis tant d’années – comme ce fut le cas avec la reine Élisabeth II – est un événement important dans le monde actuel. »

Réal Houde évoque entre autres son implication personnelle lors de la Deuxième Guerre mondiale; la reine a conduit des camions, elle a aussi exercé la fonction de mécanicienne.

Il rappelle son rôle dans la décolonisation de nombreux pays de l’ancien Empire britannique.

Puis ses rencontres avec des premiers ministres britanniques, canadiens, et des présidents de divers pays. « Elle a connu personnellement Winston Churchill, Agatha Christie, Nelson Mandela et d’autres personnages qui ont marqué les 20e et 21e siècles, note Réal Houde. Peu importe que l’on soit pour ou contre la monarchie, on ne peut que constater l’impact de la fidélité à son engagement de la part d’une personne qui a su traverser les méandres du temps et de la vie politique durant un règne de plus de 70 ans. »

« Peu de personnes peuvent revendiquer d’avoir été aux premières loges de moments importants de l’histoire récente. » – Réal Houde

Quand on lui demande ce que la reine représentait pour lui, le Montarvillois répond qu’il n’est pas monarchiste, comme d’ailleurs plusieurs citoyens au Québec. « Mais je peux reconnaître la valeur de cette personne qui a exercé fidèlement, avec rigueur et résilience, un rôle imposé par d’autres, dans un univers généalogique rigide hérité du passé », ajoute-t-il.

M. Houde indique aussi que la reine parlait souvent le français – une langue qu’elle maîtrisait très bien. « Elle aurait pu donner des leçons à certaines autorités politiques, économiques et autres personnalités sportives qui travaillent au pays et qui n’ont pas daigné apprendre cette langue officielle du Canada. »

La reine Élisabeth II a été monarque du Canada jusqu’à son décès, la semaine dernière. Or, maintenant qu’elle s’est éteinte, nombreux sont ceux qui se demandent si son décès changera quelque chose au Québec et au Canada. « Peu de choses dans un proche avenir, avance Réal Houde. Je ne suis pas certain qu’il y ait actuellement un appétit pour des changements constitutionnels majeurs, même parmi les gens qui souhaiteraient que le Canada s’affranchisse du lien monarchique pour tendre vers l’idéal républicain. »

C’est son fils Charles III qui, à 73 ans, prend la relève. Au lendemain du décès, le fils de la défunte reine a été proclamé roi et s’est adressé à la nation. Il a promis de la servir jusqu’à la fin de ses jours. « La monarchie européenne repose fondamentalement sur les liens généalogiques entre les membres d’un clan familial et politique, sur la préséance du premier-né dans la transmission du pouvoir. Même si plusieurs personnes auraient aimé que Charles laisse le trône à son fils William, cela n’aurait pas été dans l’ordre normal des choses dans cet univers créé dans la nuit des temps », exprime M. Houde.

Avenir de la monarchie?

Enfin, le décès de la reine Élisabeth II, après 70 ans de pouvoir, déstabilise-t-il la monarchie? « Qu’adviendra-t-il de la monarchie? » est une question qui se pose. D’après Réal Houde, certains pays pourraient être tentés par une transformation de la monarchie parlementaire vers un système politique de type républicain. « Un changement de souverain peut-il être un bon moment pour procéder à une modification en profondeur d’un régime politique? Oui, non, peut-être… Cependant, comment prévoir l’avenir dans un monde où tout change à grande vitesse, où l’information circule comme jamais auparavant, où les institutions démocratiques sont attaquées dans des pays que l’on croyait solides comme le roc…? »

QUESTION AUX LECTEURS :

Que représentait la reine Élisabeth II pour vous?